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Ibrahim Maalouf au Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf, le 30 octobre 2014

Publié le 30 octobre 2014 par Concerts-Review

Le billet de JPROCK :

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Ibrahim Maalouf !
Depuis quelque temps le nom du trompettiste franco-libanais est sur toutes les lèvres et sa récente victoire de la musique pour son dernier album « Illusions « a encore augmenté sa cote de popularité auprès d’un public fidèle et connaisseur.
L'homme ne joue pas souvent en Belgique , pas assez à son goût comme il le déclarait hier au Studio  Bozar lors d'une rencontre organisée avant son concert et pendant laquelle était diffusé un court- métrage en hommage à sa musique réalisé par Moussa Sah.
Un documentaire inspiré par la musique d’ Ibrahim Maalouf décrite ici comme une sorte de moyen d’évasion, de thérapie, qui permet de s'évader loin d'une société étouffante dont le carcan est parfois bien lourd à porter.
Malgré qu’il ait eu du retard avec son train et qu’il soit arrivé au Bozar plus tard que prévu cela ne l’a pas empêché d’être d’une disponibilité et d’une gentillesse remarquable avec la presse, les organisateurs et le public.
Bref, un grand Monsieur et un artiste prodigieux qui a littéralement mis le feu à la salle Henri Le Boeuf avec une prestation de haut vol, presque irréelle.
Récit d’un moment de grâce qui a duré près de 135 minutes…

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Il est 20h20 lorsqu’Ibrahim et ses musiciens foulent les planches de la prestigieuse salle Henri Le Boeuf.
Dans un halo de lumière tamisée, Ibrahim est entouré d'un groupe étonnant , dans lequel on retrouve des artistes qui viennent de Bretagne et du monde de la musique celtique, d’autres de la musique klezmer, d’autres encore du jazz et du rock. Et tous se côtoient et se complètent avec bonheur.
En tout sept musiciens : un claviériste, un bassiste , un guitariste, un batteur et un trio de trompettistes pour donner un petit effet big band comme nous le confie Ibrahim avant le show.
Et bien sur le petit génie de la trompette Ibrahim himself !
Né dans une famille chrétienne de musiciens et d’intellectuels libanais Ibrahim passe son enfance entre la France et le Liban alors en guerre, et s’imprègne des deux cultures, arabe et occidentale.
Il fait ses classes en musique classique, apprend la musique arabe avec son père, développe une technique et une culture musicale riche en influences diverses, remporte de nombreux prix, et collabore avec des artistes différents comme Sting, Salif Keita, Amadou et Mariam, Marcel Khalifé, Lhasa De Sela, Matthieu Chédid, Juliette Gréco, Mark Turner, Larry Grenadier, Angel Parra, Vanessa Paradis, Vincent Delerm etc…la liste est longue.
Petit à petit il affirme son propre style et compose aussi pour le cinéma notamment en 2013 la B.O. du film de Jalil Lespert consacré à Yves St Laurent.

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Ce soir Ibrahim débute le show avec les trois premiers titres de son dernier album « IIlusions ", « Conspiracy Generation « et « In Pressi « , puis se lance dans l’interprétation de « Beirut « qu’il a composé alors qu’il avait douze ans et qu’il se baladait pour la première fois seul dans un Beyrouth dévasté par la guerre.

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C’est aussi l’époque où dans son walkman il découvrait le hard rock et Led Zeppelin.
La fusion de ces éléments et de ces impressions ressenties ont donné naissance à ce titre incroyable sorte de longue plainte méditative, de cri déchirant qui se transforme ensuite en fureur aux accents rock bien prononcés.
Un des grands moments du concert !
Tout le long du set, Ibrahim surprend, Ibrahim étonne, Ibrahim nous fait rêver et danser et nous entraîne avec lui dans un voyage musical éblouissant dont on ne ressort pas indemne.
Brassant les genres musicaux les plus étonnants avec bonheur, de la musique arabe au jazz en passant par la fusion et même le hard rock, l'artiste nous livre des moments magiques de puissance et d’émotion. Et lorsque la section de cuivres se mêle à sa trompette tandis que la guitare rugit et la section rythmique assure, on atteint l’orgasme auditif avec délectation.
« True Sorry » est un rêve étonnant et entêtant, juste magnifique à l’oreille.
Mais dans les concerts d’Ibrahim Maalouf la méditation apaisante et l’improvisation sont aussi présentes , presque mystiques, et on se remémore alors la réponse de l’artiste à une question posée par un enfant lors de la rencontre avant le spectacle :
« Pourquoi aimez vous tant la musique ? «
Question simple mais question piège, qui le mit un moment dans l’embarras avant de répondre en souriant : « Car la musique est la seule chose qui restera toujours… «

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Il est 22h40 et tout le Bozar est debout et une immense ovation fait trembler les murs de la salle.
Ibrahim sourit et remercie son public.
Il vient de nous offrir deux rappels somptueux terminant son concert avec le magnifique « Lily, Will soon be a woman » composé pour sa petite fille à qui il souhaite une vie de femme libre et épanouie, et dont il a fait chanter le thème principal en choeur à la foule.
On ne s’étonne pas que le mot « libre « soit un des mots essentiels qui caractérise sa musique car assurément Ibrahim Maalouf se veut un homme libre.
Et en quittant le Bozar je me dis que lorsqu’on a la chance de vivre des moments d’émotion pareils on peut peut être encore croire en une société meilleure et plus juste.
L' évasion Ibrahim, toujours l'évasion...
Merci l’artiste !
Texte et Musique : Jean-Pierre Vanderlinden aka JPROCK


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