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Old friends ("How terribly strange to be seventy").

Publié le 01 novembre 2014 par Petistspavs

En devanture de la librairie (La Manoeuvre, rue de la  Roquette), il y avait deux photos de cet auteur et sur la plus récente, il me semblait bien vieilli. Je me suis demandé si nous étions tous sujet au vieillissement et, assez honnêtement, j'ai répondu positivement. Tous. Tous, mais cette jeune fille souriante croisée tout à l'heure et qui, je ne sais pourquoi, m'a souri ? Était-elle en train de vieillir lorsque, curieusement, elle a souhaité me sourire. Vieillir, sourire, tout serait affaire de "e", peut-être.

Quand je suis rentré chez moi, j'ai tenu la porte ouverte à une femme me semblant très âgée, je l'ai aidée dans l'ascenceur, elle s'arrêtait au quatrième, moi au cinquième et ça m'a troublé qu'elle s'arrête avant moi, comme si... Et puis, ça m'a troublé cette idée de ne l'avoir jamais vue, jamais remarquée, à un étage sous celui que j'occupe. Est-ce que vieillir rend transparent, moins visible au mieux ? La vieillesse est-elle une forteresse intérieure. Une représentation mentale de la solitude ?

J'ai eu hâte de rentrer chez moi, de m'assoir devant l'ordinateur et d'écrire à ce propos. C'était un sentiment d'urgence.

Peut-être n'ai-je jamais accepté que la jeunesse ou la maturité m'abandonne. J'ai écrit à quelqu'un aujourd'hui, ou hier ? que la cinquantaine, c'était vraiment bien, on est en forme, on a un avenir qui ressemble à un avenir. Ce genre de choses un peu connes. L'autre fois, D. me disait "Oui, mais j'ai déjà 23 ans". Elle a eu 23 ans en juillet et elle se voit des marques et des rides sur le visage, peu perceptibles. Elle atteint à peine l'âge adulte et la question du vieillissement l'interroge. Et va la poursuivre jusqu'à la conscience, dans plusieurs dizaines d'années, d'avoir été dérobée au monde intelligible pour elle, au monde dans lequel elle rayonne de beauté et d'énergie.

Hier, je me suis blessé, bêtement, à la main gauche, en faisant la cuisine. Aujourd'hui, une lancinante douleur me rappelle à quel point je ne suis pas parfait, mais ne m'empêche pas d'écrire. Disons qu'écrire me fait mal à la gauche, c'est tout et nous sommes si nombreux à avoir mal à la gauche, qu'il faut relativiser.

L'autre fois, je regardais sur Arte un documentaire parfaitement construit sur deux tribus amazoniennes qui vivent dans un autre temps que le nôtre. J'ai été ébahi par la douceur de ces femmes et de ces hommes, ainsi que des enfants qui vivent dans un monde parallèle au nôtre, mais évidemment menacé par notre civilisation. J'avoue avoir été frappé jusqu'à l'émotion par la simplicité des relations nouées au sein de ces communautés. Autre chose m'a frappé : la quasi-absence de vieux. Oui, dans ces paradis préservés, l'espérance de vie est faible. Et je me suis interrogé. Je me demande encore si le prix à payer pour ce privilège de connaître une vieillesse parfois heureuse, parfois terrible, n'est pas un peu élevé.

Le capitalisme, à l'image du communisme, est une escroquerie durable. Non ?

Old friends + Bookends, une des plus belles choses enregistrées quand je ne me posais pas ces questions. Paul Simon et Art Garfunkel. 1969, je crois.

 Oui, je sais, Simon and Garfunkel étaient pédés. J'imagine qu'ils s'enfilaient entre deux prises. Et alors ? Il y a des cons coincés que ça gêne ?

"Long ago, it must be, I have a photograph
Preserve your memories, they're all that's left you"
Paul Simon


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