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Le Grand Journal (sans) la suite

Publié le 03 novembre 2014 par Jotbou

Tandis que la période de la rentrée est le plus souvent riche en articles qui tentent dès les premières secondes de dresser des bilans avant gardistes du devenir des nouvelles émissions ou bien encore des nouvelles versions mises à l’antenne, il est parfois bon de prendre le temps et de venir piocher une émission au hasard des diffusions afin de se forger son propre jugement et c’est justement ce que j’ai fait  ce jour.

J’ai donc regardé la seconde partie du Grand Journal du 31 octobre dernier avec comme invité principal l’acteur américain et oscarisé Matthew McConaughey puis la présence à l’occasion des 30 ans de Canal + de Kyan Khojandi. Jusque là, que reprocher à l’émission, le casting présent en plateau est haut de gamme, intéressant.

Néanmoins, la formule va très rapidement toucher des limites qu’elle semble elle-même se fixer. On tombe dans une fausse interview, un boulevard à promotion lardé par un storytelling fatiguant qui fait que chaque situation vécue par tout artiste présent en plateau résulte quasiment d’un alignement planétaire exceptionnel. Oui, Matthew McConaughey vient défendre un film, Interstellar, mais est-il nécessaire de continuer à creuser le sillon des questionnements que nécessaire il a du avoir dans sa vie d’homme au sujet des voyages dans le futur ? Non, car aux questions creuses succèdent des réponses tout aussi creuses.

Antoine De Caunes, qui avait pourtant manifesté son envie d’en finir avec les tunnels de promotion sans aspérités, s’est fendu d’un obligeant : « On a vu le film tous ensemble, toute l’équipe et comment dire, on a été légèrement décoiffé. C’est une fresque gigantesque, extrêmement riche, spectaculaire, comme souvent les films de Christopher Nolan. » au sortir de la bande annonce du film. Chocking isn’t it?

Il en va de même pour les interventions de la chroniqueuse culturelle Mathilde Serrell, de la biographie proposée en magnéto, de la playlist d’une actrice (en promotion), etc. Tout ceci est une logorrhée insipide. Quant à la patte De Caunes, celle de la déconne, du happening made in Canal + vintage elle ne paraît pas totalement en adéquation à la fois avec un format d’émission cadenassé mais aussi avec des invités qui ne semblent pas spécialement vouloir jouer le jeu. Le cours de chique restera sans doute classé davantage comme un moment gênant plutôt que comme un moment télévisé magique.

Néanmoins, tout n’est pas perdu pour cette émission qui dispose d’un certains nombre d’atouts dont ses concurrents ne disposent pas toujours. Le Grand Journal est une arène fabriquée pour le show, le plateau est certainement l’un des plus modernes de la télévision, les moyens se voient à l’image, un soin tout particulier est apporté à la mise en images (synthés à l’écran, qualité graphique des magnétos, etc.), le plateau d’invités est très haut de gamme, capable de produire du spectacle, l’animateur est taillé pour mener un show bien différent de celui proposé à l’heure actuelle.

Néanmoins, tout reste très convenu. L’imprévu a déserté les lieux, le faux pas est redouté alors qu’avant il était espéré. L’industrie (au sens propre du terme) a pris le dessus sur l’industrie du spectacle a proprement parlé. Un contraste est tout à fait saisissant lorsque l’on regarde désormais « Le Grand Journal« , un plateau accueillant, un enrobage qui donne envie de s’inviter au spectacle au côté des protagonistes mais un fond, un contenu qui témoigne avant tout d’une peur d’être là, comme si faire de la télévision était devenu un risque au détriment d’un plaisir. Terriblement dommage.

Antoine De Caunes Canal + Le Grand Journal Réflexion 2014-11-03 jotbou

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