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La France pourrait extrader un binational accusé de torture sous la Dictature [Actu]

Publié le 15 novembre 2014 par Jyj9icx6
Le Conseil constitutionnel de la République française vient d'autoriser en dernière instance l'extradition en Argentine d'un citoyen français, né dans ce pays et soupçonné d'y avoir pratiqué la torture lorsqu'il exerçait des fonctions policières dans le gouvernement anticonstitutionnel de 1976-1983, communément baptisé Junte militaire.
Voilà deux ans que Mario Alfredo Sandoval, qui s'est réfugié en France après le retour de la démocratie dans son pays et qui a été naturalisé français en 1996, sous le septennat de Jacques Chirac, est sous mandat d'arrestation Interpol. Comme c'est son droit le plus strict, il a fait jouer tous les ressorts de la procédure française pour échapper à l'extradition, la dernière tactique étant de s'abriter derrière la règle qui veut que la France n'extrade jamais ses propres ressortissants. Mais les Sages ont considéré que les faits dont doit répondre Sandoval devant la justice argentine sont antérieurs à sa naturalisation et que par conséquent sa qualité de citoyen français ne saurait être opposée au pays qui le réclame (et où il ne risque pas la peine de mort, qui n'y est plus en vigueur).
Seul maintenant le gouvernement français peut ordonner et faire exécuter cette décision. Ceci dit, on voit mal Laurent Fabius, Christiane Taubira ou François Hollande s'y opposer. Pendant la Dictature, Sandoval est soupçonné d'avoir appartenu, avec le surnom de Churrasco (Côtelette ou Barbecue), à un groupe de barbouzes qui œuvraient entre les murs de l'ex-ESMA, l'école de mécanique de la Marine qui s'était transformée en centre de détention et de torture clandestin en plein Palermo, à Buenos Aires. Le nommé Churrasco, qui a été identifié comme étant Sandoval par des témoins, a laissé à ses victimes le souvenir d'un homme intellectuellement mal préparé à cette sale besogne. Il dénotait parmi ces officiers sans foi ni loi.
A Paris, Sandoval a entamé une carrière de consultant dans le domaine de la défense. Selon Página/12, il aurait même eu ses entrées au Ministère de la Défense sous la présidence de Sarkozy !
Seul de tous les grands quotidiens nationaux argentins, Página/12 se fait ce matin l'écho de cette décision d'hier à Paris. En français, on trouve sur le Web une dépêche Reuters datée d'hier soir.
Mes recherches m'ont permis de retrouver un article du 15 mars 2012 dans Página/12, qui a pris dès le début fait et cause pour les parties civiles et attaque violemment la présidence Sarlozy, un article de L'Express du 6 juin 2014 lorsque Sandoval a fait appel de la décision d'extradition et un peu plus tôt encore, un communiqué de l'ACAT France, du 22 avril 2014, qui se solidarisait avec les parties civiles.

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