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Evaluation par compétence, supprimons les notes (et fermons les yeux)

Publié le 19 novembre 2014 par Soseducation

À l’occasion d’une visite du ministre de l’Éducation nationale et dans la perspective d’une prochaine réforme de l’évaluation, un exemple frappant de suppression des notes au collège vient de nous être donné dans un grand journal progressiste1. La journaliste, adepte émerveillée des nouvelles pédagogies (comme d’ailleurs des nouvelles technologies), nous présente en effet un petit collège rural du Gers qui expérimente ce que l’on appelle l’évaluation par compétences : « Les notes ont disparu ! Révolutionnaire et… efficace. »

La meilleure façon de se convaincre de cette efficacité est sans doute de lire la copie d’élève de quatrième qui est ainsi donnée en modèle. Il est vrai que c’est un cas d’école.

Le document d’origine n’est malheureusement pas fourni.

Comme on le voit ci-dessous : l’élève est évalué à travers deux grandes compétences (« Je sais expliquer dans un paragraphe rédigé » et « Je sais rédiger un texte en français correct »), elles-mêmes subdivisées en sous-compétences bien précises, sanctionnées (ou auto-évaluées) par des points verts ou rouges, moins stigmatisants – paraît-il – que des chiffres.

Copie d'un élève de 4e

Premier sujet d’émerveillement dans cette évaluation positive et bienveillante : les grandes compétences sont elles-mêmes évaluées par des points de couleur rouge ou verte. Là où la notation traditionnelle donnerait une note précise, l’évaluation par compétence fournit une évaluation d’ensemble bien moins lisible et beaucoup plus confuse pour l’élève. Ainsi, malgré ses défaillances criantes en orthographe lexicale et grammaticale (l’élève ne sait pas recopier correctement de nombreux mots du document d’origine, dont le mot « esclave » pourtant au cœur même du document et dans le titre de l’exercice), malgré sa graphie bien trop irrégulière pour un élève de treize ans ou plus (le professeur est même incapable de reconnaître « saisirent » devenu « s’ésirent »), cette copie de quatrième est considérée comme rédigée « en français correct » !

Alors, comment expliquer ce miracle de la pédagogie moderne ?

Il suffit, à cet effet, de choisir soigneusement les items, de les multiplier et de les mettre à égalité. Certaines compétences, pourtant bien plus importantes que d’autres, se trouvent ainsi horizontalisées, minorées : la « concordance des temps » (dont on se demande bien le sens dans un tel exercice) vaut bien autant que « l’orthographe ». Les items eux-mêmes laissent perplexes : ainsi « faire des phrases courtes » est considéré comme une compétence de rédaction en « français correct » : l’inverse serait pourtant attendu ! Et, naturellement, on observe ensuite que les « phrases courtes » sont « bien construites » : le contraire eût été étonnant.

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