Magazine Cuisine

Grappillages 2014 (10)

Par Mauss

Paris retrouve ses chalets "marchands du temple"; les vignerons ne savent plus à quel saint se vouer pour présenter leurs vins lors de déjeuners de presse, de salon type "Grand Tasting", de manifestations en Asie ou USA; les futurs vins glougloutent joyeusement dans des caves intemporelles; … et on attend les premières neiges.

Les fins d'années ont ceci d'étrange qu'elle connaissent des effervescences particulières où se marient bizarrement des moments de grande tranquillité et de tourbillons pas toujours raisonnables.

UN RESTAURANT

Excellent déjeuner hier à Flagey Echézeaux au restaurant SIMON (ICI) invité par Sylvain Pitiot qui me présente le nouveau directeur du Clos de Tart (à partir de janvier) , Jacques Devauges, actuel directeur technique du Clos de l'Arlot (propriété d'Axa Millésimes). Un bourguignon de souche, quasi jeunot, auquel on souhaite une réussite dans le droite lignée de son prédécesseur.

Ce restaurant SIMON fait un peu partie de quelques adresses soigneusement cachées de cette Bourgogne gourmande, tant les habitudes des touristes de passage sont de rester sur la rive droite de la route Dijon-Beaune. Mais où trouver ailleurs un très bon menu du jour à moins de € 20 et une carte des vins où les crus les plus rares de la Bourgogne sont solidement présents ? La patronne, qui fait la bise à ses clients habituels sans oublier de leur demander combien de temps ils peuvent consacrer à leur déjeuner (ça, c'est vraiment un truc très bien qui me plaît), gère son mari en cuisine comme sa salle : c'est à dire d'une main ferme et avec moult compétence :-)

Face à mon inquiétude de voir Sylvain Pitiot s'égarer dans une retraite certes méritée mais totalement hors de propos, il me rassure en évoquant quelque projet de haute voltige… qui fera l'objet d'un séminaire à la prochaine édition du Symposium à Villa d'Este (VDEWS). Comme on dit : c'est du lourd !

Excellent contact avec Jacques Devauges : il y a en Bourgogne une jeune génération de vignerons pour lesquels la recherche de la qualité reste l'objectif premier, quitte à rogner sur une rentabilité immédiate plus facile. 

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Christian Seely (Axa Millésimes) et Jacques Devauges devant les fameux volets bleus du Clos de l'Arlot (©site)

MUSIQUE

Grosse frustration car j'ai manqué, toujours en Bourgogne, l'enregistrement d'une émission de France Musique, qui passera le 6 décembre (ABM nous dira l'heure). C'était le Domaine de la Romanée-Conti qui offrait ses locaux historiques à Aldo Ciccolini (ICI) évoquant bien des souvenirs, et montrant aux rares personnes invitées à cet enregistrement une capacité phénoménale, à son âge, à lire la musique comme nous l'écriture et surtout à retenir ce qu'il "entendait". Jean-Charles Cuvelier - qui me narrait ce moment unique auquel assistait aussi Sylvain Pitiot - en était stupéfait. Le journaliste de France Musique (j'ai oublié son nom) avait en sus cette qualité rare de ne pas brusquer ses invités, donnant à ce moment hors du temps une réelle émotion qu'on devrait ressentir un peu lors de la retransmission de cette émission le 6 décembre.

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Aldo Ciccolini, né à Naples en le 15 août 1925, naturalisé français

J'ai préféré mettre cette photo (merci Wikipedia) tellement "italienne" par la tenue, le regard et une certaine sérénité rappelant une époque formidable de la musique classique. Jean-Charles Cuvelier me disait qu'au moment où on l'aide à s'assoir au piano, à près de 90 ans, il se passe quelque chose où "le temps suspend son vol". Je m'en veux d'avoir manqué ce moment :-(

L'EDITION 2014 DU VILLA D'ESTE WINE SYMPOSIUM

A priori, on n'a pas fait trop de bourde si ce n'est que je n'ai pas eu le contrôle temporel nécessaire sur mes trois zozos du dernier séminaire (Nicolas Dautricourt, Stéphane Derenoncourt et René Millet) qui se sont octroyés 30 bonnes minutes supplémentaires pour évoquer les 4 saisons par la musique, le vin, et la peinture. Ils seront punis, que cela soit clair !

Comme l'an dernier, à côté des rapports en anglais de Subhash Arora (Inde), nos avons la chance rare d'avoir un amateur sachant écrire bien mieux qu'une ribambelle de journalistes soit-disant professionnels, et dont les notes sont publiées sur le site LAPASSIONDUVIN (LPV) : ICI .

J'apprécie beaucoup qu'il ait repris les commentaires que Michel Bettane a écrit spécifiquement pour cette dégustation unique des Romanée-Conti et Montrachet, donnant ainsi à ses propres notes, un cadre de réflexions allant bien au-delà de simples instantanées. 

Il y a déjà 9 pages où alternent les textes d'Olivier et des commentaires de lecteurs dont le chiffre global dépasse déjà les 14.000. Il a de l'audience ce grand gamin ! :-)

Je n'aurai surtout pas l'outrecuidance de commenter les dégustations comme le fait donc si bien Olivier Didon (OLIV pour les intimes) mais j'aborderai dans un futur billet la question de savoir si oui ou non, en fonction des nationalités, on écrit la critique du vin avec des règles parfois différentes… comme le souligne Willi Klinger suite aux commentaires d'Oliv sur les crus autrichiens de jeunes producteurs présents à cette édition.

LECTURE

Une nouvelle revue "vin", qui porte le nom de "LE MAGAZINE DU VIN" reprenant furieusement la présentation de la RVF publie son numéro 1.

Depuis des lustres, sans trop savoir pourquoi, j'achète systématiquement les n° 1 de la presse française. Comme là, il s'agit de vin, raison de plus ! C'est quand même € 6,80.

Si la présentation fait sacrément vieillotte, au moins la lecture des commentaires intègre une poésie digne de nos rédactions de troisième dans les années 60. 

Pourquoi mettre sur la couverture la mention "Exclusif et indépendant" ? Exclusif en quoi ? Indépendant : ce qui voudrait dire que les autres ne le sont pas ? Tss…

Quand on achète le même jour le dernier n° de la RVF à € 6,20 (au demeurant une belle présentation des grands domaines bourguignons en blanc), on se dit clairement qu'il n'y a pas photo ! A la limite, les comparer, c'est quasi insultant ! Un gouffre entre ces deux publications ! Vraiment bizarre cette initiative qui me semble totalement à côté de la plaque ! Comment séduire de nouveaux lecteurs avec une telle présentation à un moment où l'amateur va bien plus vite sur le WEB gratuit que sur son portefeuille pour en sortir plus de € 6 !

Sans remettre en cause les qualités éventuelles des rédacteurs que nous ne connaissons point, on peut monter colère devant le titre unique de cette nouveauté qui, tranquillement, sans aucun humour de deuxième rang, veut nous asséner "Le classement 2015 des meilleurs vins de France". Bigre ! Rien que ça !

Quand bien même on peut s'accorder sur les trois conditions posées pour être éventuellement élu dans ces 100 "meilleurs" vins de France, on reste coi devant ce méli-mélo qui n'a franchement ni queue ni tête. C'est du vrai n'importe quoi !

Non pas que les vins listés ne méritent pas de figurer parmi les beautés vineuses de notre Gaule nationale, mais de là à n'y voir aucun cru rouge de Bourgogne dans les dix premiers, c'est de facto, reléguer aux oubliettes ce magma de noms qu'en aucun cas on ne devrait hiérarchiser de la sorte.

J'attends toujours des pros qu'ils changent un peu des habitudes ancestrales et nous proposent des choix cohérents basés sur des styles de vin, sur des expressions de terroir ou de cépages.

Bon : le Clos des Fées est présent alors que je n'arrive pas à y trouver ni Margaux, ni Latour, ni Lafite (probablement à cause du prix) ni Marionnet, ni Burgaud, ni Belluard, ni Bouland, ni Mortet, ni Borgeot… ce qui me chagrinerait un max si je devais donner de l'importance à ce travail financé par un éditeur qui ne doit pas être futte-futte en matière d'oenophilie.

Pas grave


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