Sutton Hoo

Je continue les balades du samedi dans la compagne anglaise, et plus particulièrement dans mon coin paumé, l’East Anglia. Dans la joie, je vous amène au cimetière, mais pas n’importe lequel, celui de Sutton Hoo. On franchit encore une fois la frontière du comté pour aller dans le Suffolk, terre de contraste à faire passer la Belgique de mes copines Fedora et Carrie pour un parcours himalayen. Le Suffolk, c’est très joli, mais assez plat, surtout à l’est du comté, au bord de la mer du Nord. Ça n’a pas empêché les Saxons de s’y installer. L’East Anglia était le royaume des anglo-saxons de l’est, je précise pour tous les esprits mal tournés qui voudraient faire de l’humour sur le nom de mon comté, l’Essex contraction de East Saxon bien sûr. Mais revenons à nos charmants petits anglo-saxons, non seulement ils vivaient là, mais en plus, ils n’hésitaient pas à y mourrir, et donc à s’y faire enterrer. Ce qui fait le bonheur d’archéologues agités de la truelle quand ils se retrouvent nez à nez avec un cimetière saxon, comme à Sutton Hoo.

Sur la photo, on dirait bêtement une excroissance disgracieuse au milieu d’un champ, mais pas du tout! Ce n’est que la partie la plus visible du cimetière datant du 6ieme et 7ieme siècle, et s’étendant sur une centaine d’hectares. Il comprend plus de 20 tumulus (tumuli?) comme ça et une multitude de sites de crémations. Le tas là, au milieu, c’est le tombeau d’un roi saxon, probablement Raedwald. Certes, c’est moins impressionant qu’une pyramide, mais l’ensemble du site est charmant quand même.

Le cimetière a été découvert en 1937, et de nouvelles fouilles ont eu lieu dans les années soixante. Ce tombeau royal est d’une importance capitale parce qu’il était intact, et donc on a pu retrouvé tout le trésor enfoui avec le roi saxon pour qu’il s’occupe un peu après sa mort. Un défunt Saxon, c’est comme un bébé dans son parc, ça a besoin de s’amuser. Ce serait ballot de passer l’éternité à s’ennuyer bêtement parce que ses descendants ont oublié de mettre des jouets quand même!

Les saxons importants comme les viking étaient enterrés dans des bateaux construits exprès, (ils pouvaient aussi être incinéré) et qu’on remplissait de tout un tas de gadgets indispensables pour l’au-delà. Des bijoux, de la vaisselle précieuse (on ne va quand même pas prendre ses repas dans une bête écuelle en terre cuite quand on est un mort à la mode!), des objets exotiques venant de lointaines contrées (on a retrouvé des objets précieux venant de Grèce, de Crête, de Syrie et même de Numidie). Comme les saxons étaient de vrais petits pacifistes, rien ne les amusaient plus que jouer avec leurs armes.

Les casques retrouvés à Sutton sont exceptionnels. Il en existe ailleurs (notamment en Suède) mais aucun de la qualité de ceux de Sutton apparement. Ils étaient placés probablement sur la tête du défunt (vous allez me dire, c’est plus logique que sur les pieds, ça ne fait pas très chaussettes), puisque les archéologues ont retrouvé aussi des traces de textiles, une empreinte de corps et des bijoux remarquables, au niveaux e la poitrine, des poignets et des boucles de ceinturon.

Les saxons étaient donc enterrés avec leurs armes, épées et lances et leur bouclier (on n’a bien sûr retrouvé que les parties en métal. Le cercle de bois est une reconstitution). Dans le petit musée sur le site, la tombe royale a été reconstituée, mais aussi le chantier de fouilles des années 30 et les adultes enfants peuvent jouer à Indiana Jones au milieu, c’est très amusant.

Le musée et le site sont gérés par le National trust qui organise des visites des buttes funéraires les mieux conservées aussi. Dit comme ça, c’est quelque peut gore, mais pas du tout, c’est très bien fait, et surtout très bien expliqué aux enfants. Quand on a un apprenti archéologue a la maison, c’est parfait!.

Les photos sont de mon papa, sauf celle là qui vient de kidsbritania.co.uk.
Comme je sens bien que je me suis emmêlée avec l’histoire du bateau d’enterrement, je vous mets l’illustration d’époque pour finir (des fouilles de 1937, pas des funérailles saxonnes, j’imagine que les paparazzi n’étaient pas les bienvenus!)