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Il est venu.. le temps des adieux !

Par Asmaa @frip0uille

Il tonnait, il grondait. Le plancher tremblait jusque dans mon esprit. On ne voyait plus le fleuve à travers l’épais rideau de gouttes d’eau. Les jours de pluie, je me transforme en une caisse de résonance pour les tempêtes, un amplificateur de déluges, un écran aux déchirures du ciel.

Ce matin, je me suis réveillée parce que dans mon cauchemar, la pluie violente donnait de grands coups sur le toit d’acier. Quelle fût ma surprise quand j’aperçus une lueur intense provenant de l’extérieur. Nul doute, Helios, le soleil avait sorti le grand jeu et Oneiros, le Dieu du rêve voulait se faire pardonner.

C’était une merveilleuse journée qui s’annonçait. Une nature parfaite, un paysage ensoleillé, un ciel bleu éclatant, pas un seul nuage à l’horizon. Une seule pensée s’installa dans mon esprit: c’est l’heure ! J’avais attendu le bon endroit, le bon moment et il était enfin venu. Il était grand temps pour moi de dire au revoir. C’était comme je l’avais imaginé, un paysage paisible avec rien d’autre à perte de vue que la nature verdoyante, une matinée généreusement ensoleillée, une feuille blanche et un stylo à plume pour écrire, une théière de thé à la menthe, de l’air dans mes poumons et mon inspiration basée sur mon vécu. Je voulais, j’exigeais l’excellence pour mon ultime adieu à cet être idéal.

Il n’est jamais facile de dire adieu. Quand nos invités partent, quand vous quittez certains membres de votre famille après une visite, le moment du départ a toujours quelque chose de triste. Au-delà des mots, dire adieu à un être cher décédé, à des noces terminées ou aux lieux et aux gens que vous aimez fait toujours mal. Pourtant, avant de pouvoir aller de l’avant. Avant d’entamer un nouveau chapitre, vous devez fermer celui qui appartient au passé. Non pas que vous devriez oublier la personne ou les souvenirs, pas plus que vous devez renier les amis qui vous quittent pour rentrer chez-eux après un repas. Quand vous faites vos adieux, vous reconnaissez que désormais, vous ne partagerez plus votre vie avec une personne, un lieu, une partie de votre existence. La libération d’un morceau de votre vie qui restera dans votre mémoire, mais sans lequel vous devrez dorénavant vivre, c’est un acte d’amour. Il est tout aussi capital de dire adieu aux lieux et aux utopies perdues. Dire adieu aux gens que vous quittez momentanément importe peu. En revanche, il est crucial de dire adieu à ceux que vous ne reverrez plus jamais en cette vie.

La maladie est venue et a vaincu. Ton départ était si secret, si furtif, tellement inattendu que je n’ai même pas eu l’occasion de te dire adieu. Je profite donc de cette lettre pour te dire qu’en onze ans je suis passée par ce que j’appelle « les étapes de notre peine : le déni, la colère, la dépression. » Aujourd’hui, j’ai fini par accepter ton absence. Je fais enfin mon deuil et entame l’ultime étape de ma peine : l’acceptation. Je garde en mémoire les plus beaux souvenirs et te réserve la plus solennelle, la plus auguste, la plus grandiose des places dans mon coeur. Tu resteras à jamais, mon cadeau du ciel.

Ainsi donc, s’achève ma lettre. J’ai toujours été réticente aux adieux, c’est pourquoi, je me contenterai d’un simple « au revoir ».


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