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Une semaine, un disque | Etienne Daho – Diskönoir Live

Publié le 02 décembre 2014 par Generationnelles @generationnelle

Diskönoir Live : Un concert en disque ou un disque en forme de concert! Avec Etienne Daho, ce n’est jamais trop loin. 

Il paraît qu’il ne faut pas juger à la pochette..il paraît ! En voilà un qui est devenu plus sage ! Après le « scandale » topless de son album studio « les chansons de l’innocence retrouvée », c’est mine sévère et mains serrées que l’on retrouve la pop idole. Mais tout cela mérite d’être contextualisé. Le comptoir est élimé mais semble chaleureux, la fenêtre est étroite mais  loin d’être une prison. Cet endroit c’est la French House de Londres. A côté de cet Edward Hooper en noir et blanc, on devine un masque fantomatique, des inscriptions vagues et surtout une impression très différente des albums-live du chanteur. Un homme en proie à ses états d’âmes? Non, un musicien avant le combat. Et le combat ça donne quoi?

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Dans les oreilles : Ecouter un live, c’est toujours un peu conceptuel. Soit on a déjà vu le concert, soit non. L’avantage d’Etienne Daho c’est que ses « lives » ont souvent double fonction : renaissance d’instants- live inscrits au fond des mémoires et aussi un best-of bien entraînant. Qui dit live dit foule. Qui dit foule dit bruit de fond. Et celui-ci est bien fort pour le « Satori thème ». Peu de BO dans la carrière d’Etienne Daho, mais une rengaine bien entêtante pour introduire son album culte « Pop Satori ». Le titre de l’ album qui a fêté ses 25 ans sonne totalement jeune, bien rock, avec des harmonies  et des choeurs  langoureux. Et c’est sa voix rauque qui commence la lente invasion des ouïes dans « Des attractions désastre ». Un organe toujours rauque parfois sauvage, parfait pour les envies polissonnes de la chanson. L’atmosphère est toujours suave mais devient un peu lourde dans « L’homme qui marche ». Slam pour un stand-up qui sied à merveille à l’éternel jeune homme. Puisque la luxure est à l’ordre du jour, « Saudade » est de mise. Cette fois un peu haletant pour cette chanson devenue culte, le chanteur donne de sa personne physiquement et vocalement.

Et surtout le ténébreux parle peu mais bien. Notamment pour introduire « En Surface » écrite par Dominique A sur laquelle plane son copain, le génial Jacno. En Surface, c’est du total Dominique A, au point qu’on croit parfois entendre le timbre de l’écrivain et on peut alors comprendre comment ce verbe s’harmonise avec l’univers coquet de Daho. Dans cette mélodie, ça tourne, ça tourne  comme sur le design de l’album. Pour faire retomber un peu la gravité du moins dans le son, c’est « le Grand Sommeil » fétiche que le chanteur agite, remède parfait à la morosité, et le calme fait onduler le corps en concert et osciller la tête en appartement. D’ailleurs en parlant de bande-originale, « Soleil de Minuit », plutôt inédit, en est un superbe exemple d’abord parce qu’il est descriptif à souhait et puis parce qu’elle a accompagné les images d’Olivier Assayas et son film Désordre. Ah, on comprend mieux la noirceur du morceau qui peut aussi faire dodeliner de la tête avec le clavier fou. Mais il n’y a pas que du sentiment dans les chansons de Daho, il y a aussi de l’énergie et de la réinstrumentalisation. L’invitation en est le parfait exemple. Très rock dans sa version originale qui lui avait valu la victoire de la musique rock, le morceau oublie les arabesques hispaniques pour du rock pur, limite industriel. Ça tourne, ça sautille, ça se dandine du côté Daho comme de auditoire. Et comme le mode nostalgie est enclenché, le musicien sait déjà que la suite sera du gâteau. « Des Heures Hindoues » à « L’Adorer », le mythique sonne au tympan. Et pour pimenter un peu le tout, « Tombé pour la France » et « Sortir Ce Soir » reprennent des couleurs pop avec plus de guitares et de rythme, un petit lifting sur des tubes des années 80 ça ne peut jamais faire de mal. Donner un coup de neuf c’est assez simple mais jouer deux rôles, c’est autre chose. C’est pourtant pari tenu dans « Comme Un Boomerang » où le chanteur s’occupe de sa partie et de celle de Dani. Après un bel hommage à Gainsbourg, l’artiste revient à une confidence susurrée aux oreilles de tous dans l’émouvant « Le Premier Jour du Reste de ta Vie ». Chez Daho, émotion rime avec sensation et passé . C’est presque naturel de danser sur « Epaule Tatoo » et de finir dans un moment intimiste plus récent « la peau dure » simple et tellement efficace.

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Est-ce fini? Avec l’ami Daho, ce n’est jamais vraiment fini. En guise de rappels, voilà un disque 2 pour ses … vrais retours et pas des moindres. « Ouverture » poétique, lente et superbe chasse d’un revers de main les sceptiques  puis c’est la fête avec « les chansons de l’innocence (Diskönoir) » un brin métamorphosées en véritable tube sous boule à facettes. Enfin sonne le glas avec le tonitruant « Bleu comme toi ». Et comme l’artiste aime bien s’entourer de copains, en bonus, il nous livre 3 beaux duos inédits : la ville – avec Lescop, meilleur successeur sur un de leurs mentors communs  le grand et beau Daniel Darc, intimiste et anglophone -« les lueurs matinales »- interprétée de façon diablement élégante avec le sautillant François Marry des Frànçois and the Atlas Mountains et surtout avec celui que le maître avait cité un peu plus haut : Dominique A avec leur titre « En Surface », pop limite symphonique. C’est disco, souvent noir mais toujours un plaisir.

Photos : Anaïs Callens


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