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La Bohème à l’Opéra Bastille

Publié le 05 décembre 2014 par Nicolas Bourry @nicolasjarsky
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Attention chef d’oeuvre : La Bohème de Puccini. C’était hier, sur la scène de l’Opéra Bastille à Paris. Nous y étions.

La Bohème est un des ouvrages incontournables du répertoire lyrique. Il retrace la vie de bohème de Rodolfo et Mimi dans le Paris des années 1830, une vie d’artistes au fond d’une mansarde parisienne pendant un rude hiver, une passion brûlante mais qui finira mal.

L’intérêt de l’oeuvre repose pour nous sur deux piliers. D’un côté la dimension référence. La Bohème c’est une oeuvre célébrissime. Ses thèmes universels, ses airs connus dans le monde entier et l’exaltation des sentiments et des passions par le chant, en font un opéra absolument incontournable pour comprendre le grand répertoire lyrique. Ensuite, La Bohème est aussi passionnante pour la description que Puccini fait du Paris du XIXème siècle avec ses artistes, ses bistrots, ses habitants… Véritable tableau, il donne à voir un Paris aujourd’hui idéalisé.

Giacomo Puccini est une machine à succès : Turandot, Tosca, Madame Butterfly… Né en 1858 à Lucques, petite ville de Toscane, il est considéré comme un des représentant du vérisme, mouvement lié au naturalisme en littérature et qui tend à décrire la monde contemporain avec réalisme et précision notamment dans les relations sociales. Mais résumer Puccini au vérisme serait réducteur tant son écriture musicale est riche, ronde et puissante.

Sur le plateau de l’Opéra Bastille, dans une mise en scène du réalisateur anglais Jonathan Miller, on découvre dans le rôle de la fragile Mimi, la belle Ana Maria Martinez, soprano d’origine porto-ricaine, diplômée de la Juilliard School qui traverse en ce moment une grande période Puccini puisqu’elle enchaînera la saison avec Madame Butterfly et retrouva La Bohème à Dallas. Pour l’accompagner dans le rôle de Rodolfo, nous avons pu entendre Abdellah Lasri, jeune ténor d’origine marocaine ayant été dans la même promotion que Julie Fuchs au Conservatoire de Paris. Et pour accompagner les chanteurs dans leur interprétation des grands « tubes » de cette oeuvre, dans la fosse avec l’orchestre, le chef britannique Mark Elder, directeur musical du Hallé Orchestra de Manchester, plus vieil orchestre professionnel du Royaume-Uni.

Et le rendu?

L’ orchestre est très bon comme à son habitude. La direction de Mark Elder est très souple avec des mouvements simples et doux qui enrobent sans éxagérer ni en faire trop.

Sans faute pour les voix masculines et surtout pour Abdellah Lasri qui, en Rodolfo, est très bon, assuré, très présent et qui semble prendre plaisir. Tassis Christoyannis dans le rôle de Marcello, Ante Jerkunica dans celui de Colline et Simone Del Savio en Schaunard sont sincères, francs, et partagent avec Abdellah Lasri une certaine convivialité très appréciable. On reste un peu sur notre fin concernant Mimi. Ana Maria Martinez est très juste mais sans de réelle habitation du rôle. À titre personnel on n’apprécie que très peu l’interprétation de la soprano tant dans le premier que dans les derniers tableaux. Elle reste juste, sans problème technique apparent mais toujours avec une certaine distance. Mention speciale pour Musette. Mariangela Sicilia est plutôt éblouissante et incarne une Musette extravertie convaincante et qui vocalement est impeccable.

La mise en scène est dans le plus pur respect de la partition. Dans l’appartement c’est un peu figé et sans prise de risque. Dans le café Momus, c’est au contraire très vivant et dynamique. Il y a beaucoup de choses à voir, avec un grand travail dans les détails. Très bel effort également pour le troisième tableau avec la neige qui tombe sur scène. On reste dans une mise en scène très classique mais sans faute à nos yeux et qui fonctionne.

Bref une production intéressante pour cette Bohème. Rien d’extraordinaire, pas une originalité folle, mais une réalisation sérieuse et solide.

La dernière fois à Bastille nous avions vu La Traviata. Et alors ?



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