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Objets connectés pour mieux discriminer

Publié le 12 décembre 2014 par Antoinemoulin @medecinsurinter

Le phénomène « quantified self » (QS) ou « mesure de soi » est apparu en Californie en 2007. Au départ, il intéressait uniquement les geeks, les makers ainsi que les personnes soucieuses d’améliorer leur mode de vie par le contrôle de leurs activités notamment le sommeil, l’alimentation et le sport. Le concept : essayer de comprendre le métabolisme du corps humain en recueillant des données avec des capteurs.

Naissance d’une nouvelle norme source de discrimination

L’évolution flagrante du marché des objets connectés a fait naître une idée qui semble un peu burlesque : et si ces fameux gadgets seront à l’origine d’un nouveau concept de surveillance généralisée qui donnera une nouvelle figure à la discrimination ? Notons que l’arrivée d’Internet a contribué à cette progression rapide du marché des objets connectés. Désormais, les produits ont attiré un autre groupe de consommateurs qui n’est pas vraiment conscient de la portée des données qu’ils fournissent. Un rapport d’ABI Research prévoit que le nombre d’appareils High-Tech appartenant à la catégorie des QS vendu en 2018 atteindra les 485 millions. Les nouveaux utilisateurs à l’origine de cette montée en flèche n’ont aucune idée sur le mode de circulation de leurs données personnelles. Mais où vont-elles vraiment atterrir ? Elles commencent à intéresser les acteurs dans le domaine de la publicité, les assureurs, les laboratoires pharmaceutiques et peut-être même les employeurs.

Les données personnelles pour élaborer les offres des assurances

Nombreuses sont les plateformes qui ont demandé une agrégation pour pouvoir conserver ces données à l’instar de Google et Apple. Elles pourront les exploiter pour un but commercial. Selon Olivier Desbier, chargé d’études prospectives à la CNIL, ces plateformes peuvent établir un bilan de santé complet d’un utilisateur d’objets connectés en accédant à sa courbe de poids, ses performances en sport et son rythme cardiaque. Par ailleurs, les fabricants usent d’une stratégie assez rusée pour convaincre les consommateurs à partager leurs données de bien-être et de santé contre une certaine rémunération. Grâce à cette facilité d’accès aux données d’objets connectés, les assureurs vont bientôt inciter, voire imposer, les assurés à adopter différentes sortes de gadgets afin de mieux savoir sur leurs modes de vie et de leur proposer des contrats personnalisés. Les employeurs pourront également agir de la même façon lors de la sélection des employés. Et on entre désormais dans cette nouvelle ère.

En effet, les assureurs et hôpitaux en outre-Atlantique envisagent d’utiliser les données de santé pour élaborer leurs offres. En France, AXA s’est également allié avec Withings pour inciter les clients de sa filiale Modulango à utiliser le podomètre Pulse contre un chèque de médecine douce d’une valeur de 50 euros. La société « Groupe Mutuel » en Suisse a par contre décidé de rembourser à 25 % l’achat d’un appareil connecté Fitbit. Quant à Yahoo, ses 11.000 salariés ont reçu en cadeau un bracelet Jawbone. CVS Pharmacy, une célèbre enseigne pharmaceutique américaine demande également à ses employés de présenter un bilan de santé en contrepartie de primes d’assurance intéressantes. Ces deux entreprises laissent entendre qu’il s’agit d’une mesure prise pour améliorer l’état de santé des salariés. Mais bientôt, elle deviendra un outil de discrimination. Les utilisateurs d’objets connectés doivent ainsi se pencher sur la question. Notons que la CNIL continue à inciter les fabricants à adopter le « privacy by design » pour mieux protéger les consommateurs.


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