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Riviera de Mathilde Janin (Rentrée Littéraire 2013)

Par Emidreamsup @Emidreamsup

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Premier roman de Mathilde Janin, Riviera, parle de musique, de la quête de reconnaissance, de la mort qui n’est jamais loin… En tant que critique rock, l’auteur avance ici en terrain connu d’une certaine manière.

Philippe, ex-star de musique indé, vient de mourir. Lentement, Janin dresse son portrait à travers les souvenirs de Nadia, son agent et ancienne compagne, et Frédérique, sa soeur, venant toutes les deux à Berlin dans le but de faire rapatrier son corps. Les souvenirs sont autant de prétexte pour revenir sur des évènements marquants de le vie de la star.

« D’un tarmac à l’autre, nulle variation ; avec l’asphalte tout est stable. À mesure des voyages, les gestes se confondent. La seule possibilité d’aventure réside là, dans cette latence rythmée de rituels – l’enregistrement des bagages, la récupération des bagages, la lecture des consignes de sécurité, le ballet du personnel aérien. Par le hublot, c’est toujours la même vue, dans la carlingue les mêmes sensations. Les mains moites contre le plastique des accoudoirs, leurs traces qui mettent un peu de temps à sécher. « 

Pour un premier galop d’essai, ce roman est plutôt une réussite, même s’il se veut peut-être un poil trop ambitieux. Mais il faut au moins lui reconnaître un excellent point, c’est que même en naviguant sur son terrain, elle ne cherche pas à  « faire rock ». Elle préfère se concentrer sur une belle histoire artistique où tout tourne autour d’un musicien d’exception confronté au meilleur comme au pire de sa profession. Le tout donne un road-book où la vie de son héros – parsemé d’embûches et de secrets – qui ne prend pas trop de risque dans le style. Si on peut lui reprocher ce manque de mise en danger, on peut plutôt saluer la sagesse de ne pas prendre de chemin tortueux dans lesquels elle pourrait se perdre.

Niveau stylistique, Riviera se lit assez facilement, même si certains passages peuvent paraître un peu lourd comme la description du virus Ebola qui fait penser à une page Wikipédia. La faible utilisation du dialogue peut parfois alourdir le tout et ralentir le rythme, mais pourtant on reste happé par l’histoire prenant de plus en plus de volume au fil de sa progression.

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« Face au type de l’accueil, elle avait adopté une attitude humble et hésitante, s’était excusée d’importuner, avait tenté d’attirer la sympathie, cherchant un prétexte pour justifier l’urgence de son voyage – un malade au chevet duquel elle devait se rendre ; son père, tiens ; un père allemand qu’elle composait pour l’occasion, bientôt mort d’une terrible maladie, un mal intransmissible : un cancer du pancréas, ou encore un lymphome… »

Au final, Riviera n’est peut-être pas aussi « exotique » que son titre peut le laisser croire, mais il n’empêche pas le lecteur de se laisser embarquer dans ce road-trip aux allures nostalgiques, comme un bon vieux tube rock.

Riviera de Mathilde Janin
Ed. Actes Sud / Déjà disponible en librairies

ARTICLE PREALABLEMENT PUBLIE SUR ENVRAK.FR


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