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Les Habsbourgs n'ont pas quitté Milan

Publié le 31 décembre 2014 par Marcel & Simone @MarceletSimone
Les Habsbourgs n'ont pas quitté Milan

Une mini-révolution a failli avoir lieu dans l’univers opératique. Au début du mois de décembre, le surintendant (comprendre : le directeur musical) de la Scala de Milan, Alexander Pereira, décide de rompre la proverbiale tradition de ponctualité de la maison. Depuis la nuit des temps (c’est-à-dire 1778), les représentations commencent au Teatro alla Scala sans une seconde de retard. Et la ferveur musicale du public faisait que les retardataires, ne le fussent-ils que d’une demi-minute, devaient attendre dans le foyer jusqu’à l’entracte.

Certains journaux italiens font remonter cette coutume de ponctualité stricte à l’architecte du bâtiment, Giuseppe Piermarini ; d’autres au chef d’orchestre à la baguette de fer, Arturo Toscanini. Tous mentionnent l’unique infraction à cette règle, en 1972, lorsque Richard Burton et Elizabeth Taylor sont arrivés dix minutes en retard pour le gala d’inauguration de la saison, en plein Bal Masqué de Verdi, et les hurlements de rage alors gémis par le surintendant de l’époque, Paolo Grazzi. Parmi la liste des VIP retardataires qui furent retoqués à l’entrée, mentionnons la cantatrice Maria Callas, le danseur Rudolf Noureev, et notre chère Carla Bruni, dont on raconte qu’elle a poireauté au bar de la Scala jusqu’à filer en catimini, rouge de honte devant les paparazzi…

Les Habsbourgs n'ont pas quitté Milan

Le surintendant explique que l’introduction de cette « période de tolérance » permet de mettre un terme aux éventuelles protestations des retardataires, frustrés de se voir refuser l’entrée dans la salle. Aussi, cela permet de protéger les ouvreurs des remontrances de ces mêmes retardataires qui, souvent imbus de leur personne et irrités que le tapis rouge leur glisse sous les pieds, se défoulent rituellement sur le personnel de la maison. Une des gazettes italiennes plaisante qu’il aura fallu attendre l’arrivée d’un Autrichien au poste de surintendant pour que « l’ultime rempart de la rigueur habsbourgeoise resté à Milan s’effondre ».

Que le lecteur soit rassuré : le 19 décembre, dans sa lettre de voeux adressée aux abonnés de la Scala, Alexander Pereira a annoncé l’annulation de la période de tolérance - à peine deux semaines après son introduction -, trop polémique d’après lui, et le retour à la ponctualité suisse (ou impériale). Il n’y aura pas eu de révolution au Teatro alla Scala cet hiver, et pas donc de quoi avaler son champagne de travers.

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