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La belle et la bete - 5/10

Par Aelezig

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Un film de Christophe Gans (2014 - France, Allemagne) avec Léa Seydoux, Vincent Cassel, André Dussollier, Audrey Lamy, Sara Giraudeau

Très joli visuellement... mais sans âme.

L'histoire : Belle, ses soeurs et ses frères, sont ruinés ; les bateaux de leur père, commerçant, ont coulé. Alors qu'il revient du tribunal, où on lui confirme que rien n'a pu être sauvé, il s'égare dans la forêt et se retrouve dans un magnifique château, qui semble inhabité. Pourtant un repas somptueux l'attend, ainsi que tous les objets et vêtements que ses enfants lui avaient demandé de rapporter de la ville. Il ne lui reste plus qu'à cueillir une rose pour Belle, qui ne voulait rien d'autre. Mais le maître des lieux, au terrifiant faciès de lion, surgit : l'homme pouvait tout prendre, tout, sauf ses roses ! Le marchand doit mourir. Celui-ci obtient de retourner embrasser ses enfants une dernière fois. Chez lui, Belle, se sentant coupable, s'enfuit pour aller offrir sa vie à la Bête en échange de celle de son père. Etonnamment, la Bête ne la tue pas... Elle la laisse libre de vaquer où bon lui semble ; une somptueuse toilette l'attend chaque matin au réveil. Sa seule obligation est de retrouver la Bête le soir pour le dîner.

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Mon avis : Moi qui adore les histoires de princesses, quelle déception ! Le film est superbe, les décors, les costumes, les images, les effets spéciaux ; ça on ne peut rien dire. Mais c'est d'une froideur... Heureusement qu'il y a les deux frangines qui font sourire de temps à autre (bien que très agaçantes au final), sinon ce serait un vrai pensum, triste et creux. Un si joli conte, un de mes préférés ! Ah, on est est très loin de la merveilleuse version, si poétique, de Cocteau, même si elle a hélas beaucoup vieilli.

Ici, Gans s'est plu à inventer une histoire dans l'histoire, celle qui a abouti à la transformation du prince en Bête. Un truc très idiot puisque le héros passe pour un sale type, ce qui est franchement incongru dans un conte ! Du coup, on perd du temps de ce côté-là, au détriment de la vie et des pérégrinations de la Belle dans le château, et de l'histoire d'amitié, puis d'amour, qui se développe lentement entre les deux êtres. Gans a complètement oublié qu'il s'agissait d'un conte, et en particulier sa moralité : oui, une belle femme peut tomber amoureuse d'un homme laid, oui la laideur peut cacher la beauté de l'âme. Ici, on en reste à la beauté physique, car le prince reste un tueur ! Il n'a aucunement fait ses preuves en réhabilitation ! Et l'histoire d'amour est escamotée complètement (on ne les voit ensemble que deux ou trois fois !). On a plutôt l'impression que la Bête est toujours amoureuse de son ancienne fiancée !

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Le film accorde aussi beaucoup d'importance au père et donc, on ne voit pas tellement la Belle, en fait. Qui, incarnée par Léa Seydoux, qui joue toujours aussi mal (comme quoi les soi-disant excès d'autorité de Kechiche ont été positifs... y a que dans Adèle qu'elle était bonne !), fait une princesse de pacotille, dont on ne retiendra que les merveilleuses robes. Car question conversation, c'est le vide intersidéral, alors avec le phrasé de Léa, aussi naturel que monocorde, c'est franchement bien plat...

A voir pour les décors et les costumes... et le dénouement, plutôt sympa et inattendu ! Enfin moi, j'aurais quand même préféré... Bon interdit de spoiler.

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Et bien encore une fois, je suis à côté de la plaque, car la critique, dans sa majorité, a trouvé ça "somptueux". Quelques bémols, et là je comprends mieux : "A l’image, c’est vrai, "la Belle et la Bête" en jette parfois. Mais sa façon d’en mettre plein la vue contraste avec son impuissance à nourrir, aussi bien que nos yeux, notre crâne, notre cœur ou notre ventre." (Libération) ; "Plus proche du Labyrinthe de Pan dans la forme que de la vision de Cocteau, La Belle et la Bête est une démonstration esthétique qui manque cruellement de discours." (AVoirALire) ; "C’est au fond contre le fameux avertissement initial du film de Cocteau que s’inscrit Christophe Gans, contre cet effort de croyance réclamée aux spectateurs, auquel il oppose aujourd’hui un conte clés en main, sans énigmes ni secrets." (Les Inrocks).

Les spectateurs, eux, sont très partagés.


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