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Silence

Par Jperino @Jonoripe

Je me souviens d’avoir été surpris par le silence. C’était, il y a quelques années, non loin du lac d’Arvouin. On s’y rend depuis La Chapelle d’Abondance, le village de mes ancêtres maternels. C’est à deux pas de la Suisse, quand on bascule de l’autre côté de la Pointe d’Arvouin, on est déjà à l’estranger. Vers le lac on est isolé de tout, le bruit des bagnoles n’arrive plus. Pas d'avion. J'entendais les battements de mon cœur et le bruit de l'air sortant de mes poumons.

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C’est assez saisissant de n’entendre aucun bruit. Et même ça fout la trouille. Il paraît que c’est quasi impossible de tomber au niveau zéro décibel. On peut pourtant s’en approcher... en plein centre de Paris. Dans chambre anéchoïque (eh oui !) « C’est une sorte de boîte dans une boîte, avec un cube posé sur des blocs silencieux en néoprène qui absorbent les vibrations », explique Olivier Warusfel. Lire ici.

En fait le silence est si rare que l’on pourrait en faire un bon business. Comme certains vendent de l’eau de Lourdes ou de l’air de Paris en canette, je pourrais vendre le silence du lac d’Arvouin. Mais je constate que d’autres l’on tenté avant moi. Plus malins, il ont commercialisé des bruits sympathiques. Vialatte en témoignait déjà dans sa chronique du 19 juillet 1965. De plus, il pose le problème qui nous poursuit depuis longtemps, "et si l’homme était autre chose ?"

…voici la dernière nouveauté : nous allons recevoir de New York des bruits de chute d'eau, des murmures de ruisseau et des crissements de pas sur la neige. C'est pour nous rafraîchir pendant la canicule. Peut-être va-t-on aussi nous nourrir cet hiver de la télévision d'un bifteck ?

Je n'en ai pas particulièrement aux friselis des ruisselets et aux crissements de pas sur la neige, mais nous sommes devenus bons à absorber tout ce que le commerce invente. Il nous vend le bruit des ruisseaux. C'est une fable de La Fontaine ! Une moitié du monde prend l'homme pour une machine à produire, l'autre moitié pour une machine à consommer. Et si l'homme était autre chose ?... L'un lui vend les lendemains qui chantent, l'autre les aujourd'hui qui crissent, l'un l'espérance, l'autre le bruit de l'eau ; tous deux... du vent. Le meunier d'aujourd'hui monnaie le tic-tac de sa roue ! J'observe toutefois que les courtiers en mirage, les marchands de vent et de crissement de neige, ne se laissent pas payer en tintements d'écus ou en odeur de pesetas. L'argent, pour eux, n'a d'ailleurs pas d'odeur. 

Et c'est ainsi qu'Allah est grand !


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