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Lutte contre le chômage : contre la sclérose de la pensée

Publié le 05 janvier 2015 par Vincentpaes
Crédit : chômage par Shutterstock Crédit : chômage par Shutterstock Une nouvelle fois, la fin d'année 2014 a été marqué par un net constat d'échec sur le front de l'emploi. Les chiffres de la DARES sont sans appel : 3488 300 demandeurs d'emploi en catégorie A. C'est donc plus de 0,8% d'augmentation, s'ajoutant aux deux dernières années de hausse ininterrompue. Si l'on considère le chiffre des demandeurs d'emploi toutes catégories confondues, c'est plus de 5 478 400 personnes concernée en France métropole et DOM TOM inclus. Ces chiffres alarmants devraient faire affoler nos dirigeants. Pourtant, tout semble continuer comme avant... La gravité de la situation plaide pour l'adoption de mesures d'urgence qui sont à notre portée.

Après avoir étudié le chômage pendant des années, je suis arrivé à une conclusion simple: que les filles d'attentes devant Pôle Emploi sont une création soviétique à la française. La succession presque sans fin des sigles : CIE, CUE, contrats d'avenirs, contrats jeunes ou contrats séniors, allègements Fillon ou exonération zones franche, devraient nous alerter sur les impasses d'une certaine théorie du chômage et de l'emploi. A économie administrée, solutions administratives et leurs cortèges d'effets d'aubaines et de contrôles intempestifs.Et si l'ampleur des problèmes nous cachait l'évidence : celle d'une construction collective et artificielle du chômage ! Notre société souffre d'un mal réel : le travail rend malade à la fois ceux qui travaillent trop et ceux qui souffrent de ne pas pouvoir travailler. Autres articles Certains économistes relèvent que la productivité horaire du travail en France, serait supérieure à celle de notre voisin allemand. C'est vrai, car ayant exclu du marché du travail les plus jeunes, les plus âges, les moins productifs, et diminué de façon autoritaire la durée du travail, il ne reste qu'à ceux qui sont en poste, à mettre les bouchées doubles. Souffrance en France, de ceux qui s'épuisent à faire tourner l'économie et sur qui porte tout le poids de l'assiette des cotisations sociales, tandis que les demandeurs d'emploi souffrent de ne pas avoir la place que leurs talents, leur énergie, ou simplement leur bonne volonté exige !

Pourtant, de l'autre côté, il y a une autre réalité : dans notre pays, s'exprime un besoin de prestation de service insatisfait dans les entreprises évalué à plusieurs dizaines de milliards d'euros ... qu'attendons-nous dès lors pour former et reconvertir nos chômeurs ? Ainsi, un sondage Sofres publié cette année démontre que le poids potentiel de la prestation de services en France serait de plus de 84 milliards d'euros. Bien sûr, on ne peut exclure l'hypothèse qu'une certaine masse salariale soit déplacée de formes d'emploi plus classiques vers des formes d'emploi nouvelles, ce qui angoisse les apôtres du CDI. Les nouvelles formes d'emploi mettent en évidence l'idée que posséder un 5 clients réguliers offre à un indépendant en portage plus de sécurité qu'à celui qui n'a qu'un seul et unique client son employeur !

Le déplacement du cadre de référence ne se fait pas d'une forme d'emploi traditionnelle, supposée plus stable, vers une forme d'emploi plus précaire, mais de modes de comportements et de vision de l'activité et de l'emploi, différents. Au-delà de ces questions, une équipe scientifique de haut niveau a récemment démontré qu'il existait de façon latente dans les entreprises des dizaine de milliards Euros non travaillés. En outre, la facturation que permettent les nouvelles formes d'emploi, moins coûteuses pour les entreprises que le Travail Temporaire opérerait comme une injection de pouvoir d'achat de plus de 10 milliards d'Euros aux entreprises. Les nouvelles mesures pour l'emploi que devrait prendre notre pays sont simple : remplacer le système passif d'indemnité-chômage par un système efficace de reconversion actif, c'est-à-dire de formation professionnelle ! N'oublions pas que la réinsertion sociale et professionnelle de nos chômeurs est l'affaire de tous : des entreprises, des syndicats, de la famille et de la société toute entière à travers le regard qu'elle pose sur eux. En effet, le chômage est aujourd'hui perçu comme une maladie sociale dont le malade serait lui-même responsable. Bref, si nous voulons lutter contre le chômage, nous le pouvons. Reste à le vouloir !

La crise pousse les entreprises à rechercher de plus en plus de souplesse en sortant du schéma salarial traditionnel, sans les contraintes de l'intérim classique. D'où l'essor de l'auto-entreprenariat et du portage salarial. Si nous sommes tous des chômeurs potentiels, nous avant, en nous, la capacité de devenir des prestataires de services. Il est grand temps de mettre enfin en avant les formes alternatives du travail pour élargir les horizons des chômeurs et ne plus les laisser se morfondre dans le pessimisme alors qu'un sondage Ifop publié dans "Dimanche Ouest-France" révèle que 29 % seulement des Français se disent optimistes, le plus bas niveau depuis 1995...

A propos de l'auteur : Christian Person est p-dg et fondateur du groupe Umalis.

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