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En France, ils ont encore peur du mariage homosexuel

Publié le 07 janvier 2015 par Juan

En France, ils ont encore peur du mariage homosexuel

On a compté à peine 1.331 mariages entre personnes du même sexe en 2014. C'est dire si le "basculement de civilisation" tant annoncé par les plus farouches opposants au mariage homosexuel n'a pas eu lieu.

Et pourtant...


A Paris, 13% des mariages étaient entre personnes de même sexe. A Nice, 8%. Christian Estrosi, le maire de la ville, en est tout retourné.
Les cris d'orfraie et autres déclamations aux relents homophobes n'ont pas cessé de polluer le débat "politique". Dans un récent et mauvais ouvrage, le polémiste conservateur Eric Zemmour s'en livre à coeur joie, entre autres billevesées nauséabondes.  En 2012 déjà, Zemmour avait eu cette formule délicate: "pourquoi ne pas également demander le mariage entre un père et sa fille, entre un frère et une sœur, entre trois ou quatre personnes qui s’aiment. Pourquoi refuser la polygamie ?"
Pourquoi écouter Zemmour ? L'homme aurait la trouille pour sa virilité, le sort de la France blanche, mâle et catholique, qu'il en oublie peut-être la réalité des faits.
Dans un autre et bien court billet publié par un site d'informations d'extrême droite, un autre habitué des polémique annonce les pires des dommages pour celles et ceux qui se livreraient à l'union homosexuelle : les maladies vénériennes, l'infidélité, l'instabilité, le suicide, l'augmentation du risque de cancer chez les sujets homosexuels, et même l'augmentation des violences entre membres de couple homosexuel.
Le support de ces "affirmations" ? Quelques études parcellaires et hors contexte, sans rapport avec le mariage homo: la source sur les violences entre partenaires de couples de même sexe a été réalisé en Afrique sub-saharienne, sans aucun rapport avec le mariage. La seule étude en rapport avec le mariage homosexuel était une étude danoise de 2011 sur l'union entre membres de même sexe selon laquelle, expliquait l'auteur, "le risque de suicide chez les hommes est multiplié par huit". Le plus cocasse - et terrifiant - est que notre polémiste omettait un résultat complémentaire des auteurs de l'enquête: "On ne sait pas si le risque de suicide est également plus élevé chez les homosexuels hommes non mariés.". En d'autres termes, la souffrance des homosexuels dans nos sociétés occidentales, après des siècles de culpabilisation et de persécution, est largement connue et reconnue. Tout comme qu'elle engendre des suicides en surnombre. Que la légalisation abaisse cette souffrance ou apaise la situation est la seule situation qui importe dans notre "débat" du jour. Et la seule qui n'est pas adressée par l'étude brandie comme "preuve" par notre réactionnaire effrayé.
Que l'homme ne s'alarme pas de reproduire, dans une traduction parcellaire, un tract numérique de l'extrême droite anglo-saxonne contre le mariage gay, ne saurait surprendre.
Cet ancien médecin n'avait pas lu d'autres statistiques plus posées, plus massives, plus désastreuses sur le divorce parmi les couples hétérosexuels, la violence au sein des couples hétérosexuels, ou le cancer et les maladies vénériennes au sein des couples hétérosexuels.
Les effrayés du monde d'avant - un monde qu'ils ne savent décrire ni qualifier avec précision - sont si nombreux qu'ils méritent une attention particulière. Ils sont encore sur-actifs, même si la "masse" les a quitté. Le mariage gay n'effraye plus grande monde, sauf ces quelques centaines. Pendant la campagne interne à la présidence de l'UMP, Nicolas Sarkozy avait cédé, par peur, à la petite foule de braillards de "Sens Commun", un groupuscule interne qui n'a de commun que sa proximité avec les enragés du Printemps Français. Ce dernier mouvement, dont on a croisé la présidente aux côtés des soraliens impliqués dans le mouvement contre un prétendu enseignement d'une inexistante théorie du genre, use et abuse des symboles pour se démarquer de son image extrême-droitiste. Sur site, il cite Simone Weil, rien que cela.
Mi-décembre, Nicolas Sarkozy a propulsé une ancienne porte-parole de l'association UMP Sens Commun, Madeleine Bazin de Jessey comme secrétaire nationale de l'UMP. Cette jeune femme a co-fondé le mouvement des Veilleurs. Elle n'a rejoint l'UMP qu'en décembre 2013.
Florian Philipot, porte-parole du Front national injustement "outé" par un magazine trash-people, promettait en octobre dernier: "Si Marine Le Pen est élue elle remplacera le mariage homosexuel." Et Marine Le Pen confirmait, en juin 2013: "Oui, je l'abolirai. j'en ai pris l'engagement". La sentence, car il s'agit d'une sentence, c'est-à-dire d'une condamnation, était curieuse d'un point de vue démocratique. Depuis quand une présidente de la république décide-t-elle pareille chose sans passer par le débat parlementaire ? Même François Hollande osa un débat à l'Assemblée puis au Sénat long et douloureux.
Quelques mois plus tard, en juin 2013, Bruno Gollnisch complétait son "collègue" de combat: "Le Front National a la ferme volonté de défendre la famille et de combattre la décadence, avec tous ceux qui le veulent… avant qu’il ne soit trop tard !"
Dans un livre intitulé "le Mai 68 conservateur", l'essayiste Gaël Brustier s'interroge sur les conséquences de l'anti-mai 1968 de 2013, quand un mouvement réactionnaire- au sens littéral du terme - s'est dressé en vain contre le mariage gay. "La grande force de la Manif pour tous, c’est qu’elle donne une explication du monde de la naissance à la mort, qui intègre les dimensions essentielles de la vie" expliquait-il dans un entretien à Libération en novembre dernier. Une explication, simple et binaire, dans un monde devenu trop effrayant.
"L’homophobie désigne les manifestations de mépris, rejet, et haine envers des personnes, des pratiques ou des représentations homosexuelles ou supposées l'être. L’homophobie englobe donc les préjugés et les discriminations (emploi, logement, services), et cela peut se manifester par de la peur, la haine, l'aversion, le harcèlement, la violence ou encore de la désapprobation intellectuelle intolérante envers l'ensemble de la communauté LGBT."
Source: Wikipedia



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