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Budget militaire et la chaîne des fournisseurs au cœur des préoccupations du Gifas

Publié le 12 janvier 2015 par Toulouseweb

Lorsque Marwan Lahoud a pris la parole le 8 janvier, l’atmosphčre était tendue. Une certaine pub dit - et j’espčre que cela va cesser - Ť c’est pas fini ť. Non malheureusement ce n’était pas fini. Au moment oů j’écris c’est la fin de la manifestation parisienne pour rendre hommage non seulement ŕ mes confrčres journalistes, aux collaborateurs et attachés ŕ la sécurité de Charlie Hebdo assassinés sauvagement le 7 janvier. Le 8 c’était la tuerie de la Porte de Montrouge oů une policičre a trouvé la mort. Puis la prise d’otages de la porte de Vincennes oů 4 personnes ont trouvé la mort alors męme que les deux terroristes de Charlie Hebdo aient été abattus.
Pas facile de faire des plans sur la comčte dans de telles conditions. Car Marwan Lahoud s’exprimait ce matin lŕ en tant que président du Gifas, le syndicat professionnel des industries aéronautiques et spatiales. Il est aussi rappelons-le, si toutefois cela est nécessaire, le directeur de la stratégie d’Airbus Group.
Tout d’abord un point sur ce qu’a été l’année 2014. Marwan Lahoud a mis en exergue deux étapes essentielles ŕ l’industrie : l’établissement effectif du CoSpace (Comité de Concertation Etat Industrie sur l'Espace) et le lancement de la seconde phase du Corac (Conseil pour la Recherche Aéronautique Civile) qui a été engagée. Ť Lequel a servi de modčle ŕ l’établissement de CoSpace ainsi qu’ŕ d’autres filičres ť. Une problématique cependant reste la politique budgétaire de la Défense et de sa Loi de programmation budgétaire dont le costume a été taillé au plus juste par le chef d’Etat major des armées, le général de Villiers, non seulement pour les Armées mais aussi pour les capacités industrielles. Ť Si le costume devait ętre retaillé, ce serait trčs difficile pour nous et notamment les plus petits d’entre nous, je veux dire les PME ť, a t-il poursuivi. Ce qui lui vaut aussi d’estimer que Ť 2015 paraît assez difficile d’autant que les inquiétudes autour des recettes exceptionnelles sont avérées ť. En effet, le gouvernement ne pourra pas compter cette année sur les recettes estimées ŕ plus de deux milliards d'euros provenant de la vente de fréquences utilisées par la télévision numérique terrestre (TNT) aux opérateurs télécoms, leur attribution n'étant prévue qu'en décembre 2015.
Pour compenser ce manque ŕ gagner, le gouvernement étudie la location de matériel qui passe par la création de sociétés de projets (SDP) dont chacune serait dédiée ŕ un matériel militaire donné. Ces entreprises devraient fonctionner ŕ l’image de ce qu’appliquent les loueurs d’avions. Cela permettrait ŕ l'armée de louer des matériels militaires au lieu de les acheter, ayant pour résultat moins d’immobilisation financičre.
Les évčnements de la semaine derničre sont lŕ pour le rappeler car Ť ils montrent la fragilité de tout ce que nous faisons … et les actions de nos entreprises sont valables dans un cadre connu et établi ť estime Marwan Lahoud. Or quelles seront les décisions qui seront prises par l’Etat aprčs ces tragiques évčnements ? On peut imaginer que des transferts d’allocation de budget pourraient ętre décidés afin de mettre plus l’accent par exemple sur la sécurité du territoire avec l’accélération de budget lié ŕ ce qui est communément appelé le C4ISR.
Certes le militaire semble ętre une des grandes préoccupations du Gifas et des industriels qu’il représente ŕ l’aube de 2015. Mais il n’en faut pas pour autant négliger les activités industrielles du civil. Car si tout paraît rose au vu des niveaux de commandes d’avions commerciaux et donc des moteurs, ce n’est qu’une façade ŕ qui ne doit pas cacher les défis ŕ relever. En la matičre, la priorité de 2015 est le maintien de la Ť supply chain ť car le grand risque est la désagrégation, voire la désintégration de la chaîne des fournisseurs.
Comme l’on fait valoir Emmanuel Viellard, président du Groupe des équipements aéronautiques et de défense (GEAD), Ť il nous faut assurer avec succčs le ramp-up des cadences, ce qui est vrai non seulement pour les avions mais aussi pour les moteurs ť. Et pour les motoristes le défi est de taille puisque CFM International prévoit de produire une trentaine de moteurs Leap en 2015, environ 150 en 2016 pour passer ŕ 500 en 2017 et quelque 1 200 en 2018 et la production d’environ 1 800 moteurs en 2019 devrait se substituer presqu’entičrement au CFM56. Avec ce motoriste Ť les équipementiers et fournisseurs devront recréer des capacités technologiques entičrement nouvelles en 18 mois alors que la montée en cadence de la production de CFM56 pour atteindre son niveau actuel s’est faite en 15 ans. ť On comprend oů se situent alors les défis, non seulement technologiques mais aussi économiques. Un programme qui baisse, un autre qui prend sa place ŕ trčs grande vitesse montre combien il sera compliqué de trouver de la rentabilité dans le futur affirme Emmanuel Viellard, également président de Lisi Aerospace.
Et si cette situation va ętre difficile ŕ tenir pour les équipementiers de taille importante, la situation pourrait bien ętre critique pour les plus petits d’entre eux car Bertrand Lucereau, le président du Comité Aero-PME, et président de Secamic, Ť nous avons encore beaucoup d’investissements ŕ faire, nous n’atteindrons un plateau probablement qu’en 2017 ť. Assumer une croissance de 7 ŕ 10 % n’est pas chose aisée pour les PME.
L’année 2015 regorge de points d’interrogation. Le salon aéronautique du Bourget en juin prochain sera l’occasion de faire un premier bilan.
Nicole B. pour Aeromorning

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