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Le genou de claire - 5/10

Par Aelezig

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Un film de Eric Rohmer (1970 - France) avec Jean-Claude Brialy, Aurora Comu, Béatrice Romand, Laurence de Monaghan, Michèle Montel, Gérard Falconetti, Fabrice Luchini

Bavardages sans fin.

L'histoire : Lac d'Annecy. Jérôme revient dans sa région natale pour vendre la grande maison familiale. Il va partir s'installer définitivement en Suède où l'attend sa fiancée. Il retrouve une amie roumaine, Aurora, qu'il avait perdue de vue, écrivain. Ils se racontent les années écoulées, discutent du mariage et de l'amour. Jérôme se dit désormais totalement désintéressé par les femmes, seule sa future épouse compte. Pourtant, lorsque la toute jeune Laura s'intéresse à lui, Aurora, s'amuse de son trouble. Ce sera pire avec l'arrivée de la très ravissante Claire...

Mon avis : Ah Rohmer ! Un être vraiment à part dans le monde du cinéma. Je n'arrive pas à savoir si je déteste ou si j'adore. C'est tellement bizarre : ça ne fait que parler, parler, parler, à n'en plus finir, et pourtant on est pris par le charme de certaines images ; les acteurs ont l'air de jouer hyper mal, et pourtant soudain on est sous le charme d'un sourire, d'une réplique parfaitement sonnée ; les textes ne sont pas du tout naturels, et pourtant soudain une incroyable fraîcheur se dégage. Absolument incompréhensible. Je renonce à analyser.

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Le Marivaux d'aujourd'hui (aujourd'hui suivi par son fils spirituel, Emmanuel Mouret) dissèque le sentiment amoureux en long, en large et en travers. Dans ce flot de paroles, une sorte d'état des lieux apparaît, décortiquant les étapes qui se suivent, pas toujours dans l'ordre d'ailleurs, l'amitié, l'attirance physique, le désir, l'amour, mais aussi d'infinies nuances entre chaque. Et si on laissait faire l'ami Rohmer, il est probable qu'il pourrait nous faire un film de cinq heures... Il y a un petit côté Liaisons dangereuses dans ce film avec ces deux adultes, un peu revenus de tout, qui s'amusent à bouleverser les jeunes gens et à leur tendre des pièges.  

Le début est terriblement agaçant : même Jean-Claude Brialy semble jouer à l'ouest. Et puis les personnages n'arrêtent pas de se toucher, de se papouiller ! Etant moi-même assez "tactile", ne croyez pas que cela m'ait choquée ; le contact physique est essentiel. Mais entre amis, entre adultes et ados, une telle profusion m'a semblé incongrue : on se prend par l'épaule, par le coude, par la main, par la taille, on papote en se touchant les mains, en se croisant les doigts, sans arrêt... Bizarre. Trop c'est trop. Au bout d'un moment, on s'habitue. Et puis soudain, avec le fameux genou de Claire, une des dernières scènes du film (car Claire n'arrive que très tardivement...), ces caresses amicales prennent tout leur sens ; il y a un monde entre toucher l'épaule d'Aurora ou la main de Laura... et caresser ledit genou ! Agaçant aussi le jeu des acteurs ; on a l'impression qu'ils sont faux, comme dans tous les Rohmer ; mais les dialogues sont si artificiels, si littéraires, qu'il doit être bien difficile pour les comédiens de leur donner vie. Mais ça aussi, on s'habitue...

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Bref, une fois de plus, Rohmer m'a emberlificotée grave : pendant une bonne heure j'ai râlé, je me suis moquée... et en fait j'ai regardé jusqu'au bout.

Ce type doit être un extraterrestre.

A ne pas rater : la prestation de Fabrice Lucchini, incroyable ! Dans tout ce fatras, il est le SEUL à parler juste ! Les répliques, longues et intello, tombent de sa bouche comme s'il parlait avec des potes de la cité ! Etonnant. Et le voir comme ça, tout blond, tout minot, avec déjà ce débit si particulier... c'est émouvant !

Donc, comme d'hab, je ne sais pas quoi mettre comme note. Je n'aime pas, mais j'aime beaucoup. Alors je mets 5.

Et le plus curieux, c'est que lorsqu'on lit les commentaires des internautes, ils sont comme moi : PERPLEXES.

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Je termine sur cet avis de Télérama, assez juste : "Ce huis clos à l'air libre se donne l'apparence d'une toute petite histoire où il ne se passe « rien ». Et pourtant, ces « fragments d'un discours amoureux » composent une extraordinaire étude du désir, de la jouissance verbale, quasi littéraire, qui accompagne toute inclination. Un bijou." Mais pour ma part je n'irais pas jusque là...


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