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Soumission

Publié le 22 janvier 2015 par Malesherbes

Après les assassinats perpétrés à Charlie Hebdo, la radio BBC 4 a organisé un débat sur la liberté d’expression. Au cours de celui-ci, le présentateur Jim Naughtie a révélé que les Presses universitaires d'Oxford (OUP) avaient recommandé de bannir cochons et saucisses des livres pour enfants, afin de ne pas froisser la communauté juive ou musulmane. A ma connaissance, jamais la communauté juive n'a exprimé une telle susceptibilité. Contacté par l'AFP, cet éditeur assure ne "pas interdire complètement les cochons ou le porc dans ses livres" et qu'il n'y a pas eu de changements récents dans ses recommandations. Ces faits, rapportés par le Huffington Post du 15 janvier, laissent rêveur.

Ils sont d’autant plus surprenants que la langue anglaise, grâce à l’héritage de la conquête de l’Angleterre par les Normands, dispose pour nommer certains animaux de deux mots différents, l’un d’origine saxone pour désigner l’animal sur pied que connaissaient les paysans et l’autre d’origine française pour appeler la viande que les nobles normands consommaient pendant leurs repas. Voici quelques exemples de ces couples : (pig, pork), (ox, beef), (calf, veal), (sheep, mutton). Si l’on se préoccupe de ménager de telles susceptibilités, le vocabulaire anglais permet de distinguer aisément ce que l’on mange de ce qui vit. Mais pourquoi donc prendre en considération ces préventions ?

S’il nous fallait tenir compte des interdits prononcés par tout ce que l’univers compte de religions, églises, sectes, doctrines, assemblées, cénacles, chapitres, civilisations, comités, commissions, communautés, compagnies, conférences, confréries, congrès, conseils, consistoires, contrées, convents, coteries, coutumes, croyances, groupements, pays, pratiques, rites, sociétés, synodes, traditions et j’en passe, nous serions bientôt contraints à ne plus pouvoir nous exprimer que par signes et encore, avec le risque d’évoquer je ne sais quel terme banni.

Tout cela en l’honneur d’individus tellement respectueux des autres religions qu’ils n’ont pas hésité en 2001 à dynamiter les Bouddhas de Bâmyân, vieux de quinze siècles, ou à détruire en 2012 à Tombouctou mausolées, mosquées et bibliothèques. Et voilà des Anglais qui s’agenouillent devant ces conquérants et vont au-devant de leurs exigences ! Mais voici je pense ce qui explique leur attitude. Un porte-parole de OUP a déclaré : "nos produits sont vendus dans près de 200 pays" et "à cet égard nous encourageons certains de nos auteurs de matériel pédagogique à prendre en compte les différences et sensibilités culturelles". En fait, c’est devant l’idole suprême de notre époque qu’ils se prosternent, l’argent. Pensez, on ne peut risquer de détourner de l’OUP un marché potentiel de 1,7 milliards d’individus ! Ça vaut bien d’aliéner un peu son indépendance rédactionnelle.


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