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MARRAKECH (Maroc)

Publié le 23 janvier 2015 par Aelezig

Marrakech, surnommée la Ville rouge, se trouve dans l'intérieur des terres, au pied des montagnes de l'Atlas. Elle compte environ 909 000 habitants, d'après le recensement de 2004. C'est la quatrième plus grande ville du Maroc après Casablanca, Fès et Meknès. La ville est divisée en deux parties distinctes : la médina ou ville historique (dix kilomètres d'enceinte) et la ville nouvelle.

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Marrakech est fondée en l'an 1071 (an 463 de l'Hégire) par le souverain almoravide Youssef Ibn Tachfin. Le nom de Marrakech vient du tamazight Mour qui signifie pays et Akouch qui veut dire Dieu, ce qui donne « la terre de Dieu ».

Très vite, à Marrakech, sous l'impulsion des Almoravides, pieux guerriers et austères savants venus de l'actuel désert mauritanien, de nombreuses mosquées et médersas (écoles de théologie coranique) sont construites, ainsi qu'un centre commercial drainant le trafic entre le Maghreb occidental et l’Afrique subsaharienne. Marrakech grandit rapidement et s'imposaecomme une métropole culturelle et religieuse influente.

Des palais sont également édifiés, ornés avec le concours d'artisans andalous venus de Cordoue et de Séville, qui apportent le style omeyyade caractérisé par des coupoles ciselées et des arcs polylobés. La ville devient la capitale de l'Émirat almoravide qui s'étend des rives du Sénégal jusqu'au centre de l'Espagne et du littoral atlantique jusqu'à Alger.

La cité est ensuite fortifiée par le fils de Youssef Ibn Tachfin, Ali Ben Youssef, qui fait élever vers 1122-1123 des remparts encore visibles.

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La mosquée Koutoubia

En 1147, les Almohades, partisans d’un Islam orthodoxe et issus des tribus masmoudas du Haut-Atlas, s'emparent de la ville. Les derniers Almoravides sont exterminés sauf ceux qui s'exilent aux îles Baléares. En conséquence la presque totalité des monuments est détruite. Les Almohades construisent de nombreux palais et édifices religieux, comme par exemple, la célèbre mosquée de la Koutoubia bâtie sur les ruines d'un palais almoravide, et sœur jumelle de la Giralda de Séville et de la tour Hassan (inachevée) de Rabat.

La Casbah abrite la résidence califale (depuis le règne d'Abd al-Mumin le souverain almohade portait le titre de calife, rivalisant ainsi avec le lointain califat oriental des Abbassides), agrémentée d'un hôpital qui attire le médecin andalou Ibn Tufayl. De l'ensemble majestueux de la Casbah mansourienne, nommée ainsi d'après le calife Abu Yusuf Yaqub al-Mansur, subsiste encore la superbe porte de Bab Agnaou. Marrakech est ainsi digne de son titre de capitale de la puissance majeure de l'Occident musulman méditerranéen de l'époque, l'Empire almohade qui englobait toute la région comprise entre Cordoue et Tripoli, de l'Espagne jusqu'à la Libye.

Marrakech, par rayonnement culturel attire de nombreux écrivains, intellectuels et artistes venus notamment d'Andalousie, dont notamment le célèbre Averroès, connu pour avoir abondamment commenté et réinterprété l'oeuvre du philosophe grec Aristote.

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Porte Bab Agnaou

En 1269, Marrakech est conquise par les nomades zénètes aux dépens des derniers Almohades. Lorsque survint l'avènement de la dynastie mérinide, Marrakech tombe dans une certaine léthargie, et son déclin entraîne la perte de son statut de capitale au profit de sa grande rivale Fès.

Au début du XVIe siècle, Marrakech devient la capitale de l'Empire saadien, après avoir été le siège des émirs Hintatas. Elle renoue rapidement avec son apogée, en particulier sous le règne des sultans Mohammed El Mahdi et Ahmed al-Mansur Saadi. Grâce à la fortune amassée suite à la conquête de Tombouctou, Marrakech est embellie, les monuments en ruine restaurés et de somptueux palais édifiés. Le palais El Badi élevé par Ahmed al-Mansur, est une réplique de l'Alhambra, réalisée avec les matériaux les plus précieux provenant d'Italie(marbre), d'Afrique de l'Ouest (poudre d'or), d'Inde, (porphyre) et même de Chine (jade). Le Badi frappe également les contemporains par sa Kubbat al Jujjaj, coupole de verre réalisée en cristal translucide.

Ce palais est avant tout destiné aux réceptions fastueuses offertes aux ambassadeurs venus d'Espagne, d'Angleterre et de l'Empire ottoman, reconnaissant le Maroc saadien comme une puissance incontournable qui s'étend de la mer Méditerranée jusqu'au fleuve Niger et règne sur l'ancien empire songhaï du Mali, grande région productrice d'or. Sous le règne de la dynastie saadienne, Marrakech retrouve ainsi son rôle de point de contact entre le Maghreb, le bassin méditerranéen et le monde africain subsaharien, par le biais des routes caravanières.

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Musée Dar Si Saïd

À la fin du XVIIe siècle, la dynastie alaouite succède aux Saadiens. Le trône est successivement transféré à Fès puis à Meknès, nouvelle ville impériale. Le sultan Mohammed III (1757-1790) choisit la ville comme lieu de résidence principale, en raison de la proximité du port de Mogador (actuelle ville d'Essaouira) qu'il fait édifier sur les plans de l'architecte français Théodore Cornut. C'est en outre à Marrakech qu'est conclu en 1787 le premier traité d'amitié entre le Maroc et les États-Unis nouvellement indépendants. En 1792, Marrakech devient la capitale d'un fils de Mohammed III, Hicham, qui se fait reconnaitre comme sultan par cette partie du pays tandis que son frère Sulayman est reconnu sultan légitime à Fès par les oulémas et par les provinces au nord du fleuve Oum Errabiaa. Il s'ensuit une guerre entre les deux sultans rivaux, qui s'achève par la défaite de Hicham en 1796. Marrakech est reconquise par Sulayman en 1797 et la ville réintègre le territoire du makhzen officiel de Fès.

Au début du XXe siècle, Marrakech connaît plusieurs années de troubles. Après la mort du grand-vizir Ba Ahmed en 1900, véritable régent de l'Empire chérifien durant la minorité du jeune sultan Abd al-Aziz, le pays est en proie à l'anarchie, aux révoltes tribales, aux complots des grands féodaux, sans compter les intrigues européennes. En 1907, Moulay Abd al-Hafid, khalifa (représentant du makhzen) à Marrakech est proclamé sultan par les puissantes tribus du Haut-Atlas et par certains oulémas qui nient la légitimité de son frère Abd al-Aziz. C'est également en 1907 qu'est assassiné un médecin français installé à Marrakech, le docteur Mauchamp, suspecté d'espionnage au profit de son pays. La France saisit cette affaire pour faire pénétrer ses troupes au Maroc.

L'armée coloniale française se heurte néanmoins à une solide résistance animée par Ahmed al-Hiba, un fils du grand cheikh Ma El Aïnin monté du Sahara avec ses guerriers nomades issus des tribus Reguibat. Après la bataille de Sidi Bou Othmane, qui voit la victoire de la colonne Mangin sur les forces d'al-Hiba (septembre 1912), les Français s'emparent de Marrakech qui entre ainsi dans le protectorat français du Maroc instauré depuis mars 1912.

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Place Jamaa El Fna

La conquête a été facilitée par le ralliement des tribus Imzwarn et de leurs chefs appartenant à la puissante famille des Glaouis.

L'un d'entre eux, Thami El Glaoui, devient célèbre en accédant au poste de pacha de Marrakech, fonction qu'il occupera pratiquement durant toute la durée du protectorat (44 ans). Le pacha Glaoui s'illustre par sa collaboration avec les autorités de la résidence générale, qui trouve son point d'orgue avec le complot visant à détrôner Mohammed Ben Youssef (Mohammed V) pour le remplacer par le cousin du sultan, Ben Arafa.

Thami El Glaoui, déjà réputé pour ses fréquentations prestigieuses et son train de vie fastueux, digne d'un véritable monarque, devient ainsi un symbole marquant de l'ordre colonial et colonialiste au Maroc. Il ne peut néanmoins s'opposer à la montée en puissance du sentiment nationaliste, ni de l'hostilité d'une part croissante de la population. Il ne peut non plus s'opposer aux pressions de la France, qui consent à se défaire de son protectorat marocain en raison du désastre de la guerre d'Indochine et du début de la guerre d'Algérie. Après deux exils successifs (en Corse puis à Madagascar), Mohammed Ben Youssef est autorisé à rentrer au Maroc (novembre 1955), mais ce retour signe la fin du règne despotique du Glaoui sur Marrakech et sa région.

La médina

La médina constitue le centre névralgique et le cœur historique de la ville. S'étendant sur une superficie globale de 600 hectares, elle est une des plus vastes médinas du Maroc et la plus peuplée d'Afrique du Nord. Articulée autour d'un campement militaire, le Qsar El Hajar, et d'un marché, elle est augmentée d'une kasbah au XIIe siècle afin de la protéger des assauts répétés des tribus berbères de la plaine du Haouz, contribuant ainsi à asseoir durablement l'hégémonie almoravide. Les célèbres remparts de la vieille ville de Marrakech subissent d'importantes modifications au gré des dynasties. Ainsi, ils sont à de maintes reprises percés de nouvelles portes (Bab en arabe). Aujourd'hui, la hauteur des murailles oscille entre 8 et 10 mètres et elles s'étendent sur une distance totale dépassant les 19 kilomètres. La médina est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1985.

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Palais El Badi

Le récent engouement pour les riads, ces maisons traditionnelles marocaines articulées autour d'une cour centrale, a généré de profondes transformations sociologiques au sein de la médina de Marrakech, où le prix du mètre carré a atteint des sommets. Ainsi, un nombre non négligeable et croissant de modestes ménages marrakchis se voit poussé par la spéculation à « s'exiler » en dehors des remparts. D'autre part, on observe un phénomène de densification de l'habitat au sein de la médina. Mais le succès touristique croissant de Marrakech a durablement revigoré la médina en attirant de nombreux jeunes au sein de ses dédales. Plus de 40 000 artisans y travaillent.

Les quartiers modernes

Le quartier de Gueliz tire son nom du Jbel Gueliz, massif de grès de faible altitude situé au nord-ouest de l'ancienne médina au nom berbère. Ce fut le premier quartier situé à l'extérieur des remparts, autrefois réservés aux défunts. Articulé autour de l'actuelle Avenue Mohammed V, le quartier de Gueliz concentre la majorité des banques et des boutiques de Marrakech. La poste, située place du 16 novembre, est aussi un bâtiment datant de l'époque protectorale, au même titre que l'ancien marché.

Situé au sud-ouest du quartier de Gueliz, le quartier de l'Hivernage abrite des villas cossues et de nombreux complexes hôteliers tels que la Mamounia (hôtel le plus luxueux d'Afrique et le sixième au monde), le Royal Mansour et Le Pearl, pour ne citer que les plus prestigieux. Le poumon de ce quartier est l'avenue Mohammed VI, large et verte avenue qui abrite l'imposant Théâtre royal, le Palais des Congrès, ainsi que la nouvelle grande gare.

C'est le long de l'avenue Mohammed VI qu'a été construite la plus grande discothèque du Maroc, Le Pacha de Marrakech, établissement ayant permis à Marrakech d'acquérir son nouveau statut de lieu de rendez-vous de la jeunesse branchée et des "clubbers".

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Pavillon de Menara

La ville s'oriente désormais vers le tourisme de luxe. Marrakech est en effet devenue une des destinations favorites pour les célébrités françaises qui aiment son charme très bien préservé qui sait allier luxe, raffinement et authenticité. De nombreuses stars françaises ont d'ores et déjà acheté leur riad privé en plein cœur de la Médina. L'apparition de ce tourisme de luxe remonte à 1967 avec l'arrivée d'Yves Saint Laurent à Marrakech, puis son rachat en 1980 du jardin Majorelle. Marrakech devient alors un lieu réputé pour sa culture, ses arts, ses traditions et son patrimoine architectural qui séduit peu à peu un grand nombre d'artistes de renom. Cependant, ce n'est que depuis les années 2000 que ce tourisme a pris une ampleur considérable.

Plusieurs festivals rythment l'année, dont les célèbres Festival International du Film et le Festival Marrakech du Rire, créé par Jamel Debbouze, d'origine marocaine.

Visitée en 2013

D'après Wikipédia


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