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La rééducation nationale

Publié le 27 janvier 2015 par Vogelsong @Vogelsong

« Quel est le docteur Frankenstein qui a créé ce monstre ? Affirmons-le clairement, parce que cela a des conséquences : ce sont les États-Unis. Par intérêt politique à court terme, d’autres acteurs – dont certains s’affichent en amis de l’Occident – d’autres acteurs donc, par complaisance ou par volonté délibérée, ont contribué à cette construction et à son renforcement. Mais les premiers responsables sont les États-Unis. Ce mouvement, à la très forte capacité d’attraction et de diffusion de violence, est en expansion. » General Vincent Despotes à propos de Daech

Si sombre est cette époque pour qu’à l’unisson, nous décidions de mettre en suspens toute tentative d’explications et de nous réfugier dans des expédients intellectuels. Le dépliage de causes et de conséquences des évènements dramatiques qui ont frappé la France en janvier 2015 sont complexes et multifactoriels. Mais au final, une fois pris le recul et dépoussiéré de tous les parasites émotionnels le message du gouvernement peut se résumer abruptement à : L’école de la République va devoir supporter les impérities politiques de 30 ans d’ignorance, les errements géostratégiques de N. Sarkozy en Libye et plus tragiques, ceux de G. W. Bush dans ses aventures irakiennes.

Disclaiming

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Christopher Dombres

Soyons clairs, tout d’abord, il n’est pas question ici de 1/ minimiser les risques d’attentats, 2/ d’ignorer la nécessaire prise en compte de la surveillance et du renseignement pour se prémunir le mieux possible des risques  3/ de décréter que tout va bien. Les sobriquets en ces temps de surveillance et de punition s’abattent comme à Gravelotte et si l’on n’y prend garde, de se choper celui d’ « angélisme multiculturaliste » doublé de « culture de l’excuse ». Ce dont il vaut mieux, compte tenu de l’ambiance, se garantir.

Par quelle magie les guerres qui secouent le monde et déstabilisent des régions lointaines peuvent revenir au cœur même de l’Europe ? Alors que les clercs médiatiques tiennent l’explication sur l’enchainement des évènements. C’est  simple et limpide. Il n’y en a pas. Ce qui est arrivé est arrivé par le simple fait que ceux qui l’ont commis étaient issus d’une communauté religieuse et ethnique. Point.

Les experts savaient, eux

Le tour d’horizon vertigineux de ceux qui avaient tout prévu ressemble à une plongée en eaux troubles.  Leurs solutions sont élémentaires : soit la dilution dans un moule mythique Républicain (version la plus soft), ou l’évocation d’un grand refoulement hors des frontières de la France d’une partie de la population triée sur des critères éthnico-religieux (version hard). Si cette dernière solution est totalement aberrante, elle en dit long sur ce qui est intellectuellement possible aujourd’hui. Quant à la répétition pathologique des principes de la République comme de Mantras qui pourraient nous protéger des mauvais sorts, elle relève souvent d’une infirmité politique. Sachant que ces principes, liberté, égalité, fraternité et l’adjuvant de laïcité ne concernent qu’une maigre partie de la population. Celle qui n’en a absolument pas besoin. Les progressistes où ceux se qualifiant comme tels, ont décidé que l’école serait le lieu des rectifications. C’est certes plus constructif que le bannissement de populations, mais est-ce bien raisonnable (et efficace) ? À part gesticuler sur de grands principes pour se rassurer. On se souviendra également que pour la majorité des experts et des politiques, l’école et l’éducation n’était, il n’y  pas si longtemps, qu’un centre de coûts qu’il fallait « reformer ».

Le triomphe du courtermisme

On voit ici la tentative de filtrage d’une génération d’enfants que l’on soumet aux aléas des inégalités, mais que l’on souhaite redresser par un martelage idéologique de principes qu’on ne leur applique pas (égalité zéro, liberté zéro, fraternité zéro). Égalité Zéro, il faudrait évaluer combien de citoyens de Neuilly sur Seine possèdent autant que toute la ville de Grigny.. Liberté Zéro, à part celle de rester ad vitam dans les mêmes barres d’immeubles. Fraternité zéro,  facilement identifiable par le flot de haine déversé à longueur d’antennes sur la populace dangereuse. Quand au saupoudrage de laïcité, il sert souvent de paravent à la bouc-emissarisation. La seule issue est l’échec. Et sur le long terme, une catastrophe.

Les perdants du système perdent donc deux fois. Parce qu’en plus de subir les remontrances outrées de ceux qui faillissent depuis des décennies dans leur gestion de la ségrégation entre dominants et dominés, il faut aussi embarquer de nouvelles prérogatives scolaires. La normalisation des enfants dans le moule républicain. Dont on ne connaît pas bien les contours. En d’autres termes, et dans l’esprit étroit des gouvernants, la transformation des élèves des quartiers difficiles, terme euphémisant pour parler de zones économiquement abandonnées, en jeunes têtes blondes issues de la France rêvée des années 1920. Cette école qui ne réussit pas à donner à chacun la possibilité de gagner sa vie dans la jungle concurrentielle du marché va devoir se coltiner la mise aux normes des cerveaux réfractaires.

Vogelsong – 26 janvier 2015 – PAris

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