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L’école du 21 ème siècle

Publié le 31 janvier 2015 par Gilsplash @gilsplash

Je souhaite proposer ma vision de ce que devrait être l’école à notre époque.
En partant des questions suivantes:
Quel doit être le rôle de l’école dans notre société?
Quels sont les paramètres à mettre en place pour l’aider à accomplir ses objectifs?

Le rôle de l’école: constat

L’école républicaine consiste aujourd’hui à accueillir des jeunes pour leur fournir des enseignements visant à les insérer dans la société française.
Atteint-elle son objectif? Quel est le rôle des parents dans cet objectif?
S’insérer dans la société que cela signifie-t-il vraiment du point de vue de l’école?

L’école des trente glorieuses était une école valorisée, tant par les institutions, les médias et les parents des jeunes générations.

Carte blanche lui était donnée, et par là aussi aux enseignants.

L’école était une chance, elle était formatrice. Elle apportait des connaissances que les parents ne pouvaient pas apporter.

Les parents la respectaient et croyaient en ses capacités. Cette légitimité était transmise sans compromis aux enfants par leurs parents qui soutenaient l’effort scolaire et parfois de façon autoritaire, en les obligeant à s’y plier.

Les jeunes y emmagasinaient des connaissances visant à l’obtention d’un diplôme, garant de leur compétence et sésame à l’entrée dans la vie en société.

A la maison, le divertissement était synonyme de récompense et on apprenait en faisant, en aidant, en participant.

Aujourd’hui, l’école continue inlassablement a endossé ce rôle de détenteur de la connaissance et du savoir.

Les programmes ont peu changé et l’objectif reste le même: enseigner des connaissances.

Ce qui a changé, c’est tout le reste.
Tout a changé mais l’école elle, ne s’est pas mise à jour.

Le divertissement de masse, la consommation de masse, l’information de masse sont entrés chez les particuliers et ont bouleversé bon nombre de façons de vivre.

La famille a changé: le travail des femmes est devenu norme et les familles monoparentales sont devenues nombreuses. Ces changements n’ont rien de problématiques en tant que tels.

Ce qui les rend problématiques c’est que la société n’a pas évolué vers du moins pour le mieux.

Le travail des femmes en soi est une bonne chose du point de vue de l’égalité des sexes, néanmoins le travail des hommes n’a pas baissé en proportion. Il me semble en cela que la société de l’éducation a laissé place à la société du travail, en conférant à l’école le rôle de formation essentielle de l’enfant.

Le temps passé au quotidien entre parents et enfant a donc diminué et celui qui reste est généralement consacré aux loisirs. Pourtant passer du temps avec son enfant me semble primordial pour son éveil et entretenir et susciter sa curiosité et son émerveillement du monde.

Le problème est d’autant plus important que l’enfant se retrouve le plus souvent seul pour affronter un flot continu d’informations émis par la télé, internet et les réseaux sociaux.

Il est donc de plus en plus solitaire et en même temps confronté à une quantité d’informations inexistantes il y a encore quelques dizaines d’années, qui méritent plus que jamais, un vértiable accompagnement de la part des parents, afin de l’aider à prendre le recul nécessaire et à décrypter tous ces messages.

Les parents sont les premières victimes de ce choix de société du travail.

Ils s’en remettent donc à l’école qui, elle, n’a pas pris conscience de ces changements sociétaux et continue à enseigner des connaissances sans réellement se soucier si l’enfant est prédisposé à les recevoir.

Dans de nombreux cas, ce n’est plus le cas et cela explique en grande partie l’échec de nombreux enfants dans le système scolaire actuel.

Est-ce le rôle des parents de permettre à l’enfant de se développer comme individu, de réfléchir sur le sens de la vie, de le responsabiliser et de l’accompagner dans la découverte de son environnement et des autres ? Oui mais leur présence manque.

Est-ce aussi le rôle de l’école? Oui, aussi.

Est-ce que ce doit être sa priorité? Oui, plus que jamais!

L’école doit devenir le lieu d’éveil et de développement de l’enfant.

Il faut tout mettre en oeuvre pour que cette école forme des hommes et des femmes, des citoyens conscients et éclairés, curieux et respectueux de l’autre.

L’école élémentaire

Elle a de bons atouts pour atteindre ses objectifs: l’encadrement par un un voire deux par exemple est essentielle pour créer un climat de confiance et permettre à l’enfant de s’ouvrir et de partager.

Le nombre d’élèves par classe – 24 – s’il n’est pas rédhibitoire, fait tout de même partie des plus élevés des pays de l’OCDE, dont la moyenne est de 21. On peut envisager de faire de 20, le nombre maximum d’élèves par classe, quand on sait que cela permettra de consacrer davantage de temps aux élèves.

Du temps qui doit être utilisé à bon escient. La pédagogie employée doit selon moi reposer sur la pédagogie Montessori qui se définit comme une “aide à la vie”: l’objectif principal étant de favoriser l’autonomie et l’auto-correction de l’enfant.

Cf article pour en savoir plus sur Montessori.

Au delà de cette pédagogie, il me semble essentiel d’intégrer dès la maternelle la discussion sur des sujets concrets aussi bien qu’abstraits afin de fournir des réponses aux questions ambitieuses et infinies des enfants, de les faire réfléchir, de leur donner des clés pour comprendre le monde et se sentir des êtres pensants. Philosopher sur la vie c’est une activité de tous les âges, les premiers philosophes, ceux qui remettent le plus en question les choses sont les enfants. Vouloir éteindre cette flamme en l’étouffant de connaissances objectives n’a aucun intérêt. Faire qu’un enfant devienne un homme et un citoyen, c’est l’encourager à penser, lui proposer des manières de voir, ce n’est pas lui asséner LA vérité.

Lui donner à voir et à comprendre le monde, éveillera chez lui une soif de connaissances qui si elle n’est pas cassée par la volonté de créer une pensée unique, durera toute sa scolarité et sera le terreau de l’apprentissage des connaissances imposées par le programme.

Une des grandes erreurs de l’école actuelle c’est de vouloir semer les graines de la connaissance dans des têtes, dans lesquelles le terreau créé par la curiosité et la pensée multiple est absent.

Le secondaire – le collège

Puis l’écolier devient collégien.

En l’espace de trois mois, il passe d’une classe de 24 à une classe de 25 élèves.

Pas de quoi fouetter une mouche! (Je ne m’attarde pas sur le nombre d’élèves par classe qui est sans cesse abordé et montré comme un facteur prédominant dans les difficultés d’enseignement. Je ne peux être que d’accord avec cela.)

En l’espace de trois mois aussi, il passe ainsi d’un ou deux professeur(s) à … 9. (français, mathématiques, langue vivante 1, histoire-géographie-éducation civique, biologie, technologie, arts plastiques, musique et sport).

Est-ce bien raisonnable?

Nul besoin de trop se pencher sur la question pour voir que cette séparation n’existe pas dans l’intérêt des collègiens mais est plutôt la conséquence du système de formation des professeurs.

Ces mêmes professeurs qui se sont lancés dans des études spécialisées et qui ont choisi l’enseignement de leur spécialité.

Je ne souhaite pas remettre en cause la pédagogie des enseignants. Un spécialiste des mathématiques qui suit une formation pour devenir professeur possède généralement les compétences pour enseigner.

Ceci-dit, il me semble tout de même qu’une véritable réflexion a sa place au sujet de la formation des professeurs. Doit-on être spécialiste pour être enseignant ou doit-on avant tout vouloir être enseignant avant de se spécialiser?

Quelle est la priorité de l’école? Enseigner des connaissances, ou surtout bien les enseigner?

Mais revenons à nos moutons professeurs.

9 profs en 6ème, 11 en 5ème, 4ème et troisième.

Concrètement, un collégien fera face à son professeur de français 4h30 par semaine, et à l’inverse, 1 heure à son prof de musique et d’arts plastiques.

Il sera donc en contact 36 heures avec ses profs d’arts et 162 heures avec son prof de français, sur les 9 mois que comporte son année scolaire.

Jusqu’en CM2, il avait cotoyé son instituteur plus de 850 heures sur l’année scolaire.

Comment peut-on penser qu’un élève, aujourd’hui, puisse se sentir assez à l’aise et en confiance avec un professeur qu’il voit une à deux fois par semaine, qu’il ne connaît pas en dehors du programme et qu’il ne connaitra de toute façon jamais?

Du côté du professeur, comment croire qu’un professeur qui prend en charge trois voire quatre ou cinq classes de 30 élèves par semaine, peut connaître suffisamment ses élèves et leurs aspirations. Comment instaurer un climat de confiance, comment entretenir cette flamme, ce terreau nécessaire à la motivation et à l’apprentissage des connaissances et du savoir?

N’y a-t-il pas quelque chose à envisager afin que les conditions soient non pas optimales, mais moins aberrantes?

Il ne s’agit pas de vouloir reproduire le schéma de l’école élémentaire et son professeur unique: les enseignements du collège demandent des compétences dans des domaines spécifiques qu’un seul professeur ne pourraient avoir.

Pourtant, il me semble qu’à un niveau collège, un professeur de sciences devrait être capable d’enseigner aussi bien les mathématiques, la physique-chimie, la bio et la technologie.

Il passerait ainsi 8 heures avec ses étudiants de 5ème, 4ème et 3ème au lieu de 3h30 actuellement.

Il pourrait se consacrer davantage à eux, apprendre à mieux les connaître et n’aurait à gérer que deux classes par semaine au lieu de quatre: 50 élèves au lieu de 100.

De même un professeur d’histoire-géo, éducation civique pourrait prendre en charge l’enseignement d’une langue étrangère avec le soutien d’un professeur-assistant locuteur de la langue. Ces professeurs en devenir sous-exploités par l’Education Nationale par rapport à leur apport en terme de motivation vis-à-vis des élèves.

Ce ne serait plus 9 ou 11 professeurs mais seulement 4 qui encadreraient la formation de ces jeunes.

Et les bénéfices seraient réels pour tous, autant pour les professeurs que les étudiants. Il va sans dire qu’en étant plus en contact chaque semaine, en abordant des sujets différents, en faisant des activités différentes, du lien se créerait entre les élèves et les professeurs.

De la même manière, en décloisonnant de la sorte les matières, on permet plus facilement de les relier entre elles, de les voir comme un tout qui a du sens pour l’élève, loin du tumulte des informations glanées ici et là sur la toile qui désorientent plus qu’elles n’informent.

Ce temps supplémentaire passé ensemble laisse également plus de place au dialogue, du dialogue pour mieux s’appréhender et s’ouvrir à la connaissance.

Pourtant, afin de permettre que le dialogue commencé en primaire continue et évolue vers de vraies réflexions citoyennes, il serait nécessaire d’introduire la discussion philosophique au collège également.

Outre le fait que cela permettra de faire des cours de philosophie qui arrivent en Première au lycée comme un cheveu sur la soupe, des ateliers d’ébullition intellectuelle, et non pas des cours de théories abstraites, il s’agit surtout de redonner du sens au fait d’être au collège.

On sait combien l’adulte qui représente l’ordre établi, suscite chez tout adolescent le besoin de transgression. Donner du temps à la parole et à la réflexion lui permettrait de ne plus voir le professeur comme une figure d’autorité, parfois immuable, comme celui qui sait et dont le but ultime est de finir le programme. Mais le considérer plutôt. Le voir comme une personne adulte avec qui on peut parler, échanger, s’exprimer. Le rôle du professeur c’est aussi de permettre à l’adolescent de traverser cette étape de sa vie en gardant confiance en ses aînés.

L’école du 21 ème siècle mérite qu’on s’y attarde et qu’on y mette non seulement les moyens mais aussi la volonté d’en faire un service au service des enfants de la République.



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