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Santé : ces médicaments qui peuvent rendre fou...

Publié le 07 février 2015 par Bioaddict @bioaddict
Certains médicaments anticholinergiques consommés de façon prolongée par les personnes âgées pour traiter la dépression, la Maladie de Parkinson, les allergies ou l'incontinence urinaire, peuvent entrainer des risques irréversibles de démence et de Maladie d'Alzheimer.

Beaucoup de médicaments anti-dépresseurs tricycliques, anti-histaminiques, anti-muscariniques, ont des effets anticholinergiques. En agissant sur l'acétylcholine, un médiateur chimique du système nerveux central et périphérique, ils réduisent ou bloquent l'action de ce neuromédiateur, permettant ainsi d'obtenir une augmentation du tonus sympathique. Mais s'ils ont des effets bénéfiques importants, et très importants, sur beaucoup de symptômes et maladies, ils peuvent aussi avoir de graves effets secondaires neurologiques. Ces effets étaient jusqu'à présent considérés comme réversibles à l'arrêt du traitement. Cependant une étude publiée ce 26 janvier 2015 dans la revue scientifique américaine " JAMA Internal Medicine " et menée par une équipe l'Université de l'Etat de Washington à Seattle (Etats-Unis) *, vient de conclure que ce n'est pas toujours le cas et que la consommation prolongée par des patients âgés de certains de ces médicaments anticholinergiques, les antidépresseurs tricycliques, les anti-histaminiques de 1ère génération , et anti-muscariniques, pouvaient être associée à un risque de démence irréversible.

L'étude a porté sur 3 434 patients âgés de plus de 65 ans, qui ont consommé ces médicaments pendant 10 ans, et dont aucun ne souffrait de démence au début de l'étude. Les chercheurs ont constaté que 23,2 % avaient développé des symptômes de démence, dont la Maladie d'Alzheimer chez 79,9% d'entre eux. L'origine médicamenteuse possible de cas démence irréversibles et de la Maladie d'Alzheimer chez les patients soumis pendant de longues périodes à ces médicaments semble ainsi établie.

Heureusement beaucoup de ces médicaments ne sont plus, ou très peu, prescrits, en particulier les antidépresseurs de 1ère génération, et sont remplacés par de nouvelles molécules qui n'ont pas d'effet anticholinergique. Mais ils l'ont été, et très largement. Et le Quitaxon (doxépine) est toujours prescrit pour traiter la dépression. Par ailleurs, les effets secondaires neurologiques peuvent n'apparaitre qu'à distance.

Quant aux anti-histaminiques, en dehors de la Nautamine (diphénydramine), ils font largement partie de l'arsenal thérapeutique.

Enfin le Ditropan (oxybutinine), considéré comme le produit de référence dans le traitement de l'incontinence urinaire, est toujours prescrit.

Les auteurs de l'étude estiment ainsi qu'un patient qui consomme au moins 10 mg par jour de doxépine (Quitaxon), 4 mg par jour de diphenhydramine (Nausicalm, Mercalm...) ou 5 mg par jour d'oxybutynine (Ditropan) pendant plus de 3 ans, aurait un risque plus important de développement d'une démence dans les années suivantes.

Les auteurs recommandent donc aux médecins de ne prescrire les  médicaments ayant des effets anti-cholinergiques que s'ils s'avèrent indispensables, et s'il n'existe pas de médicaments de substitution, et de n'y recourir qu'à de faibles doses.

Si vous en consommez, sur prescription, ou que vous achetez sans ordonnance (anti-histaminiques), n'hésitez pas à demander à votre médecin de les remplacer, si c'est possible, pour éviter les risques potentiels d'effets secondaires neurologiques désastreux.

Vous pouvez trouver sur le site www.vidal.fr toutes les informations sur ces médicaments.

Hervé de Malières

*Shelly L. Gray, PharmD, MS; Melissa L. Anderson, MS; Sascha Dublin, MD, PhD; Joseph T. Hanlon, PharmD, MS; Rebecca Hubbard, PhD; Rod Walker, MS; Onchee Yu, MS; Paul K. Crane, MD, MPH; Eric B. Larson, MD, MPH.


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