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Ravage de René Barjavel

Publié le 15 janvier 2015 par Caroline @Lounapil
Ravage de René Barjavel

Ravage de René Barjavel,

Publié aux éditions Folio, 1995, 313 pages. Paris 2052; dans une France où la Ville prospère , où le Progrès de l'homme éclate, où l'électricité, devenue indispensable, a même remplacé l'agriculture, tout semble possible et l'Homme n'a même plus peur de la mort. Pourtant, après une formidable panne électrique, la ville est brusquement plongée dans le chaos.
Un panique effroyable prend les Parisiens, laissant les hommes en proie à leurs instincts les plus primaires: égoïsme, folie, pillages, tuerie, barbarie...

Ravage est un des titres phares de Barjavel que je n'avais pas encore lu. Après Les Dames à la Licorne , L'Enchanteur ou encore La Nuit des temps , je m'attendais à un roman dans la même veine: poétique, complexe, prenant. Je sors plus que déçue de cette lecture.

Comme dans tous les Barjavel (en tout cas, selon moi!), l'intrigue est longue à se mettre en place. Dans ce roman, nous sommes en 2052, en France, à Paris. Barjavel place son décor futuriste fait de voitures volantes, de combinaisons ultra-moulantes, d'écrans digitaux. On peut saluer encore une fois son écriture visionnaire. Il a écrit ce roman en 1942 et imagine déjà des prouesses technologiques qui seront réalisées un demi siècle plus tard.

Dans ce monde où la technologie et surtout l'électricité gouvernent tout, l'auteur nous présente ses personnages principaux. Il y a d'abord Blanche, une jeune femme ingénue qui rêve de faire carrière dans la chanson. Il y a aussi François, le provençal qui monte à la capitale pour y travailler. Ses personnages sont très marqués presque caricaturaux. Blanche apparaît bien vite niaise, ne sachant se débrouiller seule, avide de gloire et de reconnaissance, préférant l'amour de l'argent à l'amour tout court. Elle n'aura pas une grande place dans le roman et servira surtout de faire-valoir à François.

François apparaît au départ comme un provincial un peu bouseux, il faut le reconnaître. Il pense gagner l'amour de Blanche, réussir dans la vie, la bouche en cœur et avec toute l'insouciance de son âge. Ce sera le héros du livre: il prendra toutes les initiatives et ce roman sonnera pour lui comme un roman d'apprentissage. Les personnages possèdent peu d'épaisseur et se définissent surtout par leurs actes. La femme, une fois de plus, est perçue comme une petite chose délicate dont il faut prendre soin et qui suit le mouvement sans faire preuve d'aucune initiative.

Et puis, il y a l'intrigue. On ne sait pas vraiment pourquoi (la chose est peu claire et pas du tout expliquée), une catastrophe survient. Il n'y a plus d'électricité. Le monde s'écroule. La ville est " ravagée ". Après l'étonnement survient la peur puis la fureur et l'instinct de survie. Les hommes redeviennent des bêtes. Il faut trouver de la nourriture, de l'eau, de quoi se soigner et surtout survivre. François va donc prendre la tête d'une petite troupe pour l'amener hors de la ville, dans sa Provence natale.

Barjavel décrit un monde qui se disloque. La société civilisée n'a plus lieu d'être. Les hommes se battent, tuent pour s'approprier le moindre morceau de nourriture. Les personnages reviennent à l'état sauvage. L'auteur décrit des scènes souvent violentes, sanglantes qui reflètent un monde à la dérive. Je salue encore une fois le travail du romancier qui s'inspire sans doute du contexte dans lequel il vivait à l'époque: la seconde guerre mondiale et ses horreurs. Cependant, il y a un petit quelque chose qui fait que la plupart du temps je n'ai pas été effrayée par les scène décrites par l'auteur. Le plus souvent, les bagarres, batailles et autres exécutions se terminent d'une manière grotesque. Il y a toujours un personnage qui meurt d'une manière ridicule, pathétique ou qui se comporte comme un lâche. Est-ce une volonté de l'auteur ou simplement son style? J'ai eu l'impression de m'imaginer parfois une scène de dessin animé: c'est un peu comme le coyote qui poursuit sa proie, s'écrase d'une falaise d'une manière grotesque et risible et se relève complètement aplati. Ce monde qui se disloque ne m'a pas effrayée ou impressionnée comme ce fut le cas dans le roman La route de Cormac McCarthy.

Quant à la fin du roman, je l'ai trouvé étrange si ce n'est ridicule. François devient une sorte de dieu vivant, refusant tout technologie pour le bien de son peuple. Le côté mégalo m'a vraiment dérangée.

Je n'ai donc pas adhéré à ce roman qui m'a paru vieilli, surfait, parfois même grotesque. Il manque toute la poésie et la profondeur qu'on retrouve heureusement dans les autres romans de Barjavel.


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