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La gauche en dentelles

Par Pseudo

Ce magazine, c'est la voix de la gauche urbaine et branchée. La gauche élégante et péremptoire, celle qui sait, qui pense, se cultive, se vêt, se distrait, aime à bon escient, toujours à bon escient. Autant dire, selon les rites tribaux, sociétaux, propres à quelques arrondissements bourgeois, bohèmes, friqués, patriciens. Chics et tellement libéraux — au sens américain, bien sûr !

Le magazine n'aime ni ne flatte guère M. Hollande, qu'au fond il méprise. Trop peu de classe, M. Hollande — regardez-moi ce profil au garde-à-vous ! Et cet air benêt, emprunté, cette disgrâce naturelle, avec ou sans Julie Gayet. Et puis trop peu d'inclinations pour les choses de la culture. Un rustaud de Corrèze finalement, ce M. Hollande, façon Chirac. Un provincial... Et pour le magazine, ça c'est rédhibitoire.

Après tant de mois à m'être passé de sa lecture — je ne supportais plus son arrogante intolérance —, mais comme bien des événements venaient de marquer le pays, je tente une piqûre de rappel, pour voir : n° 2622, semaine du 5 au 11 février 2015, le dernier en date donc.

Et là... En pleine gueule, cela, 1ère de couverture, pleine page :

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On s'y reprend d'abord à deux fois. La photo gravure de mode, le texte surimprimé en légende, en lettres géantes : d'emblée c'est pas raccord ! Pourtant, mais si. Le dandy-dindon, dans son costume de précieuse ridicule, nez pincé, commissures dédaigneuses, œil mi-clos de contentement de soi, cet air suffisant de jeune cuistre : c'est bien ça qu'on a voulu pour incarner «la jeune garde du président» !

Alors il n'y a plus qu'à laisser partir cet irrépressible fou-rire, quitte à s'étouffer pour de bon.

Au bout du compte, de deux choses l'une : Ou L'Obs a fait dans le deuxième degré à l'acide, mais alors quelle cruauté à l'égard du dandy-dindon ! Et surtout quelle perfidie à l'endroit du président-pingouin, l'employeur de dindons... Ou L'Obs a bien composé sa une au premier degré, sans véritable malice, et là, ça en dit long sur l'époustouflante déconnexion de cette «gauche», de magazine ou de cabinet élyséen, par rapport à la sociologie et aux attentes du pays. Ce qui s'appelle passer de la gauche caviar à la gauche en dentelles... 

(Illustration : L'Obs n° 2622, 1ère de couverture, photo de Jean-Jacques Barberis, conseiller conjoncture et commerce extérieur à l'Élysée)

 


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