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Des dettes qui font date : l'endettement pour endoctriner les peuples.

Publié le 16 février 2015 par Plusnet

Des dettes qui font date : l'endettement pour endoctriner les peuples.

À l'Allemagne qui, comme d'autres, attend de la Grèce qu'elle règle ses dettes, cette dernière lui rappelle qu'elle n'a pas été toujours si exigeante lorsqu'il s'agissait de régler ses propres dettes.

On se souvient peut-être que si Hitler est parvenu au pouvoir, c'est parce que, après la défaite allemande de 14/18, l' Allemagne avait une dette si colossale, conséquente aux réparations des dommages subis par les autres pays, dont le montant était fixé par le traité de Versailles, ( lien) qu'elle était devenu insolvable, plongeant le pays dans la misère et le chômage, et que c'est sur ce ferment que le triste dictateur nazi était parvenu au pouvoir.
Il est aussi intéressant de rappeler les promesses qu'avait fait le dictateur teuton : " donnez moi 4 ans et vous ne reconnaitrez plus l'Allemagne "... lien
4 ans plus tard, les acquis sociaux étaient détruits et les libertés fondamentales étaient bafouées...en effet, l' Allemagne était devenue méconnaissable, mais pas dans le sens espéré par les citoyens allemands. lien
Lors de la 2 défaite de 39/45, il y avait aussi une dette importante que l' Allemagne devait régler. lien
Mais la leçon de Versailles n'avait pas été oubliée, puisque seul un traité raisonnable peut garantir une paix durable, et les alliés décidèrent à l'époque d'être plus cléments qu'en 14/18 et, comme le rappelle l'historien Michel Hau, spécialiste de l'histoire économique de l' Allemagne, les alliés avaient, lors d'une déclaration en octobre 1950, posé le principe suivant : " les 3 pays sont d'accord que le plan prévoit un règlement adéquat des exigences avec l'Allemagne dont l'effet final ne doit pas déséquilibrer la situation financière de l'économie allemande via des répercussions indésirables ni affecter excessivement les réserves potentielles de devises "... lienOK
En clair, il ne fallait pas assommer une nouvelle fois nos voisins vaincus d'outre Rhin...
Il s'agissait donc de trouver " un règlement adéquat de la dette allemande qui assure à tous les participants une négociation juste en prenant en compte les problèmes économiques de l'Allemagne "... lien
En clair, il fallait être moins exigeants...
Et c'est logiquement, le 27 février 1953 que les 21 créanciers de la RFA décidèrent de réduire la dette de 62%.
Le détail de l'accord passé à l'époque avec l' Allemagne est sur ce lien
Si l'on prend un peu de recul, après le traité de Versailles, qui a plongé l' Allemagne dans le marasme que l'on sait, et donné naissance au nazisme, il n'est pas inopportun de faire un parallèle avec la situation grecque, où l'on sait que le parti d'extrême droite " aube dorée ", tout comme les nazis allemands des années 30, ont de plus en plus de succès auprès de la population. lien
Pourtant la totalité du groupe néo nazi se trouve sous les feux de la justice pour " appartenance à une organisation criminelle " après l'assassinat du rappeur antifasciste Pavlos Fyssas, le 18 septembre 2013. lien
Mais revenons à l' Allemagne.
Les alliés des années 50, outre la réduction drastique de la dette allemande, avait accordé un moratoire de 5 ans, donné un délai de 30 ans pour le remboursement, tout en limitant celui-ci à 5% de ses revenus d'exportation.
Ajoutons pour la bonne bouche que dans le cas d'une mauvaise conjoncture, étaient prévus une suspension des paiements, et une renégociation des conditions.
Les taux d'intérêt avaient été réduits, et les demandes de réparation renvoyées aux calendes grecques... justement.
Alors quel vent mauvais pousse la chancelière allemande, et quelques autres, à être si exigeants avec les grecs, sachant que le montant de la dette de leurs pays est si important qu'il sera impossible définitivement d'en assurer un jour le remboursement, d'autant qu'à l'époque des années 50, la Grèce figurait parmi les 21 créanciers à avoir consenti tous ces arrangements à l' Allemagne ?
Le nouveau dirigeant grec, lui, ne l'a pas oublié, et avait déjà écrit en février 2013 : " procéder à rebours des petits traités de Versailles qu'imposent la chancelière allemande Angela Merkel et son ministre des finances Wolfgang Schäuble aux pays européens endettés, et nous inspirer de l'un des plus grands moments de clairvoyance qu'ait connus l'Europe d'après-guerre ". lien
Pour aller plus loin dans la réflexion du chef du gouvernement grec, sachant que le montant de la dette est de 321,7 milliards d'euros, ( lien) en appliquant à la Grèce les mesures qui avaient été prises en faveur de l' Allemagne en 1953, soit un allègement de 62%, la dette serait déjà réduite à 199,4 milliards...
Le moratoire de 5 ans consenti à l' Allemagne devrait logiquement aussi s'imposer avec la Grèce, avec en prime un délai de 30 ans...en le limitant à 5% des revenus d'exportation.
Et puis, la justice devrait permettre de diminuer cette dette en lui enlevant les 50 milliards dus encore par l' Allemagne à la Grèce.
Car, en effet, et c'est assez mal connu, l' Allemagne avait largement pillé les ressources grecques pendant la seconde guerre mondiale, et la dette allemande vis-à-vis de la Grèce, n'était pas couverte par l'accord de Londres de 1953.
Mais il y a mieux, Alexis Tsipras a repris sa calculette et la dette dont l' Allemagne serait redevable à son pays dépasserait largement 50 milliards, atteignant 162 milliards. lien
Mais l' Allemagne a refusé à plusieurs reprises de reconnaitre cette dette, affirmant que 70 ansaprès la guerre, cette demande a perdu sa légitimité...
Pour l'instant, la seule réaction que s'est autorisé l' Allemagne a été de reconnaitre, en mars 2014, sa faute vis-à-vis de la Grèce, envoyant son Président, Joachim Gauck, déposer des fleurs devant un monument commémoratif. lien
N'y a-t-il pas une contradiction à refuser en 2014 de valider une dette, et à la même date, de reconnaitre sa faute vis-à-vis du pays grec ?
Comme l'écrit Pascal Riché dans les colonnes de l' Obs : " on peut donc dire que depuis la guerre, l'Allemagne a fait défaut sur sa dette à 2 reprises : en 1953 et en 1990. Ce qui ne l'a pas rendu plus compréhensive pour autant vis-à-vis des pays débiteurs "...y compris pour la Grèce. lien
Mais voilà, Angela Merkel a la mémoire courte, et elle trouve des soutiens inattendus en Europepour continuer de plonger les grecs dans la désespérance...y compris de la part de François Hollande qui pourtant voulait, avant son élection, " renégocier le traité européen ". lien
C'est peut-être parce que Merkel est née en 1954 et qu'elle n'a jamais entendu parler de la décision du 27 février 1953...ou alors qu'elle n'aime pas l'histoire. lien
L'histoire en effet ne semble pas trop passionner la chancelière allemande, surtout depuis que quelques investigateurs se sont penchés sur son passé découvrant qu'elle aurait fréquenté, il n'y a pas si longtemps, les mouvements néo-nazi, présents dans le centre de jeunes néo-nazis d' Elbterrasen, à Magdebourg. lien
La chancelière s'en défend affirmant qu'elle a travaillé dans ce lieu " pour dissuader les jeunes des idées néo nazi ". lien
Le temps qui passe apportera-t-il la vérité ?...
En tout cas, si la chancelière affirme avoir combattu par le passé les mouvements néo-nazi, ça ne semble pas avoir empêché sa progression, puisque le mouvement d'extrême droite anti-islam Pegida serait fort aujourd'hui de 17 000 membres. lien
On se souvient qu'à l' automne 2014, à Cologne, les ultras du groupuscule " hooligans contre les salafistes " s'étaient illustrés en ravageant plusieurs mosquées, ( lien) et en défiant les forces de police germaniques, mêlant salut nazi et doigts d'honneur, provoquant des blessés dans les rangs des forces de l'ordre. lien
Quittons l' Allemagne et la Grèce mais restons sur la question des dettes, afin de découvrir un bon client en la matière bien connu en France pour être un important fournisseur d'énergie... EDF pour ne pas le nommer.
L'entreprise nationale aurait placé de l'argent dans des paradis fiscaux...
Avaaz évoque un manque à gagner pour l'état qui serait de l'ordre de 60 à 80 milliards par an, grâce à des placements opaques, dénoncés récemment et dont l'effet domino pourrait bien toucher non seulement EDF, mais aussi Total, et quelques autres.
Total se sentant menacé a annoncé la fermeture de toutes ses filiales dans les paradis fiscaux.
Lors du G20 qui s'est tenu le 9 février 2015 à Istambul, l'affaire SwissLeaks a été évoquée, ( lien) et Michel Sapin, présent à ce sommet demande à EDF d'être exemplaire en matière de lutte contre l'évasion fiscale. lien
Aurait-il quelques doutes ?
Pour Avaaz il s'agit de combattre l'évasion fiscale et de condamner la disparition de cet argent public, et l'association s'adressant à Jean Bernard Lévy, PDG d' EDF " exige la transparence sur les activités de l'entreprise à l'étranger, demandant à ce patron de publier la liste de ses filiales et de ses placements, l'exhortant à arrêter au plus vite ces placements douteux, et à payer ses impôts comme nous tous ".
On peut signer leur pétition sur ce lien.
Comme dit mon vieil ami africain : " un zèbre sans rayure, c'est comme un homme sans culture ".
L'image illustrant l'article est de Irc-lagauche.be
Merci aux internautes de leur aide précieuse
Olivier Cabanel

Source : CentPapiers


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