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Bad lieutenant : escale a la nouvelle orleans - 7,5/10

Par Aelezig

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Un film de Werner Herzog (2010 - USA) avec Nicolas Cage, Val Kilmer, Eva Mendes, Vondie Curtis-Hall, Brad Dourif

Polar halluciné.

L'histoire : La Nouvelle Orléans, après le passage de l'ouragan Katrina. Après avoir sauvé un prisonnier sur le point d'être noyé dans sa cellule, le sergent McDonagh est promu lieutenant. Mais pendant son acte héroïque, il s'est gravement endommagé la colonne vertébrale et souffre intensément. Les petites pilules de son médecin ne suffisent pas, il se met à la coke (il aimait bien, déjà, mais à titre festif...), et il lui faut bientôt des doses de plus en plus importantes. La drogue change son comportement, et il est prêt à négocier avec ceux qu'il est censé traquer pour avoir sa dose. Il est pourtant sur une lourde affaire : une famille de cinq personnes a été abattue dans les quartiers chauds de la ville, probablement une vengeance entre dealers.

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Mon avis : Ce film est un remake de Bad Lieutenant d'Abel Ferrara (1993). Il me semble bien qu'il avait - comme tout remake - fait l'objet d'attaques en série. Je n'ai pas vu le premier, une lacune qu'il me faudra combler, mais en tous cas je voulais connaître celui-là, à cause de Nicolas. Et je n'ai pas regretté : le comédien est complètement à l'ouest, sous acide, à croire qu'il se shootait pour de vrai sur le plateau ! J'adore quand Nicolas joue des rôles d'allumé total ! Je suppose que certains l'auront trouvé caricatural, cabotin ; c'est vrai, mais c'est Cage. On aime ou on n'aime pas.

L'histoire n'est pas 100 % originale ; des flics borderline, on en a vus beaucoup. Mais celui-là vaut quand même son pesant de cacahuètes, grâce à l'acteur, une histoire solide, et des seconds rôles bien habités. Les délires visuels de McDonagh sont un peu bizarres, car ils arrivent comme un cheveu sur la soupe et ils ne sont pas nombreux, donc on a un peu de mal à les lier avec le reste, et à savoir ce que viennent soudain faire dans la scène ces iguanes ou alligators... Mais à part, ce petit défaut, j'ai vraiment suivi ça de bout en bout avec un grand intérêt.

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Et puis, il a un côté attendrissant, ce flic, parce qu'on sait qu'il se drogue à cause de souffrances physiques insupportables. Alors que son entourage se libère de ses addictions (Frankie, son père...), lui ne peut pas, ne veut pas, parce que les médicaments du toubib sont insuffisants... Cependant, la came n'explique pas tout ; on sait dès le début qu'il a parfois des pulsions quelque peu agressives. Disons qu'il tombe du côté obscur de la force... comme Dark Vador, qui malgré sa noirceur, reste d'abord et avant tout mon petit Annakin...

L'ambiance est glauque à souhait, avec cette pauvre ville dévastée par l'ouragan, surtout les quartiers qui étaient déjà misérables, forcément... Les catastrophes, sur les riches, c'est toujours moins catastrophiques. Le milieu de la drogue, la prostitution, la racaille en tous genres... Brr, on n'est pas chez les Bisounours.

Contrairement à ce que je croyais, les critiques sont plutôt bonnes mais si quelques uns n'ont pas aimé du tout. A priori, c'est côté public que ça n'a pas suivi.

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Ils adorent : "Surgi de nulle part, ignorant royalement sa lourde ascendance, confié à un cinéaste revenu au sommet (...), ce Bad Lieutenant version 2010 saisit d'abord par sa beauté détachée et sans âge." (Les Cahiers) ; "Entre polar ultra-violent et satire surréaliste, cette nouvelle version sous coke de Bad Lieutenant permet aussi de retrouver Nicolas Cage tel qu'on l'aimait dans les années 90, à savoir imprévisible et barré mais aussi touchant à ses heures. Une curiosité à découvrir absolument." (FilmsActu) ; "Il y a longtemps qu'on n'avait pas vu Nicolas Cage aussi convaincant. Hurlant de douleur ou parfaitement allumé, l'acteur américain livre une interprétation baroque assez sidérante." (Le Parisien) ; "Les âmes sensibles et les amoureux d'un cinéma sage ne passeront pas par ce polar excessif et fascinant sis dans La Nouvelle-Orléans de l'après-Katrina. Ceux qui oseront pénétrer dans son univers s'offriront des moments de francs délires et de vrais frissons." (20 minutes).

Ils n'aiment pas : "Le flic ripou, pervers et drogué incarné par un Nicolas Cage, de plus en plus risible, n'a pas la fièvre de l'original incarné par Keitel. Herzog se contente de filmer le script en y ajoutant quelques reptiles." (L'Humanité) ; "Avec son remake mou de Bad Lieutenant : escale à La Nouvelle-Orléans, il continue dans la veine hallucinée et pose à l'Artiste Inspiré (...) C'est un pantouflard de l'aventure." (Le Nouvel Obs) ; "Un polar sans intérêt, sur les traces d'un flic ripoux (...) images déformées, couleurs retouchées, scènes imbéciles. Sans son habituel attirail de globe-trotter, Herzog apparaît pour ce qu'il est : un cinéaste médiocre, tâcheron appliqué à la préservation de son mythe de cinéaste plus ou moins maudit." (TéléCinéObs).


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