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Un lieu/une histoire: Si tu parles pas, on te noie dans la Vltava à Prague

Publié le 25 février 2015 par Romain Delannoy

Les saints le sont parce qu'ils ont souffert au nom de Dieu et ont soit disant eu une vie irréprochable, allant souvent jusqu'à affirmer leur foi sans craindre le martyre. Certains ont été torturés, écartelés, brûlés mais aujourd'hui ce n'est pas le feu mais l'eau qui va consummer le personnage d'aujourd'hui avant d'être canonisé bien sur.

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Jean Népomucène y a été jeté

Il faut commencer par planter le décor. Nous sommes à Prague, en Bohême (on ne parlait certainement pas de République Tchèque à l'époque). Cela fait quelques siècles maintenant que ces païens de l'Est ont été convertis au christianisme et ils sont soumis au Saint Empire romain germanique. C'est le roi de Bohême, Venceslas IV, qui les gouverne. Celui-ci porte le nom d'un des premiers rois de Bohême, le saint national dont la statue équestre aujourd'hui trône encore sur la place centrale. Depuis quelques temps déjà, la capitale de Bohême avait changé et ne cessait de grossir, ce qui nécessita la construction d'un pont pour se faire rejoindre la Vieille ville au quartier de Mala Strana. Ce pont qui emjambait la Vltava, le fleuve praguois, avait pris des allures gothiques comme le voulait le prédecesseur de Venceslas IV, Charles IV, seul empereur venu de Bohême et qui avait été impressionné par le style artistique venu de France. Mais comme nous sommes à une époque médiévale, imaginez le sans les statues actuelles.

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La porte de la mort

Le décor est planté, il faut laisser entrer les personnages. Le roi Venceslas IV et Jean Népomucène ne se sont jamais vraiment entendus et leurs rancoeurs allaient bientôt exploser, au grand dam du religieux. Il avait eu la mauvaise idée d'être le confesseur de la reine Sophie. Que pouvait-elle bien lui dire? Se plaignait-elle des prouesses sexuelles de son mari? En avait-elle marre de vivre une vie de princesse? Avait-elle envie de courrir nue les cheveux au vent dans son immense jardin? Toutes ces questions ne sont que fantasmes et ne trouveront jamais de réponse. Et c'est bien là que réside le problème. Jean Népomucène, comme un bon confesseur, décida de garder tous les secrets pour lui. Or, Venceslas IV exigeait qu'il lui dise tout sur les dires de sa femme. Mais rien à faire, s'il avait existé du scotch, le Jean se le serait collé sur la bouche. Il refusait de trahir la reine et c'est le roi qui désormais se sentait trahi par le clerc. Il sombra même dans une psychose ahurissante, pensant que les deux avaient une liaison. Jean Népomucène serait-il un bourreau des coeurs? Non, certainement pas. Il fallait trouver une raison. On l'arrêta, le tortura mais quand on est fidèle, on est fidèle. Pour finir, face à son insolence, Venceslas IV n'eut d'autre choix que de le balance dans la Vltava et le pauvre Jean périt noyé. Cette histoire vraie donnera lieu à une légende praguoise que je vous conterai un jour. Les catholiques décideront de canoniser ce personnage du XIVe siècle en pleine Contre Réforme contre les protestants et c'est ainsi que Jean Népomucène se fit célébrer.

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Jean de Népomucène est même à Bruges


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