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Y a-t-il de la place pour une troisième roue sur le vélo téléphonique?

Publié le 03 mars 2015 par _nicolas @BranchezVous
Y a-t-il de la place pour une troisième roue sur le vélo téléphonique?The Verge">"> Exclusif

Quatre-vingt-seize virgule trois pour cent. C’est la part du marché des téléphones intelligents que se sont partagé Android et iOS en 2014. Y a-t-il de l’espoir pour les systèmes rivaux?

À titre de comparaison, lors de l’élection présidentielle russe de 2012, Vladimir Poutine a obtenu 63,6% des votes. Or, voter pour ses adversaires est un tout petit peu plus risqué que de choisir un BlackBerry au lieu d’un Galaxy S6.

Ils ont pourtant bien essayé.

BlackBerry a changé de nom, lancé des appareils mieux reçus que les précédents, tenté de se distinguer de toutes les manières imaginables.

Microsoft a acheté Nokia, transplanté Cortana de Halo jusque dans ses téléphones et même rendu sa plateforme gratuite (façon de parler) pour les manufacturiers de tierces parties.

Mozilla a lancé Firefox OS dans une trentaine de pays; pas ici, ni aux États-Unis, ni en Chine, mais tout de même dans des marchés intéressants comme l’Inde, le Brésil et l’Union européenne.

Il paraît même que, si on cherche assez longtemps, on pourrait trouver trois ou quatre exemplaires du Z1 de Samsung, le vaporwarissime téléphone Tizen OS, quelque part dans les rues de Bangalore ou de Mumbai.

Résultat : les 93,8% de parts de marché que se partageaient Android et iOS en 2013 se sont effondrées à… euh… non, en fait elles ont augmenté à 96,3% en 2014, selon les statistiques compilées par la firme de recherche IDC.

Quelques comparaisons boiteuses

Oui, 96,3%, c’est beaucoup. À titre de comparaison, lors de l’élection présidentielle russe de 2012, Vladimir Poutine a obtenu 63,6% des votes. Or, voter pour ses adversaires est un tout petit peu plus risqué que de choisir un BlackBerry au lieu d’un Galaxy S6.

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Autrement dit, s’attaquer à un monstre bicéphale comme iOS et Android ces jours-ci, c’est à peu près aussi raisonnable que d’essayer de détruire une Étoile de la Mort en tirant au pif parce que le fantôme d’un vieux bonhomme qu’on connaît à peine nous a ordonné par télépathie d’éteindre notre ordinateur de vol super sophistiqué.

Oui, ça a marché pour Luke Skywalker, mais George Lucas n’écrit pas le scénario de la réalité. N’essayez pas de prétendre le contraire.

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Même si Windows Phone triplait soudainement sa part de marché pour atteindre 8%, il constituerait toujours le produit aux performances les plus gênantes de Microsoft.

Mais y a-t-il quand même un prétendant qui pourrait se tailler une place enviable entre les deux rois de la jungle en 2015? Ça semble improbable.

Considérons d’abord le no 3 mondial dans le domaine : Windows Phone, à 2,7% de parts de marché. À première vue, il s’agit du candidat le plus sérieux, d’autant plus que Windows Phone a connu une petite croissance en 2014 en termes d’unités vendues et que Microsoft espère sûrement faire des vagues avec Windows 10 plus tard cette année.

Mais même si Windows Phone triplait soudainement sa part de marché pour atteindre 8%, il constituerait toujours le produit aux performances les plus gênantes de Microsoft. Or, Satya Nadella a la mèche courte avec les divisions peu efficaces; on a pu le constater dans le dossier de Xbox Entertainment Studios, par exemple. Ironiquement, Windows Phone est donc peut-être plus susceptible de disparaître que ses concurrents moins populaires.

BlackBerry? Avoir fini 2014 ailleurs qu’à l’encan de liquidation constitue une victoire en soit, mais après avoir encore perdu les trois quarts de sa clientèle en 2014 par rapport à l’année précédente, la compagnie ne pèse plus que 0,4% du marché mondial. On passe à un autre appel.

Les autres? 0,6% si l’on additionne les résultats de tout le monde. Il faudrait un miracle.

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En fait, compte tenu de l’état actuel du marché, il faudrait que l’un des leaders implose pour qu’un rival puisse réaliser une percée.

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Ce ne sera pas iOS, puisque Apple accapare 93% de tous les profits du marché et que sa clientèle est d’une fidélité déconcertante pour la concurrence.

Android constitue peut-être une cible plus vulnérable. Oui, il occupe 81,5% du marché et les livraisons d’appareils roulant sous l’une ou l’autre de ses trop nombreuses versions ont dépassé le milliard en 2014. Mais il y a un os : les manufacturiers d’appareils Android, y compris Samsung, n’encaissent à peu près pas de profits.

Il y a donc une opportunité, pour Microsoft, d’attiser le mécontentement des manufacturiers et de les convaincre que Windows Phone est un produit supérieur qui leur permettra de gagner plus d’argent. Il restera ensuite à convaincre les consommateurs qu’ils ont, eux aussi, intérêt à changer d’écosystème.

Comment y parvenir? Aucune idée. Et compte tenu des résultats médiocres de Windows Phone dans le passé, il est peu probable que ce genre de stratégie réussisse même avec les meilleurs arguments du monde.

Mais l’Étoile de la Mort semblait invincible, elle aussi.


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