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On jase de langues avec les Lemming Ways

Publié le 06 mars 2015 par Feuavolonte @Feuavolonte

Mardi dernier, le 3 mars, je me suis pointé au party de lancement / écoute en boucle du premier album homonyme des Lemming Ways au Quai des Brumes. J’ai pu m’y entretenir avec le leader et fondateur du groupe, Marc Étienne Mongrain.

Marc Étienne Mongrain/Crédit photo Mathieu Aubre

Marc Étienne Mongrain/Crédit photo Mathieu Aubre

Tout d’abord, il faut dire que l’ambiance dans la salle n’était pas nécessairement due au public qui s’y est présenté. Un gros total de 15-20 personnes assistaient réellement à l’écoute de l’album avec le groupe, en plus des quelques habitués du bar. C’est plutôt l’organisation qui volait le spectacle avec des montagnes de chips sur les tables, de la bonne bière et la musique du trio en ambiance. Arrivé une demi-heure  en avance, je m’assois à une table avec Marc Étienne Mongrain, chanteur, guitariste et claviériste du groupe pour discuter un peu de son dernier bébé.

En entrée de jeu, il me dit que l’album est encore tout frais dans sa mémoire et qu’il n’a pas vraiment le recul nécessaire pour m’en parler de façon détachée. Ce travail musical, c’était une élaboration de longue haleine, répartie sur pas moins de trois ans et entrecoupée de périodes de travail – il faut dire que Marc Étienne est un photographe assez occupé – et d’un changement soudain de batteur, Gabriel Lemieux-Maillé qu’on retrouve sur l’album ayant cédé sa place à Philippe Bilodeau. Le groupe est aussi resté fidèle à ses racines: 4 des 10 chansons de l’album sont directement tirées de Two Poles (2012), précédent EP de la formation.

Pourquoi avoir organisé un party d’écoute plutôt qu’un show de lancement plus traditionnel? Pour le chanteur, un lancement de ce type n’est pas un passage obligé pour les artistes qui ont choisi de faire de la musique en anglais. «Quand tu es un groupe francophone, tu fais un lancement en espérant que le gars du Devoir, de La Presse ou du Voir va être dans la salle, qu’il fasse un article sur toi et que t’aille un buzz autour de ta musique pendant 24-48 heures.» Il continue en m’expliquant que la situation des artistes anglophones est complètement différente puisqu’ils ont l’avantage de bénéficier d’une éventuelle couverture hors-Québec et ont plus de chances de se lancer dans une tournée ailleurs au Canada. Bien placé pour témoigner, le groupe a d’ailleurs vu l’album The Lemming Ways faire l’objet d’un article et d’un streaming sur le site du magazine canadien Exclaim! avant même d’apparaître dans les pages du Voir. Il ajoute finalement que «tant qu’à dépenser pour un lancement d’album, j’aime mieux économiser pis m’acheter une van pour faire une coupe de shows aux États-Unis.»

Ne pouvant m’empêcher de continuer dans la même veine, je lui lance une question à laquelle il avait déjà plus ou moins répondu dans une autre entrevue pour assister au phénomène par moi-même: «Imagines qu’un politicien un peu dogmatique, genre PKP, se présente à un de tes shows et te crie son fameux ‘‘En français s’il-vous-plaît!’’. Qu’est-ce que tu lui réponds?» Marc Étienne est visiblement choqué par le propos et se lance dans le vif du sujet. Pour lui, la situation des langues dans la musique est visiblement problématique. La classe politique se révèle malhonnête par rapport à l’art: une journée Arcade Fire reçoit les clés de la ville de Montréal par le maire et le lendemain, un autre semble vouloir gagner des votes en clamant que la musique anglophone est un danger pour la langue française. Pour le leader des Lemming Ways, l’anglais est au contraire peu menaçant en art et elle lui sert principalement à acquérir une certaine visibilité ailleurs qu’à Montréal.

Ceci dit, ce n’est pas non plus de visibilité qu’il manque. Le groupe est déjà en train de planifier des spectacles, souhaitant bien entendu pouvoir mener une éventuelle tournée au pays des Conservateurs.

Questions points bonus

Le nom Lemming Ways, ça vient d’où?

Une joke avec quelqu’un qu’il a rencontré alors qu’il était en cure de désintox: les deux gars voulaient se partir un band ensemble. L’autre lui avait proposé The Hemmingways comme nom à l’origine. Quand Marc lui a demandé qui écrirait les chansons, il lui a répondu que c’est lui qui devrait le faire, ce à quoi il a répliqué, non sans une pointe d’humour noir, que c’est lui qui devrait donc choisir le vrai nom du band et que The Lemming Ways serait plus approprié.

L’album que tu as le plus écouté dans la dernière année et est-ce que ça a influencé l’album?

L’album étant en route depuis 2-3 ans, il n’a pas vraiment été influencé par ses écoutes du moment, surtout que ça consiste pas mal en musiques un peu noisy, rien de trop mélodique. Quant à ce qu’il a le plus écouté dans les derniers temps: Kanye West.

Sur une échelle de ‘‘vieux biscuit soda qui a pris l’humidité’’ à ‘‘poutine extra-bacon’’, où est-ce que tu situerais ton dernier album?

Affirmant n’avoir pas trop de recul, il me dit «poutine gratinée, mais pas de bacon». Un album, donc, qui promet!

Pour écouter la musique du groupe en ligne, vous pouvez visiter leur page Bandcamp ou tout simplement vous procurer leur album.


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