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Tinashe : l'entertainment sauce 90's

Publié le 08 mars 2015 par Urbansoul @urbansoulmag

Ce samedi 7 février, je n’étais pas à Forest National mais au Trix, à Anvers. Mais Dieu sait comme j’aurais aimé avoir le don d’ubiquité juste pour ce soir-là. Parce que mon cœur a longtemps balancé entre le grand art de D’Angelo et la fraîcheur de Tinashe. La jeune femme de 22 ans m’a fait du pied dès que je l’ai vue mettre le feu chez Jimmy Kimmel en octobre dernier. Et puis il a fallu que D’Angelo annonce un concert le même jour. Allais-je risquer de ne plus jamais avoir l’occasion de revoir le roi de la nu soul sur scène (il a bien mis 14 ans avant de sortir un nouvel album, après tout) ? Et puis, me procurerait-il autant de kiffance que Tinashe ? Car je ne vais pas vous mentir : si Black Messiah a beaucoup plus tourné chez moi qu’Aquarius, je ne suis pas une fan de la première heure non plus. Bah oui, désolée de vous décevoir, mais je n’étais pas une enfant précoce écoutant Brown Sugar à 6 ans – j’ai découvert la légende qu’est Michael Eugene Archer sur le (très !) tard. Donc finalement, mon choix était fait. Sauf qu’il a fallu que je tombe sur la performance de D’Angelo dans Saturday Night Live. À nouveau c’était le bordel dans ma tête. Et je doutais encore une fois arrivée au Trix…

Quelle ne fut pas ma surprise déjà en constatant qu’elle était programmée dans la salle Club (j’aurais sans doute été moins étonnée si j’avais lu mon billet), qui n’a qu’une capacité de 430 personnes. La scène me semblait tellement petite comme je me suis demandé comment si ses danseurs allaient participer, d’autant plus qu’une batterie trônait au beau milieu du podium. Mais Tinashe est bien venue accompagnée, après une entrée en solo cachée derrière un masque à oreilles de chat décoré de pierres scintillantes à la Margiela. Soutenue par quatre danseurs et un DJ, l’Américaine a donné de la voix, boostée par un peu de reverb et par des PBO aux refrains préenregistrés lui donnant la liberté de faire son show sans jamais revenir essoufflée derrière son micro.

Malgré mon mètre septante-deux qui me permet généralement d’être mieux lotie que d’autres en matière de champ de vision, j’avoue malheureusement que je n’aurai pas pu profiter pleinement de ses chorégraphies entre les nombreuses asperges et les smartphones presque constamment levés mais j’en ai au moins suffisamment vu que pour affirmer que ce petit bout de femme a su déployer énormément d’énergie et occuper tout l’espace en prenant soin d’accorder de l’attention à tout son public, avec lequel elle échangeait régulièrement des regards pleins de tendresse et de reconnaissance (c’était l’instant Bisounours).

Proposant un spectacle très fluide, j’ai été ravie de la voir interpréter des titres de ses deux premières mixtapes, à l’instar de Boss (In Case We Die – 2011) et Ecstasy (Reverie – 2012) ainsi que Vulnerable (qui a ouvert le show), Stunt et Midnight Sun de l’excellent projet Black Water (2013). Mais si c’est ce qui aura paradoxalement entraîné une certaine frustration : quand on a trois mixtapes derrière soi et un album, pourquoi se contenter d’une heure de concert à peine, en écourtant au passage certains morceaux pour en évincer un couplet ?

C’est toutefois l’unique bémol que j’adresserais à sa performance qu’elle a conclue en rappelant qu’elle avait commencé son parcours solo dans un petit home studio. Et je pense que ça a tout à fait le mérite d’être souligné : parce que la chanteuse touche à la production, écrit et ose prendre les choses en main quand le label ne suit pas (elle a ainsi financé elle-même son dernier clip Bated Breath). Et elle se débrouille finalement bien mieux que d’autres artistes plus populaires avec beaucoup plus de moyens : Tinashe a su faire le show avec beaucoup d’amour et de passion et sans aucun artifice. Mais elle n’a pas eu besoin de nous jeter de la poudre aux yeux à grands recours d’effets spéciaux et projections pour séduire l’ami qui m’accompagnait : alors qu’il ne connaissait que deux chansons à tout casser (et c’est en comptant Body Language !), il a littéralement passé tout le concert à shazamer chaque titre. Parce que prêcher un convaincu, c’est bien sympa, mais le véritable challenge reste de trouver de nouveaux adeptes… et le défi me semble ici largement relevé.


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