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Vienne et la Sécession au temps de Klimt

Publié le 10 mars 2015 par Mpbernet

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Salomé

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Judith

portrait de jeune fille

L'exposition s’intitule : Au Temps de Klimt, la Sécession à Vienne. On y raconte, de la façon très didactique qui est la marque de fabrique de Marc Restellini,  le développement de l'art en Autriche-Hongrie à la fin du XIXème siècle, avec cet événement majeur que constitue la Sécession viennoise, jusqu'aux premières années de l'expressionnisme. Quelques visiteurs frustrés de voir « seulement» une vingtaine d’œuvres de Gustav Klimt (1862 – 1918) sur les 180 exposées … en profiteront pour y prendre une leçon d’histoire.  

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les génies de la poésie

Car c’est le contexte qui prime. Celui d’une capitale européenne de la culture de 2,5 millions d’habitants en croissance exponentielle, qui rivalise avec Paris, de sa bourgeoisie cosmopolite qui construit des immeubles de rapport et des palais le long du Ring, ce boulevard circulaire qui remplace des fortifications arasées … Comme toujours, la querelle gronde entre les « anciens », tenants de l’académisme en peinture et l’historicisme en architecture et la jeune génération qui entretient des relations étroites avec les artistes européens. Et les jeunes, en 1897, vont faire « sécession ». Des expositions, une revue « Ver Sacrum », un Palais orné d’une extraordinaire coupole de feuillage doré (mais elle manque à la maquette ici exposée), des peintures fortement influencées par le symbolisme, des arts décoratifs – bijoux, céramiques, mobilier – bien dans le style qui fleurit en Europe à cette même Belle Epoque qui va se fracasser sur les horreurs de la Grande Guerre.

Tina Blau, Théodor Hörmann, Josef Engelhart, Max Kurzwell, Théodor Hörmann ou bien Carl Schuch, Koloman Moser, Adolf Loos, Josef Hoffmann et l'Atelier viennois, forment le cercle où s’épanouit l’art de Gustav Klimt qui fut le premier président de cette nouvelle école. Plusieurs de ses productions montrent ici son évolution. Depuis des nus masculins très académiques, les reproductions des immenses fresques qu’il a réalisées « la Philosophie », « la Médecine » ( il manque " la Jurisprudence") pour le hall de l’Université et qui provoquent le scandale alors que la première remporte la médaille d’or à l’Exposition Universelle de Paris en 1900, des portraits de femmes au regard brillant ou de jeunes filles bien sages et puis trois œuvres majeures, jamais vues à Paris.

D’abord, la reproduction de la Fresque Beethoven conçue en 1902 pour la 15ème exposition du mouvement dans le hall d’entrée du palais de la Sécession. Ici on l’admire en vrai grandeur (24 mètres de long et 2,20 mètres de hauteur). Une évocation onirique du chevalier en armure qui serait un portrait de Malher,  puis les forces du mal, avec trois gorgones, des serpents partout, un singe effrayant, le contraste entre le support laissé brut et les applications de dorure incrustées de pierreries, une esquisse du célèbre « baiser », des femmes longilignes, la lyre du poète …

Ensuite, on reste sans voix devant les deux évocations de la femme fatale : Judith qui tient dans les plis de sa robe les cheveux d’Holopherne et Salomé qui s’appuie, mais à peine, sur celle de Jocanaan. Klimt n’oublie pas que son père était orfèvre : on admire particulièrement les bijoux qui ornent le cou de ces dames.

Un autre intérêt de l’exposition est aussi de rappeler que la Sécession, c’est aussi la musique (Mahler, Schönberg), les arts décoratifs et l’architecture (H. Hoffmann, Otto Wagner, Adolf Loos), la littérature (R.M. Rilke) et même la psychanalyse (S. Freud). Hélas, on ne peut admirer qu’en photo la maison aux majoliques ou aux médaillons, la Caisse d’Epargne postale et ses meubles fonctionnels. On s’étonne cependant devant l’étrange fauteuil «Knieschwimmer» d’A. Loos … Tout ce foisonnement d’Art Nouveau débouche sur l’expressionnisme cruel d’Egon Schiele et d’Oskar Kokoschka … et l’éclatement de l’empire multi-ethnique du François Joseph et de l’impératrice Sissi.

Au Temps de Klimt, la Sécession à Vienne, exposition à la Pinacothèque de Paris, ouvert tous les jours, 8 rue Vignon – Paris 8ème – métro Madeleine, 16 €.


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