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Un tramway nommé désir

Publié le 12 mars 2015 par Dukefleed
Un tramway nommé désir
« Prendre le tramway nommé Désir et changer à la station Cimetière » tout est dit


Blanche Dubois vient de vivre trois ruptures (perte d’emploi , de son logement et perte de mari / veuve) rejoint sa sœur à le Nouvelle Orléans après une très longue séparation. Stella, sa sœur, vit avec son mari ; Stanley, un ouvrier aux manières rustres très éloignés de la bourgeoise Blanche. Mais la bourgeoise est déchue et va devoir cohabiter avec le couple dans un tout petit appartement. Dans ce huis clos, la tension va crescendo ; surtout dès lors que Stanley a la sensation d’avoir été flouée d’un héritage par sa belle sœur.Adapté de la pièce de théâtre de Tennessee Williams, ce film aborde multiples thèmes très ambivalents : le manque d’amour, la fragilité des êtres, la peur de vieillir, la hantise de la mort ; la destruction de l’individu, la quête de la pureté, la domination, le mépris ; mais ne choisit pas de ligne directrice franche. La faute à la censure peut être. Aborder l’homosexualité, la folie et le viol est compliqué à l’époque. Ce film n’est donc pas digne de l’attrait qu’il suscite car pour l’époque, il posa trois problèmes majeurs. Le premier portait sur le passé de Blanche DuBois, nymphomane notoire et renvoyée de l’école où elle enseignait pour avoir eu une relation avec un élève mineur : sur ce point, le dramaturge et le réalisateur durent édulcorer certains dialogues et couper certains plans (rajoutés dans la nouvelle version proposée en 1993), notamment celui où elle demande à un jeune garçon de bien vouloir l’embrasser. Le second point concernait les raisons pour lesquelles le jeune premier mari de Blanche s’était suicidé : dans la pièce, il est clairement dit que celui-ci a mis fin à ses jours parce qu’il ne pouvait assumer son homosexualité ; pour l’adaptation, Blanche dit seulement (dans une scène d’une très grande beauté par ailleurs) que le jeune homme était d’une délicatesse qu’elle n’avait pas su comprendre, le mot « homosexualité » étant tout simplement proscrit par la censure. Le troisième point concerne enfin la scène de viol entre Blanche et Stanley, qu’on devine avant tout par le symbole du miroir brisé lorsque les deux personnages luttent, et par le refus final de Stella de retourner vivre avec son mari. Même jusque dans la musique, à la fois moite et vénéneuse, d’Alex North, la censure est intervenue. Elia Kazan usera d’astuces de mise en scène pour contourner la censure et se verra même couper plusieurs scènes ; résultat, le film est peu lisible. De fait, la lente dégringolade vers la folie confine au ridicule. On voie bien que tous ces personnages sont sur le fil du rasoir, sur les nerfs et au bord de l’hystérie. Les rapports sont tendus et fiévreux mais s’approche parfois de la gesticulation… surtout pour Vivian Leigh, elle-même maniaco dépressive et très proche de son rôle. Brando, lui, est une bête imprévisible, mesquine et cruelle ; un sacré jeu d’acteur moderne qui tranche avec celui de Vivian Leigh… Et dire que du quatuor d’acteur du film, seul Brando reparti bredouille des Oscar ; alors que sans lui le film serait aujourd’hui hyper daté.L’histoire n’est pas inintéressante, mais c’est surtout la révélation d’un acteur XXL. Et puis çà donne envie de se plonger dans la littérature américaine 
Sorti en 1951

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