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Faim, texte de Sylvie Nève, interprété par la Compagnie des filles de l'ogre

Publié le 13 mars 2015 par Onarretetout

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Le titre met en appétit. Le nom de la Compagnie me met sur mes gardes. Mais le texte mis en scène était le Poème du petit Poucet. Alors, je savais que ça se terminerait bien. Comme le dit Elzbieta ailleurs. Et, cette fois, les enfants du bûcheron et de la bûcheronne ont tourné « sept fois leur langue / au fond des poches » vides. La pauvreté n’est pas qu’un conte. La pauvreté oblige à faire des comptes. Quand il n’y a pas d’argent, il n’y en a pas. Quand il y en a, c’est tout de suite parti et il n’y en a plus. La pauvreté, c’est les riches qui s’en nourrissent. Il le disait déjà Charles Perrault. Mais je n’y avais pas fait attention. Pour moi, le Petit Poucet, c’était l’histoire d’un enfant, d’un tout petit malin et courageux. Dans le texte de Sylvie Nève, l’ogre se nourrit de la chair fraîche des enfants pauvres. Ça me fait penser à la Modeste proposition de Swift, où, pour préserver les riches, il suggère d’engraisser et de manger les enfants des pauvres. Ça me fait penser aussi aux ouvrages de Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon à propos de la Violence des riches, qui sont sans foi ni loi. C’est peut-être à cause de la sauce financière que réclame l’ogre pour accommoder son repas. Mais la découverte ne s’arrête pas là. Il y a les fameuses bottes de sept lieues. Cette fois, j’y ai vu une représentation de la mondialisation. Perrault n’y avait peut-être pas pensé en ces termes mais la capacité à se déplacer rapidement au-dessus des collines et par-dessus les fleuves, pour « arpenter de vastes territoires » (tandis que les bûcherons n’ont qu’un petit bout de la forêt à arpenter) est encore un privilège de riches. 

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« Il était une fois
« coutelas, odorat d’ogre
« à grands pas qui ébranlent la forêt
« anciennement la forêt de
« tous les garçons et les filles
« sangliers, biches, voraces
« sept filles, poplités dodus
« sept garçons sous un coffre
« il était bien mince cachette
« il était une fois un père qui
« cailloux, genoux, poux, or
« il est sans foi, cet homme-là
« sent sept foies »

J'ai vu ce spectacle à la MJC Théâtre des Trois Vallées de Palaiseau (91)


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