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Critique Ciné : Big Eyes, les gros yeux de Tim Burton

Publié le 17 mars 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

Big Eyes // De Tim Burton. Avec Amy Adams, Christoph Waltz et Danny Huston.


Je pense que l’on pourrait demander à Scott Alexander et Larry Karaszewski d’écrire une série judiciaire ensemble car la scène de procès dans Big Eyes est tout simplement jouissive à souhait. C’est hilarant et dès que l’on est devant, on n’a pas envie d’en perdre une miette. C’est une très bonne chose d’ailleurs car les deux sont les créateurs de American Crime Story, la futur série produite par Ryan Murphy qui racontera l’histoire du procès de O.J. Simpson. En somme, parfait pour ces deux là. Mais le scénario de Big Eyes ne repose pas que sur cette excellente scène, mais également sur tout un tas d’autres scènes, grandement aidé parfois par le casting. Cette fois-ci, Tim Burton a décidé de ne pas donner de rôles à Johnny Depp et Helena Bonham Carter, ce qui permet de faire d’autres choses et de donner l’impression que Tim Burton ne fait pas vraiment du Tim Burton. Alors que l’on retrouve son ambiance, son goût pour les couleurs et les choses bien rangées (la petite banlieue rappelle celle de Edward aux Mains d’Argent par exemple), etc. c’est un film qui a donc une vraie identité mais qui a aussi évolué.

BIG EYES raconte la scandaleuse histoire vraie de l’une des plus grandes impostures de l’histoire de l’art. À la fin des années 50 et au début des années 60, le peintre Walter Keane a connu un succès phénoménal et révolutionné le commerce de l’art grâce à ses énigmatiques tableaux représentant des enfants malheureux aux yeux immenses. La surprenante et choquante vérité a cependant fini par éclater : ces toiles n’avaient pas été peintes par Walter mais par sa femme, Margaret. L’extraordinaire mensonge des Keane a réussi à duper le monde entier. Le film se concentre sur l’éveil artistique de Margaret, le succès phénoménal de ses tableaux et sa relation tumultueuse avec son mari, qui a connu la gloire en s’attribuant tout le mérite de son travail.

Big Eyes c’est peut-être ce que Tim Burton peut faire de mieux à présent. après le médiocre Dark Shadows et le mauvais Alice au Pays des Merveilles, cela faisait un sacré bout de temps que je n’avais pas vu un film (live) aussi bon de Tim Burton (car son Frankenweenie était délicieux comme tout, mais c’est dans une autre catégorie qu’il faut le ranger). Quoi qu’il en soit, cette histoire me rappelle un peu ce que Tim Burton avait fait avec Big Fish. Il y a la même candeur, la même fantaisie dans l’image sans pour autant nous donner l’impression que l’on est dans le Tim Burton le plus extravagant. C’est donc un film beaucoup plus réfléchi, qui prend le temps de peindre sa toile. Il y a des scènes, notamment lorsque l’on voit notre héroïne sur la route et que la verdure borde cette dernière, tout semble peint, comme les peintures de Margaret. Afin de transformer son idée de biopic en solide film, Tim Burton use d’un script qui maîtrise du début à la fin son histoire. Il y a bien évidemment quelques moments de battement où l’on se demande où est-ce que cela peut encore nous emmener. Notamment lors de la première demi-heure mais rapidement les engrenages se mettent en marche et le film devient alors assez délicieux dans son ensemble.

Car finalement, le délice là dedans c’est de voir Big Eyes utilise à merveille Amy Adams et Christoph Waltz. C’est la première fois qu’il dirige ces deux acteurs et je dois avouer que cela apporte une vraie fraicheur à la filmographie de Tim Burton. Ce dernier avait pour habitude de nous offrir les mêmes acteurs à toutes les sauces alors au bout d’un moment, même si j’aime bien Johnny Depp, ce n’est plus possible d’en faire sa muse et de l’utiliser à tire larigot. Finalement, Big Eyes est donc une bonne surprise, pas le meilleur film de Tim Burton mais certainement son meilleur depuis pas mal de temps maintenant. Le souci c’est que Tim Burton a tendance à nous surprendre quand on ne s’y attend pas du tout et pour le coup, cela fonctionne terriblement bien. Même des personnages secondaires comme celui de Krysten Ritter servent le récit à merveille car ils parviennent à apporter un petit truc en plus. Tim Burton n’oublie pas non plus le côté sombre de son histoire et il la met en scène de façon très subtile et discrète, loin de ce qu’il a pu faire par exemple dans Dark Shadows où il faisait sa Famille Adams en version extravagante sans grande saveur.

Note : 7.5/10. En bref, une petite pépite.


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