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Hazaribagh (Jharkhand - Inde)

Publié le 20 mars 2015 par Bijoliane2

Il est 22 heures, la télé braille au rez-de-chaussée de l’hôtel, les garçons parlent fort, ça résonne dans toute la montée d’escaliers, ma chambre est juste sur le palier du premier au-dessus de la réception, aux premières loges pour les échos qui ne s’arrêteront qu’à une heure du matin et je suis heureuse. Heureuse de me retrouver dans cet hôtel d’Hazaribagh qui était un peu miteux et qui est maintenant resplendissant de propreté et repeint à neuf. L’équipe de garçons de service n’a pas changé, le patron est toujours le même et ça me fait chaud au cœur de revoir tout ce monde que je connais depuis des années, qui me font des coucous avec la main, des namasté, des grands sourires… Le garçon qui vient me servir des légumes et une chapati dans ma chambre, pas le temps de chercher un restaurant, nous sommes arrivés très tard, est toujours le même, et voyant les bananes sur la table, me demande s’il peut en manger une et la dévore dans ma chambre. Soupçonnerais-je une légère faim… ou même une sous-alimentation pour ces garçons ? J’en ai tellement vu dans tous les hôtels, courir toute la journée dans les étages et manger enfin quand les clients dorment tranquilles, vers 11 heures du soir. Comme hier soir dans le Shatabdi Dehra Dun Express, dans le wagon de première classe, les garçons qui servent le goûter (thé, petits biscuits, fruits secs) puis le dîner, dévoués, serviables, jouant les équilibristes avec leur dizaine de plateaux entassés qu’ils distribuent devant chaque personne posément et qui se retrouvent assis par terre en tailleur en train de manger les plateaux restants, coincés entre les toilettes et les étagères à bagages vers 11 heures du soir… Tout ce petit peuple au service qui ne compte ni ses heures ni ses pas, certainement contents d’avoir du travail et qui vivent dans des conditions qui feraient trembler de désespoir un militant syndical.Ce matin, pour aller plus vite, j’ai pris l’avion. Avec un effort depuis une semaine pour voyager léger : juste un sac à dos qui pèse 6, 3 kg sur la balance de l’aéroport. Je me trouve remarquable ! Une heure quinze de vol au lieu d’une nuit de train, c’est payant… surtout quand le billet d’avion est moins cher qu’un billet de TGV Lyon-Roissy. Petit coup au cœur quand amorçant sa descente vers Ranchi, la capitale de l’état du Jharkhand dans le Nord-Est de l’Inde, l’avion a remis les gaz et est remonté vers les nuages. Le pilote a simplement expliqué que l’atterrissage n’étant pas génial de ce côté, il faisait le tour pour prendre la piste dans l’autre sens… Why not ? Je ne m’étonne plus de rien. Incredible India !A la sortie de l’aéroport, je me fais accoster par un journaliste, interview, photo.. Je serai probablement dans le journal local demain matin. (et oui, je confirme ! photo à venir !) C’est dire comme le Jharkhand qui fait pourtant des efforts démentiels au niveau de la publicité pour faire venir les touristes, a besoin de conforter son image auprès du public, surtout indien, car quel occidental va s’amuser à venir ici ? Surtout avec les dernières émeutes dans le district de Gumla où je vais justement demain ! Ceci dit, pour les amateurs de jolie campagne et de nature, de villages typiques au bord de rizières, si on sort des carrières, des mines, des bassins fétides de décantation et des villes polluées il y a des choses à voir. A condition d’être accompagné par quelqu’un du cru.
Trois amis m’attendent à l’aéroport, des travailleurs sociaux (Ekta Parishad et NSVK) militants pour les droits de l’Homme ce qui veut signifie ici, le droit à la terre, à l’eau, à avoir un toit sur sa tête, à la dignité, à l’hygiène (bientôt les toilettes obligatoires pour accueillir les jeunes mariées ? Ce serait bien !) et pour cela faire à longueur d’années des centaines de kilomètres de marches non-violentes pour arriver à faire plier le gouvernement pour l’application des lois déjà mises en place ! Ils m’annoncent tout de suite le programme, nous filons au Forest Meeting Hall, beau bâtiment en cours de réfection car laissé à l’abandon jusqu’à présent et réhabilité, repris en main par des militants déterminés, pour une importante réunion afin de renforcer la participation des gouvernements local et central au management de la forêt (très habitée par des peuples tribaux facilement « éjectables » face aux demandes des industriels) en Inde. Le programme est en anglais… mais les débats sont en hindi, dommage car ils semblent vraiment dignes d’intérêt, même si le mien se dilue doucement dans les brumes vaporeuses de l’endormissement. J’ai le plaisir de faire la connaissance de M. Sanjay Upadhyay, avocat à la Cour Suprême de Delhi, fervent défenseur de l’environnement qui ne m’en veut pas d’avoir fermé les yeux pendant son intervention. Sur les vingt personnes présentes, seules trois femmes sont là, bien discrètes, mais c’est un début.Birendra, mon « interface » habituelle et qui me sert de traducteur, orateur qui visiblement a suscité un grand intérêt car il est vraiment du terrain, part ce soir pour une conférence nationale à Gwalior. Bonne occasion pour me débrouiller avec mes trois mots de hindi et la bonne volonté de Ram Swarup, militant éloquent en hindi, qui sait entraîner les foules, et Sarju, d’une gentillesse à faire fondre une belle-mère indienne mais intraitable sur le prix du kilo d'oranges.Le groupe que j’accompagnai en février avait vidé ses poches à l’aéroport des roupies qui restaient sans emploi et forte de ce petit pécule nous cherchons tous les quatre avec le chauffeur comment nous pourrions dépenser cet argent utilement pour la petite école tribale que le « comité Lacim (Les amis d’un coin de l’Inde et du monde) » que j’ai monté pour ça parraine depuis déjà deux ans. Entre deux évitements de camions : « et si nous achetions des boites de crayons de couleurs ? » Puis sur l’autoroute entre Ranchi et Hazaribagh à plus de cent à l’heure (la route est bonne, c’est une deux fois deux voies) : « plutôt des cahiers ou des livres d’apprentissage de l’alphabet ? » Entre deux hoquets de peur car les phares que je vois arriver en face, non, ils ne sont PAS de l’autre côté de la séparation mitoyenne de l’autoroute, euh !…ça passe, le chauffeur zigzague, le mobile collé à l’oreille, collé aussi aux pneus par une voiture derrière qui use son klaxon sur des kilomètres, « et si on achetait des ventilateurs ? Il va commencer à faire chaud… », c’est plutôt moi qui transpire dans les sinusoïdales routières et je pense que ces gamins ont depuis toujours l’habitude de la chaleur et qu’il y a peut-être des choses plus intéressantes à acheter. Et puis avant d’arriver à Hazaribagh, en se faisant doubler par un bus local par la gauche (on roule à gauche en Inde ne l’oubliez pas) l’idée lumineuse : le soleil se couche à 18 h 30 à peu de minutes près et les gamins n’ont pas d’électricité pour faire leurs devoirs et manger. Si on trouvait des lampes solaires ? Et voilà comment je me trouve en ce moment, saine et sauve une fois de plus, en train de recharger dans ma chambre d’hôtel deux grosses lampes superbes rechargeables à l’électricité dont une en plus au soleil, que nous allons tester demain soir à l’école.Merci aux personnes du groupe de Terre du Ciel d’apporter la Lumière ! Beau symbole ! et d'une grande utilité je peux l'assurer... voir bientôt la suite !

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