Il faut revenir à une idéologisation de la société !

Il n'y a plus d'idéologies ! Elles sont mortes avec la chute du mur ! Comme par hasard ceux qui défendent ce discours sont aussi ceux qui soutiennent qu'il n'y pas d'autres alternatives que la politique austéritaires et libérale menée en Europe, les tenants du fameux TINA (There in no alternative). Évidemment, ils ont tout faux, non seulement les idéologies ne sont par mortes, mais elles ont toujours existées sous une forme ou une autre, et elles sont aujourd'hui plus que jamais nécessaires. Attention, quand je parle "idéologies", je ne pense pas forcément au communisme, au socialisme, au libéralisme ou encore au fascisme, mais aux grands courant de pensée qui structurent la société et dont ils ne sont que les avatars.

En effet, je pense profondément que toute société,quelle qu'elle soit est traversée par au moins 4 grands courants de pensée : révolutionnaire, réformiste, conservateur ou réactionnaire.

Les révolutionnaires sont, selon moi, ceux qui veulent changer en profondeur la société, démocratiquement ou pas, pour redonner le pouvoir au peuple. Les réformistes sont conscients qu'il y a des imperfections dans la société mais veulent la changer par petites touches, en restant dans le cadre législatif. Pour les conservateurs, les grands équilibres sociaux et sociétaux sont à garder, tout juste faut-il de temps en temps corriger les inégalités les plus criantes. Les réactionnaires, quant à eux, sont pour un changement radical de société, là encore pas forcément de façon démocratique, mais une société qui serait hiérarchisée verticalement et immuable.

Attention ! Pour moi, les choses sont plus compliquées qu'une simple division de la société en gauche et en droite, puisque je pense que chaque parti, chaque groupe, voire chaque individu est traversé à un moment ou à un autre et de façon plus ou moins forte par l'un de ces courants de pensée.

Pour mieux me faire comprendre, je prends un exemple. Le débat autour du mariage pour tous, le mariage homosexuel plus exactement s'y prête parfaitement. Pour les plus révolutionnaires, la question n'est pas tant le mariage gay que la fin du mariage considéré comme bourgeois. Pour les réformistes, il s'agit de réparer une injustice, celle de donner aux homosexuels les mêmes droits que les autres, et de le faire dans le cadre de la loi, pour les conservateurs, la loi actuelle suffit amplement, il ne faut pas, ou alors à la marge, la changer. Quant aux réactionnaires, ils sont pour une interdiction de l'homosexualité, à l'image de certains intégristes religieux. Évidemment, je caricature à l'excès, mais chacun, je pense, pourra s'inscrire peu prou avec des nuances dans l'une de ces catègories.

En fonction des sujets, chaque parti politique est traversée par chacun des courants de pensée. Cependant, à l'évidence, les idées révolutionnaires sont plus importantes à l'extrême-gauche, mais une partie des écolos, voire de l'extrême-droite (je ne parle pas des leaders mais des citoyens parfois bernés par un discours trompeur). Les réformistes se trouvent à l'évidence au PS, au centre, mais aussi de plus en plus (malheureusement) chez les communistes qui abandonnent peu à peu leur idéal révolutionnaire et chez une grande partie de la droite. A droite, c'est là que se trouvent nombre de conservateurs, mais également de plus en plus de socialistes ou de chevènementistes. Quant aux réactionnaires, enfin, ils se trouvent en grande partie à droite ou à l'extrême-droite. Là encore, je simplifie fortement, mais grosso-modo, je pense qu'on s'y retrouve.

Comme on le voit, il n'y a pas qu'une seule idéologie, mais plusieurs écoles de pensée qui combinées ensemble peuvent donner de multiples façons d'envisager la société. Revenir à des débats idéologiques, ce serait revenir à une politisation de la société, prendre conscience enfin, qu'à chaque question, il n'existe pas une solution mais plusieurs et que chacune d'entre elles va puiser sa source vers un ou plusieurs courants de pensée. Re-idéologiser le débat, c'est lutter contre l'uniformisation de la pensée.