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"Breaking Bad" - Vince Gilligan

Publié le 20 mars 2015 par Paulo Lobo
Depuis un peu plus d'un mois, Nancy et moi, on attend les fins de soirée avec fébrilité, on jubile d'avance, une fois que les enfants sont couchés, on se jette un coup d'oeil complice et on se dit "on s'en fait un ?".Je veux parler, bien sûr, de la série "Breaking Bad". Oui, en l'espace de quelques semaines, on a englouti l'intégrale de la saga, cinq saisons, 62 épisodes, à raison d'un, deux, parfois trois épisodes par soir.  Faut dire qu'il s'agit là un objet télévisé hautement addictif  - une fois que vous commencez à regarder, ça ne vous lâche plus, vous en voulez toujours plus, vous êtes toujours dans l'impatience de connaître la suite de l'histoire.J'ai été bluffé et fasciné par cette espèce de tragédie moderne centrée sur un personnage hors du commun: Walter White. Mister White. Heisenberg. Dr Jekyll et Mr Hyde. Un être ambigu, manipulateur, dangereux, terriblement intelligent, terriblement tourmenté. J'ai rarement vu une figure à laquelle en tant que spectateur on voue autant d'amour et de haine réunis. Un personnage et un acteur inoubliables: Bryan Cranston. Au départ, Walter nous apparaît comme un prof de chimie un peu paumé, surdoué certes, mais qui a passablement raté sa vie sur le plan professionnel. Un Américain moyen sans histoires, envers lequel sa famille - sa femme Skyler, son fils Walt Jr ainsi que sa belle-soeur Marie et Hank, son policier de mari - adopte un regard pour le moins condescendant.Survient alors un tournant dans le destin de Walter: à l'aube de ses 50 ans, il apprend qu'il est atteint d'un cancer avancé. Que faire? Il décide de faire face, mais de la façon la plus surprenante qui soit: avec l'aide d'un ancien élève, Jesse Pinkman, il s'initie à la fabrication de méthamphétamine, et s'invente un double inquiétant, Heisenberg.Voilà, ce furent 62 épisodes haletants, troublants, avec un mélange des genres virtuose: thriller, comédie noire ou burlesque, mélodrame, western... Les scénaristes ont mis au point un récit dense qui jamais ne perd en intensité, la construction narrative est éblouissante. Quant à la mise en scène, elle est truffée de trouvailles visuelles et gère habilement le suspense et la complexité psychologique. Et quelle maîtrise à la fois dans les moments intimistes et dans les grandes accélérations du récit. Il y a là une compréhension profonde et une refonte intelligente de plusieurs cinémas, Tarantino, Kubrick, Coppola, Eastwood, Cronenberg, Coen. Certaines séquences sont absolument magnifiques. La photographie est un pur bonheur visuel.En même temps, "Breaking Bad" peut se voir comme métaphore de l'arrivisme à l'américaine, de la fascination pour les armes à feu, de la hargne anarco-libertaire de ce pays (notre monde occidental?) où la seule morale qui compte, c'est celle d'amasser pouvoir et fortune, au profit d'une d'une sacrosainte famille (une famille en réalité totalement minée par le mensonge et la défiance)."Breaking Bad" est la meilleure série qu'il m'ait été donné de voir depuis très longtemps!

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