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Un poème de Tahar Bekri

Publié le 22 mars 2015 par Onarretetout

Le poète tunisien Tahar Bekri avait pris la plume après les attentats contre Charlie Hebdo. Aujourd'hui, son texte vaut aussi pour son pays. 

Tahar Bekri, poète né en Tunisie vivant à Paris depuis 1976, avait écrit un poème après les attentats du 7 janvier. Au lendemain de ceux survenus dans son pays natal, l'auteur confie au Point Afrique : « Hélas, il peut parler aussi de Tunis ».

Place de la République

Et je marche le long de l’hiver
Le front en sueur comme l’arbre nu
Je ne sais si c’est la nuit qui tombe lourde
De mes paupières
Ou mon pas qui tremble au cœur de la houle
Tant de déserts aux bannières sombres
Me clouent à la stupeur enchaînée à la poussière

D’où te vient asphalte cette sanie noire
Leurs chars rasant mes primevères
Les prières sans salut les mausolées en débris
Voici leurs becs de vautours leurs griffes d’ombre

Et je marche sans visage
Parmi les décombres le sourire en berne
La cécité couvrant ma vue
Tant de balles pour faire tarir l’encre
Enterrer votre amour
Vieilles cités de lumière
Voici drapés dans leurs linceuls les hérauts du paradis
Ennemis des rivières
Violeurs des sables et des pierres

Et je marche dans la Nuit qui perd sommeil
Sur les Hashashins sans Alamut
Sur le serpent allié à l’hydre d’hier
La gorge nouée de mille morsures
Dans les vallées aux grottes d’enfer
Cette brûlure braise et cendres confondues 

Frères sœurs je marche parmi vous
Doucement sur la terre
Profanée par ces vivants nourris des morts 

Ce sont vos plumes alertes
Comme des brins de soleil
Au plus haut de ma main
Que je sacre chants de liberté

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