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Nuits de Fourvière et Jazz à Vienne : ces festivals pour les riches ou le règne de l'entre-soi

Publié le 25 mars 2015 par Etsinonrien
Nuits de Fourvière et Jazz à Vienne : ces festivals pour les riches ou le règne de l'entre-soiCa y est, les programmations des festivals Jazz à Vienne et des Nuits de Fourvière ont été dévoilées cette semaine et il y a de quoi s'extasier devant des scènes plus prometteuses les unes que les autres. Ces deux festivals ont toujours été des incontournables depuis que je vis à Lyon. Pas un été sans que j'aille maltraiter mon postérieur sur les gradins en pierre de ces deux théâtres antiques, mais toujours pour le plus grand plaisir de mes oreilles et de mes yeux.Les habitués le savent : il y a ce moment magique pendant un concert où tes poils se hérissent, où tu as le sentiment de vivre un moment si particulier, si unique, où tu es en symbiose avec les autres spectateurs face à un artiste qui partage, le plus souvent avec une générosité sans bornes, sa passion pour la musique. Moi qui viens d'un milieu prolo et immigré, je peux vous dire qu'assister à des concerts m'a grandement aidé à assouvir ma soif de curiosité, à m'ouvrir à la culture et, au final, à gravir les marches de l'échelle sociale. Ca a commencé en 1993, dans une petite MJC dans laquelle se produisait Miossec, qui peinait alors à percer et ça ne s'est jamais arrêté.Mais ça, c'était avant.  Je dirais, à vue de nez, jusqu'en 2008. Je n'ai pas remis les pieds aux Nuits de Fourvière depuis. Pour Jazz à Vienne, j'ai réussi à tirer jusqu'en 2013, profitant souvent de places que l'on m'offrait.Depuis, c'est les vaches maigres côté festivals. Rien n'a changé de mon côté, je vous rassure, je gagne même plus d'argent qu'avant. Par contre, les artistes sont visiblement devenus plus gourmands au niveau de leur cachet et les prix des billets se sont envolés en quelques années.  Dans l'absolu, je pourrais me payer ces concerts, parfois en me serrant un peu la ceinture, c'est vrai. L'année dernière j'étais prête à débourser 180€ pour aller voir Stromae en famille, en vain d'ailleurs, car la billetterie a été prise d'assaut et le concert sold out en un quart d'heure. A mon niveau, 180€, c'est déjà une petit somme, disons que sur un budget mensuel, ce n'est pas indolore. Mais quand on aime, hein... et puis quand on pense à tous ces souvenirs magiques que l'on garde d'un concert, c'était à mes yeux un cadeau précieux pour  mes deux enfants. Dans le principe, je trouve cela indécent. Je trouve cela dégueulasse. Pour tous ceux qui ne peuvent pas sacrifier 180€ de leur budget pour aller voir un concert en famille. Je veux dire, un concert un peu spécial, un truc inoubliable, vous voyez. Un concert qui potentiellement pourrait changer le cours de ta vie parce qu'il t'aura ouvert des horizons que tu n'imaginais même pas.Parce que bon, les Nuits de Fourvière, c'est 10,5 millions d'euros de budget, dont 3,5 millions d'euros de subventions, c'est-à-dire nos impôts : on paye déjà un peu, vous voyez ce que je veux dire ? Derrière, on nous dit qu'il faut allonger encore 45 euros par tête de pipe. 4000 places dans le théâtre, 45 euros le billet, ça fait un chiffre d'affaires à 180 000 euros. De quoi rentabiliser la soirée, non ?Je comprends que Stromae (mais pas que lui !) n'ait pas très envie d'être payé au SMIC, mais bon avec 180 000 euros, je pense qu'on est large, là. Les intermittents qui vont monter et démonter la scène de Stromae auront droit, EUX, à un cachet payé au SMIC pour la soirée, soit environ 300€ TCC, faut pas être regardant, hein, parce que, dans l'absolu, sans eux il n'y aurait pas de concert, en fait.Si on rajoute à cela que depuis une dizaine d'années, pour les têtes d'affiche, les théâtres sont souvent bondés (j'ai assisté à un concert de Marcus Miller à Jazz à Vienne avec une fesse et demi dans le vide, perchée sur un muret, parce qu'il n'y avait plus de places assises et que la fosse était pleine à craquer), je ne vous cache pas que les 45 euros me restent en travers de la gorge.Savez-vous que, pendant ce temps, des festivals meurent à petit feu, parce qu'on leur sucre les subventions au profit des mastodontes ? Pensez-vous que la subvention des Nuits de Fourvière ait été revue à la baisse, elle aussi ? Si peu... Vous pouvez consulter ICI la carte des festivals supprimés depuis mars 2014.Savez-vous qu'aux Francofolies de la Rochelle, on peut voir 4 têtes d'affiche pour la modique somme de 40€, soit 10€ par artiste? Seuls Johnny Hallyday et Yannick Yoah font exploser le compte, 70€ pour les deux ? Mais comment font-ils, hein, on se le demande.Bref, chaque année depuis 2008, quand je découvre la programmation de ces deux festivals, je trépigne de joie et mon allégresse retombe aussitôt dès que j'accède à la billetterie. Alors, je boycotte. Je refuse de donner mon argent à des artistes qui n'en ont plus besoin depuis bien longtemps. Si tout le monde faisait pareil, les prix baisseraient, on pourrait avoir 2 dates au lieu d'une et il y aurait deux fois plus de personnes qui pourraient assister au concert. Les artistes n'en seraient pas plus pauvres et n'arrêteraient pas la musique, vous savez, ils auraient juste un peu moins le melon, c'est tout.Je préfère réserver mon argent pour de petits groupes de musique tout aussi prometteurs mais juste un peu moins bling-bling : en 1993, j'ai donné mon argent à un Miossec balbutiant, aujourd'hui je peux dire "j'y étais". A lire :  d'autres avis sur ces festivals, ICI , LA, ou encore LA (plus vieux, mais toujours d'actualité).

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