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Populisme 1 : Démocratie 0

Publié le 30 mars 2015 par Demosthene @BrebisG

La montée en puissance du FN 

Depuis 2012, les élections se suivent et se ressemblent : Le FN obtient les faveurs de 5 millions d’électeurs environ au premier tour de chaque scrutin. Le vote frontiste représente 25% des suffrages exprimés lorsque le taux de participation est faible (50% de votants aux européennes 2014 et cantonales 2015) et moins de 20% lorsque la participation est forte (79% de votants aux présidentielles 2012). Le FN talonne désormais les partis dits républicains en nombre de voix.

Scrutin Taux de participation Nombre de voix FN % vs exprimés

Présidentielles 2012 79% 6,4 M 18%

Européennes 2014 42% 4,7 M 25%

Départementales 2015 50% 5,1 M 25%

La vague « bleu marine » est réelle. Et si elle ne s’est pas encore traduite par la conquête massive de collectivités ou de sièges, ce n’est qu’une question de temps. Tout semble en place pour que cette montée en puissance fasse du parti d’extrême droite le gagnant des prochaines échéances électorales (régionales fin 2015 puis présidentielles et législatives en 2017) :

  • Il met en œuvre une stratégie méticuleuse d’implantation locale. Le parti a présenté un candidat dans chaque circonscription pour ces dernières cantonale. Sur ces 3 dernières élections il a gagné 11 mairies de villes de plus de 9000 habitants, 26 sièges de députés européens et 60 sièges de conseillers départementaux. Cela représente des moyens accrus en termes financiers, de présence militante et de viviers de cadres. « Le socle des victoires de demain » déclare Marine Le Pen au soir du 29 mars.
  • Son image s’améliore nettement. La stratégie de « dédiabolisation » est payante. Les idées du FN progressent. L’image du parti et de son leader s’améliorent. Dans ces conditions, l’électorat frontiste a toutes les chances de s’élargir.
  • Il bénéficie d’une bonne couverture médiatique. Celle-ci est au moins comparable à celles des principales formations politiques. Le « phénomène FN » semble fasciner médias et journalistes. C’est LE sujet du moment dont il faut parler et qui fait vendre.

La droitisation renforce l’extrême droite

Les frontistes jouent pour gagner. La victoire ne se joue plus entre le PS et l’UMP. Les deux partis doivent faire face au risque d’être évincés par le FN au 1er tour, qui pourrait désormais servir à désigner le candidat républicain finaliste.

Face à cette menace, les patrons de l’UMP et du PS adoptent deux stratégies désolantes. Nicolas Sarkozy droitise pendant que Manuel Valls culpabilise (les « dissidents » de son camp).

Le nouveau chef de l’opposition a fait ce choix de la droitisation dès le début de son quinquennat présidentiel (création du ministère de l’identité nationale, discours de Grenoble en juillet 2010, etc, etc). Pendant la bataille électorale de 2012 il avait accentué cette posture jusqu’à en gêner une partie de son camp. En focalisant ses prises de paroles sur les terrains de l’insécurité, de l’immigration, de l’identité nationale il a choisi de ferrailler contre le FN avec l’arme du populisme.

Dernière illustration de cette stratégie : Nicolas Sarkozy se dit favorable à la suppression des menus de substitution dans les cantines scolaires, au nom de la défense de la laïcité. C’est une ineptie. Le principe de laïcité garantit la séparation des pouvoirs politique et religieux et la liberté de culte. Par là elle vise à protéger les libertés individuelles et la République. Les menus de substitution menacent-ils la République ? Nullement. Ne pas proposer de menu de substitution revient seulement à exclure les enfants musulmans de l’école républicaine. L’inverse de l’esprit de la laïcité et de la République.

En jouant la carte du populisme, Nicolas Sarkozy ne fait que banaliser les thèmes de prédilection du FN, sans parvenir à endiguer la fuite des électeurs vers le FN. Il se prive de surcroît d’une partie des voies du centre, de la droite démocrate-chrétienne, des socio-démocrates.

L’entêtement de l’exécutif coule la gauche

De son côté, le chef de l’exécutif cri au feu et fustige l’attitude de ceux qui à gauche ne se mobilisent pas derrière le Président de la République et son gouvernement. Il appelle au rassemblement mais ne fait rien pour rassembler. Au contraire. Il s’escrime à mener une politique de réforme pour laquelle il n’a pas de majorité (recours du 49-3 pour entériner la loi dite Macron). Depuis un an qu’il est premier ministre il mène une politique de droite qui désespère une large partie de son camp et de l’électorat de gauche.

Les ministres représentant l’aile gauche du PS ont été débarqués. Les députés frondeurs refusent de voter des textes contraires à leurs idéaux et aux engagements du candidat François Hollande. Les verts ne font plus partie de la majorité et préfèrent s’allier au Front de Gauche. L’électorat de gauche, lassé par ce spectacle, préfère ne plus venir aux urnes.

Clairement, Manuel Valls est coupable de l’éclatement de la gauche et de la désaffection électorale des sympathisants de gauche.

Bref, tandis que l’extrême droite marque des points et organise méticuleusement les conditions de ses futurs succès, l’UMP et le PS restent englués dans de vains calculs politiques. Espérons que finisse par émerger des personnalités, un courant, un parti capables de rassembler, avec de vraies propositions intelligentes et courageuses, la grande majorité des citoyens français attachés aux valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité.


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