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Un géant nous a quittés - Hommage à Lee Kwan Yew

Publié le 31 mars 2015 par Pierrehk

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Dimanche 22 mars, l’un des plus grands hommes de ce siècle s’est éteint dans l’indifférence générale des Européens. Lee Kuan Yew, le recordman du nombre d’ années d’un homme politique au poste de Premier Ministre s’est éteint à l’âge de 91 ans. Cet homme exceptionnel a dirigé Singapour d’une main de fer entre 1959 et 1990 et a complètement transformé la ville-état, faisant passer Singapour de la pauvreté absolue à la richesse et au bien être en seulement une trentaine d’année.

Singapour dans les années 1960

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Singapour aujourd'hui

Ce visionnaire est unanimement respecté en Asie, comme un homme qui s’est dévoué pour le bien de Singapour et de ses habitants. Il est pour moi le symbole exemplaire du « Despote éclairé » qui a parfois utilisé des méthodes  musclées, mais toujours pour servir l’intérêt général. Le résultat est sans appel : il a transformé cette ancienne colonie britannique marécageuse et sans ressources en un pays développé à l’économie florissante et au cadre de vie sans égal sur cette planète (ne qualifie t-on pas Singapour de ville jardin !...) D’ailleurs son exemple a beaucoup influencé la nouvelle classe dirigeante chinoise et en particulier Deng Xiao Ping avec lequel il était très proche et qui recherchait ses avis et conseils.

Lee Kuan Yew est né en 1923 dans une riche famille chinoise établie à Singapour alors colonie britannique ; il étudiera le Droit à Cambridge où il laissera le souvenir d’un étudiant excessivement brillant. Rentré à Singapour, il s’engage en politique et fonde le parti PAP qui milite pour l’autonomie de l’île au sein de l’Empire Britannique puis de la Fédération Malaise.

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C’est en 1959, année où l’île s’affranchit de la tutelle britannique,  que commence l’incroyable transformation de Singapour. Lee, membre de l’Internationale Socialiste, supprime alors les bidonvilles, construit de nouveaux logements sociaux, s’engage pour l’émancipation des femmes, améliore l’éducation et industrialise le pays. Mais en 1965, le trublion chinois qui indispose ses partenaires de la Fédération Malaise voit son île exclue de la Fédération. Et c’est en larmes , à la radio, que le 9 aout 1965 Lee Kwan Yew annonce à son peuple l’indépendance de Singapour dont l’avenir parait bien sombre.

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Mais il va se retrousser les manches et repartir au combat :  Sous sa main ferme et déterminée, il fera de son pays un eldorado puisque Singapour jouit aujourd’hui d’un des plus hauts niveaux de vie au monde.  Fait rarissime en politique, il quittera  de son plein gré son poste en 1990 au profit d’un de ses lieutenants, Goh Chok Tong, qui par la suite, en 2004, cèdera lui-même le pouvoir au propre fils de Lee Kwan Yew, Lee Hsien Loong.

Même si de nombreuses voix, occidentales pour la plupart, dénoncent son autoritarisme, la grande majorité des Singapouriens ressentent un profond respect pour leur ancien Premier ministre, qui n’a pas hésité à museler l’opposition pour mener à bien son projet, ne tolérant aucune contestation dans le développement d’un Singapour libéral et capitaliste. Mais in fine, le résultat est là, et même ses opposants d’alors reconnaissent que probablement le jeu en valait la chandelle. D’où l’immense tristesse qui a envahi la population de l'île-état qui pleure le « Père de la Nation ».

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Si je considère Lee Kwan Yew comme l’un des plus grands hommes politiques du XXème Siècle, c’est à cause de son parcours et de ses réussites. L’ancien Premier ministre a connu le choc de la guerre, les années cruelles de l’occupation japonaise, l’insurrection communiste, le terrorisme contre les Britanniques, les émeutes communautaires. Ces événements ont forgé en lui une résistance et une détermination sans borne. « Construire une nation, à partir de rien », ce sont les propres mots de Lee Kuan Yew. Cela n’est pas donné à tout le monde. Et c’est ce qui distingue le grand homme du simple politicien, le visionnaire du gestionnaire !...

Quant à ceux qui me disent que cela lui était facile car son pays était un petit pays, je leur rétorque invariablement « Imaginez donc la magnitude de ce qu’il aurait pu faire s’il avait dirigé un grand pays ». Un des grands hommes du siècle dernier vient de nous quitter. Chapeau bas et total respect M. Lee.

On regrettera, pour lui et les Singapouriens, qu’il n’ait pu vivre jusqu’au 50ème anniversaire de l’indépendance de Singapour qui aura lieu en août 2015. 

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