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Extraordinaire découverte archéologique : la momie d'un compagnon cuisinier du début du IXe siècle

Par Jean-Michel Mathonière

C'est à 00:01 aujourd'hui que nous est parvenue la nouvelle d'une extraordinaire découverte archéologique, réalisée par le LabOraT (TDP 345, CNRC) et l'INBAR sur le chantier de la ligne de TGV Marseille-Bordeaux, sur une fouille de sauvetage pratiquée les 28 et 29 mars 2015 sur la commune de Vernègues (Bouches-du-Rhône), au pied du célèbre oppidum compagnonnique du Grand Puech.

Selon les premières constatations et la datation au carbone 14, il s'agit, sans aucun doute, de la momie d'un compagnon cuisinier décédé au tout début du IXe siècle de notre ère. Elle est dans un état de conservation exceptionnel, tenant compte de tous les bouleversements et pillages que ce site a connu, tout particulièrement l'année dernière. Elle porte encore autour de la tête une de ces fameuses « couleurs fleuries », caractéristique de ce corps compagnonnique avant que les compagnons tailleurs de pierre ne s'en arrogent abusivement l'exclusivité vers le début du XIIIe siècle. Une paire de pendants d'oreille (les « joints » dans le jargon compagnonnique) en or, en forme de compas et d'équerre disposées selon le grade de maître, témoignent eux-aussi de la permanence de certains usages rituels.

Extraordinaire découverte archéologique : la momie d'un compagnon cuisinier du début du IXe siècle
© Copyright LabOraT 2015. Reproduction autorisée.

Les archéologues ont également relevé dans le tombeau des restes de repas, provenant du banquet destiné à célébrer le passage de l'initié à l'Orient éternel. Le bol stomacal de la momie, parfaitement conservé dans un vase de nuit, a notamment révélé qu'il avait pour sa part été contraint d'avaler un grand nombre de couleuvres avant de casser sa pipe, laquelle a d'ailleurs été retrouvée à proximité de la bouche. On ne sait pas s'il s'agissait d'un usage rituel rappelant le passage à tabac des mauvais compagnons ou bien simplement d'un vice anachronique prémonitoire.

On a également trouvé sous les pieds de la momie une petite caisse en bois, probablement du frêne, sans aucune pièce de monnaie mais contenant une parure chamanique en plumes d'oiseaux (notamment de coq, de paon, de merle et de moineau), avec de vieux boulons cassés et rouillés (symboles du combat du petit coq contre ses vices), ainsi qu'un parchemin portant une invocation rédigée dans une langue semble-t-il proche du vieux provençal et dont on n'est pas encore parvenu à déchiffrer le sens exact : "LA BONA ENCLVSA SALVTACIÓ VOSTÈ. TRES VEGADES. EL VERITABLE COR A L'HIVERN NASCVT PROCLAMA TIRANS TREMOLEN, FVGIR D'ESCÓRPORA, HA ARRIBAT L'HORA DE RESPECTAR EL JVRAMENT DELS VERITABLES INICIATS."

D'autres éléments contenus dans ce tombeau vont permettre aux archéologues de fournir un éclairage totalement nouveau sur l'origine des compagnonnages et les pratiques rituelles de cette lointaine époque. On est tout particulièrement intrigué par la présence, de part et d'autre de la tête du Compagnon, en lieu et place des symboles habituels de la lune et du soleil, d'un squelette de poisson, de race pour l'instant indéterminée (une rascasse ?), et d'un étui pénien en latex dont on espère parvenir à extraire de l'ADN.

Nous ne manquerons pas de vous tenir informés des retombées de cette découverte.

Extraordinaire découverte archéologique : la momie d'un compagnon cuisinier du début du IXe siècle

L'homme pense parce qu'il a une main. Anaxagore (500-428 av. J.-C.)


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