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Suite française, ou les ambigüités de la grande Histoire

Publié le 01 avril 2015 par Toulouseweb

Voilà un film qui aurait presque tout pour nous énerver, mais qui, pourtant, ne manque pas d’atouts. Nous sommes pendant la Deuxième Guerre Mondiale, qui est un sujet inépuisable, d’autant plus que bien des aspects de son déroulement prêtent encore, en 2015, à des débats passionnés d’historiens, de journalistes, mais aussi de simples citoyens qui ont connu cette époque.
Dans ce film, situé dans un village français non situé géographiquement, de la coexistence entre une population rurale et un important détachement allemand, avec des soldats agissant en occupants, comme il se doit, et bouleversant la vie de tous les habitants, quelle que soit leur classe sociale. Une des conséquences de cette occupation est évidemment la création de liaisons amoureuses entre certaines femmes du village, dont le mari est prisonnier de guerre, et ces soldats allemands, qui ont le prestige du vainqueur et qui ne sont pas tous des brutes épaisses…
« Suite française » est un film américain, et cela se sent, de par la vision un peu simpliste des français, dont les caractères et le comportement sont taillés à coup de serpe : Lambert Wilson et Kristyn Scott Thomas, que l’on sait grands comédiens, sont complètement caricaturaux dans les rôles pour le premier d’un aristocrate, maire du village, et pour la seconde d’une bourgeoise hautaine sortie tout droit d’un roman de François Mauriac. Le roman éponyme d’Irène Nemirovsky, morte en Déportation, mais publié en France il y a quelques années seulement, est beaucoup plus ambigu que le film dont il s’inspire.
Cela dit, il y a plus gênant : de très nombreux détails historiques sont tout à fait contestables  la vision de l’Exode, des réquisitions allemandes, du début de la Résistance en France (qui n’a pas démarré à l’automne-hiver 1940, comme le film le laisse entendre ), de la présence d’un aussi important détachement allemand, avec char et canons, dans un petit village tranquille, manque de crédibilité.
Et pourtant, malgré ce manque de rigueur historique, et cette abondance de moyens matériels au service du film, celui-ci se laisse tout de même regarder, car cette époque, au cinéma tout au moins, est peu traitée, et aussi et surtout par la présence d’un grand comédien, Matthias Schoenaerts, que l’on a vu dans le rôle principal de « De rouille et d’os », le dernier film de Jacques Audiard. Dans le rôle d’un jeune officier allemand pétri de bonnes manières, Matthias Schoenaerts montre tout son talent, et nous fait passer 1h47 assez plaisantes, loin des films centrés sur les désordres amoureux de notre époque, et des effets spéciaux numériques qui, dans beaucoup de films d’ « aventure et d’action », font souvent oublier au producteurs qu’au cinéma, il n’est pas inutile d’avoir un scénario !
Christian Seveillac pour ToulouseWeb
Date
Du 01/04/2015 au 07/04/2015

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