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Mal blanchi

Publié le 02 avril 2015 par Malesherbes

Je suis régulièrement consterné par le manque de mémoire et de précision de certains journalistes. A l’occasion d’une récapitulation des affaires judiciaires auxquelles le nom de Nicolas Sarkozy avait été mêlé, j’ai entendu plusieurs de ces professionnels déclarer que notre ancien président avait été blanchi dans l’affaire Bettencourt. Ils imitent en cela le principal intéressé qui a réussi à imposer sa propre interprétation de l’ordonnance de non-lieu. N’avait-il donc pas, dès le 7 octobre 2013, affiché triomphalement sur sa page Facebook : «En décidant d’un non-lieu, la justice vient de me déclarer innocent dans le dossier Bettencourt » ?

Cette déclaration est inexacte. À ma connaissance, ce n’est qu’à l’issue d’un procès en révision qu’une cour peut déclarer qu’une personne déjà condamnée est innocente. Dans les autres juridictions, elle se contente de condamner ou de relaxer. Evidemment, je me garderai bien de mettre en doute l’innocence de notre ancien président. Je fais cependant remarquer que sa conclusion n’est pas tout à fait exacte. Si la cour a pris une ordonnance de non-lieu, épargnant à Nicolas Sarkozy un procès, elle a aussi. selon Mediapart, motivé sa décision ainsi : « Il n’existe pas de charges suffisantes établissant un lien direct entre le comportement abusif de Nicolas Sarkozy et les actes préjudiciables consentis par Liliane Bettencourt de mises à disposition d’espèces… ».

Le fait que les charges sont insuffisantes indique que ces charges existent mais que les juges doutent de pouvoir disposer de preuves démontrant une faute de Nicolas Sarkozy. Les juges ont donc voulu épargner à une personnalité de son rang les désagréments d’un procès et ont sagement pris une ordonnance de non-lieu. Ils ont cependant jugé fort sévèrement son comportement qu’ils ont qualifié d’abusif, explicitant même cette appréciation ainsi : « Le comportement incriminé de Nicolas Sarkozy, à savoir sa demande d’un soutien financier occulte, nécessairement en espèces, formulée à Liliane Bettencourt, personne âgée et vulnérable, alors qu’il exerce les fonctions de ministre de l’intérieur, et qu’il est candidat déclaré à l’élection présidentielle, est un comportement manifestement abusif. » C’est moi qui souligne les mots que je considère aggravants..

Prétendre que ce non-lieu a blanchi notre ancien président me semble scandaleusement mensonger


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