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"My First Sony" par Benny Barbash

Publié le 30 mai 2008 par Anom Yme

3014f1de99315f5f26bdc588eb788c17.jpg"My First Sony" par Benny Barbash

Zulma

476 pages

22 €

2008 

   Malgré la polémique, voici un auteur qui était au Salon du Livre de Paris cette année. Et il avait bien raison. Car l'oeuvre que nous livre ici Benny Barbash est grande. Tenter de la faire comprendre dans son ensemble est difficile car on peut dire que tant que l'on ne l'a pas lu, on ne l'a pas compris.

   L'histoire est pourtant simple : Yotam, 10 ans, nous raconte sa vie, ou du moins nous fait vivre sa vie. Car ce n'est pas un récit, mais la retranscription d'enregistrement qui nous est donné. Yotam a la vilaine manie (que l'on nommera curiosité) de tout enregistrer sur son magnétophone. Et l'histoire familiale nous est contée à travers ce livre, avec ses moments de bonheur et de déboires, les doutes des enfants, des parents, des grand-parents.
Et tout y passe : des questionnements typiquement enfantins aux grandes questions philosophiques des adultes, en passant bien évidemment par les disputes de couples ou d'amis...
Concrètement la société israélienne (l'ouvrage est écrit en hébreu) nous est peint, avec humour mais aussi avec un sens aigu de l'observation.

   Dans le style à proprement parler, celui-ci peut sembler quelque peu lourd. Certaines phrases s'étalent sur plus de deux pages... De même, la manière qu'à l'auteur de faire défiler le récit (via les sons enregistrés sur le Sony du petit Yotam) peut en stopper certains : on passe d'une histoire à l'autre, on s'engouffre dedans, et puis on en ressort, on respire, à grandes goulées d'air pur. Mais ce qui peut faire perdre sa force au récit pour certains n'est en fait qu'une manière de le rendre plus vivant à nos yeux. Concrètement, le lecteur se retrouve immergé, et difficile de fermer ce livre sans connaître la fin, et même si on se perd quelque peu dans les histoires familiales du jeune israélien.

   Un très bon livre de la "littérature israélienne en pleine effervescence" tant vantée.

Extrait :

"Ils avaient décidé que Maman et Maya étaient des lesbiennes, et qu'il fallait appeler la police, ou l'assistante sociale, pour sauver cet enfant avec son magnétophone des griffes de ces deux putes, et toutes leurs tentatives pour expliquer calmement et raisonnablement ce qu'elles pensent, échouaient, et Maman et Maya finissaient par perdre patience et se mettaient à crier, elles aussi, en évoquant la démocratie et les droits de l'homme, jusqu'à ce qu'un homme âgé se mette à hurler qu'il n'y en a que pour les Arabes, sales communistes ! Vous feriez mieux d'installer votre stand à Tel Baroukh et les Arabes vous y donneraient exactement ce que vous cherchez. Il y a toujours quelqu'un pour dire cela, ou quelque chose de similaire, et Maman et Maya se mettent alors à crier aux gens qu'ils sont des fascistes et le rescapé de service surgit aussitôt, et remonte sa manche et leur montre son numéro d'Auschwitz et crie que, s'il vous plaît, on ne le traite pas de fasciste, pas lui, s'il vous plaît !"

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A voir en vidéo : "Une heure avec Benny Barbash présentée par Michel Abescat"


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