Magazine Cinéma

[Critique] L'Affaire SK1

Publié le 15 janvier 2015 par Pauline R. @Carnetscritique
[Critique] L'Affaire SK1

"SK1" est le nom de code du premier Serial Killer (tueur en série) dont l'ADN a été recueilli et enregistré dans les fichier de la police judiciaire. Autrement dit celui de Guy Georges, tueur de l'est parisien, qui a sévi entre 1981 et 2001, et dont les victimes, toujours des femmes, étaient violées et achevées dans d'horribles souffrances.

L'Affaire SK1 débute en 1991 et couvre alternativement l'enquête qui a abouti à l'arrestation du meurtrier, et le procès de ce dernier à partir de 2001.

Pour les spectateurs qui, comme moi, étaient trop jeunes à l'époque pour connaître les faits, le film est une claque glaçante qui frappe en pleine tête. Pour les autres spectateurs, déjà informés, le film dévoile les dessous de l'affaire qui s'étale sur vingt ans. Il montre comment deux flics particulièrement persévérants, mais aussi obsédés par ces meurtres, s'acharnent à trouver l'assassin, envers et contre tout(s). Il montre les luttes internes au 36 Quai des Orfèvres et la concurrence terrible entre les groupes d'enquêteurs. Il montre comment les informations sont filtrées d'un groupe à l'autre et comment certains policiers refusent de partager ce qu'ils savent, par intérêt personnel. Il montre l'engrenage judiciaire, grippé de paperasse. Il montre l'emprise vampirique d'une enquête sur la vie personnelle des policiers. La caméra , véritable témoin de l'enquête, bouge très peu mais, comme l'œil humain, ne se fixe jamais complètement. Elle nous projette au cœur du groupe de Franck Magne (Raphaël Personnaz), nouveau venu à la Criminelle. Une différence de grain, visible entre la période des années 90 et celle du procès, rend celui-ci plus proche de nous. L'Affaire SK1 entraîne, captive, comme un solide polar: précis, rigoureux, rythmé. Raphaël Personnaz, dont on avait beaucoup aimé la prestation dans Quai d'Orsay, est excellent, tel un Alain Delon fascinant et subtil. Olivier Gourmet et Nathalie Baye le secondent, avec conviction et justesse, comme toujours. Quant à Adama Niane, qui incarne Guy Georges, il livre une interprétation courageuse et intelligente. On a parfois du mal à croire que le personnage est coupable. Il fait vaciller notre conviction, tout en laissant échapper des accès de rage. Il présente une vision hypnotisante de l'assassin, avec sa voix douce et sa beauté étrange, qui déstabilise.

Malgré la maîtrise et le casting, on ressort du film la tête pleine d'effroyables images. Dans un soucis de réalisme, la mise en scène s'attarde beaucoup (trop ?) sur les corps dénudés des femmes agressées, sur le détail des visages déformés par la douleur et les tortures. Et c''est probablement là que le bas blesse: trop d'images choquantes répétitives impressionnent plus le spectateur qu'un scénario bien ficelé, mené par des acteurs justes et performants. Certains plans composants les scènes de crime auraient peut-être pu être évités, sans pour autant nuire à la tension, constante, du film.

Pauline R.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Pauline R. 233 partages Voir son blog

Magazines