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Critique Ciné : The Humbling, soupe de cabot

Publié le 09 avril 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

The Humbling // De Barry Levinson. Avec Al Pacino et Greta Gerwig.


J’ai vraiment découvert le talent de Greta Gerwig grâce au brillant Frances Ha qu’elle a elle-même écrit. Si elle reste excellente dans The Humbling, le problème c’est que Al Pacino en fait des caisses et que le scénario l’instrumentalise tellement que cela finit par devenir tout simplement ennuyeux. J’aime beaucoup Al Pacino mais le voir cabotiner plus qu’à son habitude cela me fait vraiment mal au coeur. Cet acteur est pourtant quelqu’un de bon généralement, même dans les pires films qu’il a pu écumer (je pense notamment à 88 Minutes pour ne citer que celui-ci). Mais The Humbling n’est pas aidé par un Barry Levinson (The Bay, Man of the Year) qui se contente de faire tout ce qu’il fait depuis des années dans le cinéma américain, absorbant l’âme de ses propres films afin d’en faire des produits marketing à consommer avec énormément de modération. Elle est loin l’époque de Rainman et de Good Morning America. Si The Humbling n’a pas le côté ultra glossy de bon nombre de films du réalisateur (qui est pourtant passé au found foutage l’an dernier de façon intéressante), la façon dont tout est mis en scène manque cruellement de personnalité. Parfois le film veut faire des choses, sortir du cadre mais il n’est pas aidé par le reste. En effet, dès que quelque chose commence à vouloir briller, tout le reste part en vrille.

Célèbre comédien de théâtre, Simon Axler sombre dans la dépression au point de devenir suicidaire lorsqu’il perd soudainement et inexplicablement son don. Pour tenter de retrouver le feu sacré, il entame une liaison avec une lesbienne deux fois plus jeune que lui. Mais très vite, leur relation sème le chaos tandis que d’anciennes connaissances du couple réapparaissent dans leur vie...

C’est notamment le cas de Simon Axler, le personnage d’Al Pacino. Ce dernier n’est jamais bon, JAMAIS. Durant tout le film l’acteur marmonne, s’excite et bouge dans tous les sens sans jamais parvenir à nous raconter quoi que ce soit. Surtout que la relation qu’il entretient dans sa dépression avec le personnage de Greta Gerwig montre encore plus à quel point Al Pacino est tout simplement très mauvais dans ce film. Car Greta Gerwig est le seul intérêt de ce film. Son personnage est ultra creux d’un point de vue scénaristique et pourtant, elle tente de donner des formes et de l’envergure à un scénario qui ne semble pas trop vouloir d’elle. Comme quoi. C’est aussi le côté ultra réaliste qu’il y a dans le regard de cette actrice qui fait son succès. Dommage que ce film soit un aussi gros navet car je suis certain qu’il aurait pu permettre de réfléchir de façon intelligente sur la dépression d’un comédien qui ne sait plus trop quoi faire de sa propre vie et qui pense à mettre fin à celle-ci. La mise en scène n’a donc aucun coup de maître. On va dire que Barry Levinson s’est probablement endormi derrière sa caméra comme moi devant son film. J’ai soupiré d’exaspération, récupéré quelques minutes de sommeil face à ce qui manque cruellement de réflexion. Le film préfère donc jouer la carte ultra bavarde quitte à devenir pompeux à donner l’envie de quitter la salle.

J’ai pensé quitter la salle, sincèrement, puis je me suis dit que je ne pouvais pas quitter la salle car il restait encore la pauvre Greta Gerwig à l’écran et que rien que pour elle je suis aller au bout. Le personnage de Simon passe son temps à nous raconter ses états d’âme (tout seul, en voix off, face à d’autres personnages) et au bout d’un moment, ce narcissisme constant fini par énerver le spectateur. C’est sans compter sur la photographie, tout ce qu’il y a de plus laide. Je me demande ce que ce dernier a pu voir dans ce film pour se dire qu’il allait le transformer en quelque chose d’aussi laide. Après avoir vu le film j’ai découvert que The Humbling était adapté d’un court roman de Philip Roth appelé Le Rabaissement. Je ne peux pas juger la qualité de l’adaptation mais peu importe la fidélité de l’adaptation, si le film est aussi raté, difficile de croire que cela ait pu être une adaptation réussie. Je n’ai pas vu Al Pacino comme j’aurais probablement apprécié de le voir. J’aurais voulu voir l’acteur brisé, le voir tenter de nous émouvoir sauf que cela ne fonctionne jamais car il ne prend jamais le temps de la fermer pour être clair, net et précis. Il aurait été intéressant que justement Al Pacino la mette parfois en sourdine, que l’on puisse enfin souffler et respirer.

Note : 1/10. En bref, je sauve Greta Gerwig car elle a le mérite de tenter de rendre son personnage creux intéressant. Je jette tout le reste, surtout un Al Pacino cabotin et bavard à en devenir tête à claques.


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