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Retour sur la feria d'arles par "el bigotes"

Publié le 09 avril 2015 par Jeanmi64

Retour en ARLES féria de Pâques 2015

Arles sous le signe de Jose Maria Manzanares père, comme une invite à revivre un passé toujours magnifié.

Mais le présent sans concession pour les anciens s’est immiscé dans le culte du père au point de le bousculer et de laisser s’effilocher les souvenirs.

Corrida  du vendredi 3 avril, avec 6 toros de l’élevage Dos Hermanas de Patrick Laugier pas encore sortis de l’engourdissement de l’hiver. 

Peu de possibilités, Frascuelo se dissout dans quelques beaux gestes qui ne feront pas oublier la faiblesse de ses adversaires. Vuelta au second.
Curro Diaz n’a pas pris un gramme. Silhouette toujours aussi fine. Il brinde au ciel, poignet d’une belle souplesse  mais le ciel ne lui permettra pas de triompher.

Roman Perez, soutenu par ses proches,  coupa la seule oreille de l’après-midi à son second toro. Toute la famille était présente pour l’encourager. L’estocade fut foudroyante et l’oreille tomba.

Corrida du samedi 4 avril. Le mistral devient pressent. Toros de Domingo Hernandez permettant aux toreros de se mettre en valeur.

Finito de Cordoba connait la musique. Musique de chambre avec quelques élégances, sans plus. Que peut-on retenir de sa tauromachie ? Quelques passes sur le sable que la marée efface.

Juan Bautista débute sa faena par deux largas de rodillas, Il impose son métier au premier et faible toro. Salut.

Son second toro est plus violent, le combat est plus intense Il accueille son  toro par des véroniques un genou au sol et quelques chicuelinas. Juan Bautista  domine son sujet. Les changements de mains sont dans le bon tempo. Les Chicuelos l’encouragent. Il veut briller sous un ciel bleu mais venté. Les gradins l’accompagnent. Sa tauromachie va à mas. Il est chez lui. Son toréo est plus sensible.

Au bouquet final, une estocade à recibir qui lui vaut deux oreilles. La partie semble gagnée. Il sortira, sous les projecteurs de ses admirateurs par la porte  principale.

Et puis comme descendu du ciel, un ange tout de noir vêtu, un aigle d’une beauté esthétique irréprochable, une figure de mode estampillée Dolce&Gabbana, un fils qui coupa la coleta de son père.
Ce samedi dans les arènes romaines d’Arles résonna le « tu quoque mi fili ».

Au premier toro, ses passes furent d’une grande limpidité, majestueusement templées. Parfois le vent en troisième corne donnait à la grande muleta des allures de voile rouge. Ulysse revient à Ithaque.  Tout le monde le reconnaît, toute l’arène le suit des yeux. Tauromachie en majesté, passes interminables, le toro se prête puis se donne,  l’orchestre résonne, le ciel s’ouvre, mais tout cela est du déjà-vu.

Alors à son second toro, comme pour se sublimer, avec l’aide de ses péones, il s’éloigne de 10 mètres du toro,( les sites espagnols parlent confusément de 20 mètres)na. Peu importe, il est loin, l’arène se tait, il est 19h30 et le temps va s’arrêter. A recibir José Maria Manzanares attend le toro qui charge. La rencontre est d’une violence inouïe. Le maestro subit le choc qui le soulève, le ciel s’ouvre, la clameur monte, Manzares Père est aux anges. Le paradis existe pour les aficionados.

Restent dimanche et lundi avec le mistral pour ne pas oublier  que la corrida du samedi est la seule de la feria.
Et pourtant Dimanche  toros de Montalvo pour Castella, Fandiño et Luque après une ouverture de Manuel Manzanares à Cheval. Belle main droite esthétiquement ouverte mais que dire de plus ?
Sébastien  Castella est disciple de Zénon d’Elée,  jamais la corne n’atteindra son but. Il lui reste toujours à parcourir la moitié de la distance qui la sépare du but.  Le toro éberlué se demande pourquoi il est si laid. Tauromachie de proximité que seul l’orchestre réussit à réchauffer.

Une oreille après une belle estocade.
Ivan Fandiño devait démontrer que son échec lors de l’encerrona de Madrid était le fait d’éléments extérieurs. Il avait revêtu son habit de lumière de Madrid.
Sa prestation fut en demi-teinte. Les banderilleros nous livrèrent un beau tercio et Fandiño revint à son bon niveau tant en naturelles qu’en derechazos.

Mais le Mistral sans relâche, sans gêne sauf pour les toreros, le Mistral allait gâcher la tarde en recroquevillant public et enthousiasme.
Daniel Luque en fut la victime. Pour se réchauffer, des olés à contre sens sont venus accompagner ses efforts.
Le vent plus qu’un ennemi est un effaceur de gloire.
Reste lundi pour préparer ses valises et songer au retour.
La ville range son matériel de féria, les bodegas ferment, les gradins se vident. Les derniers aficionados se rendent aux arènes pour ne remplir qu’une petite demi-arène.
Le Mistral n’a pas lâché prise. Présent et obstiné il va refroidir les plus fidèles.

Les toros de Baltasar Iban sont de belle présentation.  Ils permettent le jeu taurin.
Le Cid se perd, ne trouve pas le sitio, oublie ses naturelles. Seul le vent l’applaudit.
Joselito Adame n’est pas mieux servi. Le public lui est plus tolérant, mais que faire  quand on n’est pas Manzanares ?

Reste Juan Del Alamo, poulbot de la tauromachie, plein d’orgueil et de volonté. Il est là pour jouer crânement sa chance et comme toujours elle sourit aux audacieux.

Belles mises en suerte, Juan brinde au public, le toro va a mas. Une oreille.
C’est à son premier toro que fut blessé au nez un banderillero.

Au deuxième toro, Juan Del Alamo s’accroche, domine son toro, torée vaillamment. Les péones l’encouragent. Le danger est partout, le public est conquis. Belle estocade. Le toro s’écroule. Deux oreilles.

Juan Del Alamo a vaincu et le toro et le vent et le froid.
La féria peut s’éteindre,  elle a découvert une nouvelle étoile.     

AR alias El Bigotes


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